* Avec des sandwiches à trois DH, les maçons et ouvriers qui travaillent dans le quartier Maârif se sont soulagés d'une grande charge qu'est le repas de midi. * Des femmes «marmites» très propres leur proposent des plats faits maison, verres de thé et même des fritures de poissons. * Ces sandwiches ont également la vertu d'être très délicieux ! Dans le quartier huppé du Maârif, à Casablanca, les catégories sociales les plus démunies ont elles aussi droit aux petits soins des restaurateurs, mais d'un nouveau genre. Les maçons et autres ouvriers du quartier n'ont plus, depuis quelque temps et bien avant l'avènement de l'horaire continu, aucun souci avec le repas de midi. Et ce grâce à l'idée ingénieuse de quelques bonnes femmes, qu'on appellera femmes marmites. A midi, un foisonnement se fait remarquer aux alentours du petit parc jouxtant le boulevard d'Anfa. Les maçons s'attroupent un à un autour de quatre bonnes femmes qui ramènent avec elles entre trois et quatre bonnes marmites remplies de lentilles ou de haricots blancs. Les maçons et autres artisans, qui travaillent dans les différents chantiers et immeubles en construction aux quartiers Maârif et Racine, se donnent rendez-vous à 12h10 dans différents points de « ravitaillement ». Car deux autres femmes tiennent le secteur avoisinant, la Clinique Al Maghrib. Ceux qui viennent en avance s'allongent au soleil en attendant les bonnes marmites. Les femmes sont toujours au rendez-vous. Trois de ces femmes ont la cinquantaine et la quatrième ne doit pas avoir plus de 25 ans. Elle est la plus agile et sert les sandwiches préparés. Armées de gamelles et de canouns bien allumés, elles se mettent en place et sortent la grande artillerie. Des louches, des petits pains et commencent à confectionner des sandwichs selon le menu du jour, lentilles ou haricots blancs. Il y a même des jours où elles proposent de bonnes fritures de poissons. Le prix ? Trois dirhams le petit sandwich et 6 dirhams le grand, pour les plus gourmands. Et en prime, des verres de thé comme les maçons les aiment bien. De premier abord, manger dans la rue comme ça peut paraître risqué, mais de plus près, on note que les bonnes dames sont très propres, peut-être plus propres que ceux ou celles exerçant dans certains snacks du quartier. Et après ce repas maison bien garni, nos cuisinières plient bagage et retournent discrètement là d'où elles sont arrivées. Les ouvriers et les maçons, eux, s'allongent sur le gazon du parc et profitent du chaleureux soleil de midi avant de reprendre la besogne. Et chaque jour, c'est pareil. Les maçons réputés aimer la bonne bouffe bien marocaine, dite «Bnina», en redemandent encore et sont fidèles aux femmes marmites, surtout à ce prix-là. Un spectacle étrange dans un quartier frimeur de ses appartements à plus de 500.000 Dh, de ses boutiques chic et ses restaurants in. Un quartier où les extrêmes, riches et pauvres, se croisent et cohabitent sans difficulté. Et surtout une belle initiative de ces deux bonnes femmes et bien d'autres qui cherchent tous les moyens pour subvenir aux besoins de leurs familles tout en répondant aux besoins d'une catégorie qui, franchement, au vu des prix opérés dans les snacks du Maârif, ne s'en sortiraient que péniblement. Pourvu que les autorités ne se lancent pas dans un élan de « Hdaga » et les chassent, car, au final, chacun y trouve son compte ! Testé pour vous ! Difficile de résister à l'appel de l'estomac à midi, surtout quand on hume l'odeur appétissante des haricots blancs en ces journées d'hiver. Alors, entre nous, on a eu beaucoup de mal à résister à la tentation de goûter à un sandwich. De toute façon, même dans les grands hôtels ou grands restaurants, on n'est vraiment pas à l'abri d'une intoxication. Sous un soleil bien tapant, la bonne femme sert un petit pain de farine d'orge bien farci de haricots blancs, manquant un peu de sauce tomate, mais bien salé et très savoureux. Non seulement il n'est pas cher, mais il est super bon ! Et puis un deuxième, avalé rapidement. Et surtout, jusqu'à présent, aucun mal d'estomac ni colique, encore moins d'intoxication. On comprend mieux pourquoi les maçons pètent la grande forme !