Les «gays» seraient des êtres humains tout à fait normaux dirait lun. Ils seraient lincarnation dune «aberration» naturelle dirait lautre... Il faut dire que les jugements passionnels lemportent souvent sur le jugement logique dans ce thème discuté plus que jamais au Maroc. Le débat sur lhomosexualité a sauté de façon brutale du stade du non-dit à celui du sujet pleinement discuté. Pourquoi maintenant ? La part de linfluence exogène est difficilement niable. Le climat actuel de la mondialisation des valeurs pourrait, en effet, nous amener à conclure que lhomosexualité est souvent perçue comme défi aux préceptes de lIslam. Cette remarque est dautant plus importante que les «gays» se trouvent dans une logique binaire intransigeante. Défendre leurs droits à la visibilité sociale et à la citoyenneté sans faille reviendrait à nier ou à délaisser tous les jugements religieux et moraux qui découlent directement du Coran. Cette «lunette» religieuse pourrait apparaître cependant insuffisante quelquefois. Les affaires de Tétouan et de Sidi Yahya Le droit à la visibilité sociale est un droit exclusivement politique. Il renvoie à ce que la communauté des «gays» puisse bénéficier de droits spécifiques qui tiendraient compte de leur statut de minorité. Dun autre côté, la loi devrait leur garantir une protection et une attention particulières au lieu de les punir pénalement en cas de flagrant délit dincitation à la débauche. Ce souhait nest pas encore exprimé par les «gays» ou ceux qui se déclarent comme étant leurs défenseurs. Les différentes «affaires» dont nous entendons parler ici et là indiquent que la formulation finale de ces demandes est actuellement en cours de gestation. Ce dont on dispose, cest en quelque sorte dune littérature homosexuelle qui essaie de redéfinir des mots-clés du champ sémantico-lexical de la morale marocaine. Cest ainsi quà travers les notions de pudeur, de masculinité et de liberté, le discours homosexuel a pensé trouver la meilleure façon de faire passer son message. Sur un autre plan, les adeptes de ce que lon pourrait désormais appeler l«homosexualisme» ont trouvé dans la confrontation avec le discours islamiste une occasion «en or» pour gagner des points précieux. La neutralité de lEtat est également perçue comme étant nuisible aux intérêts des gays. Autrement dit, les dernières affaires enregistrées à Tétouan et à Sidi Yahya ont été considérées comme des signes qui ne trompent pas quant à la nécessaire intervention de lEtat pour limiter «loppression» de ses forces de lordre. Quand lOMS franchit un pas significatif... Le rôle des pouvoirs publics, selon les pays, serait de fermer lil sur les rencontres en cachette organisées ici et là sans pour autant provoquer dindignation chez lopinion publique. Les pays demandent donc à lEtat marocain de devenir «hypocrite» en guise de tolérance... Poussé jusquà son point extrême, ce raisonnement finirait par demander dadmettre que le droit marocain doit être en déphasage avec la réalité du pays, non pas de façon obligée mais plutôt volontaire. On imagine mal, en effet, comment la Chambre des représentants pourrait amender larticle 489 du code pénal. Cest pourquoi la démarche à laquelle les «gays» sont acculés serait très proche de celle des organisations secrètes qui tirent profit des avancées technologiques pour se constituer en «cellules» clandestines. Limaginaire populaire au Maroc relatif à lhomosexualité constitue lui aussi un obstacle infranchissable pour les «gays». Les idées fausses (un des points forts de ce sujet) ont produit une sorte de coupure entre les deux camps. La provocation devenue monnaie courante dans le discours «gay» est confrontée à une série de préjugés dont la conciliation relèverait dune utopie. Ailleurs, un tournant majeur a été opéré dès 1985 par lOMS (Organisation Mondiale de la Santé) : lhomosexualité a, en effet, été retirée du «manuel diagnostic et statistique des maladies mentales». La Convention européenne sur la sauvegarde des droits de lHomme interdit tout suivi médical pour homosexualité, estimant quelle est innée et donc non modifiable. Croyant à tort quils ont pu décrocher une reconnaissance internationale, les «gays» du monde nont probablement pas réfléchi à lhypothèse de maladie incurable quil ne faut surtout pas saventurer à vouloir guérir.