Réponse à l'article "L'Homosexualité au Maroc : Il faut en parler..." A travers la tribune qui m'est offerte ici, je souhaiterai réagir à l'article intitulé « L'Homosexualité au Maroc : Il faut en parler... » de Monsieur Benzakour Ahmed. La description de l'auteur du cheminement qui amène un individu à devenir homosexuel est caricatural et d'un risible ! L'auteur croit qu'en chattant avec des jeunes sur le net il va connaître la « source » de l'homosexualité ... au Maroc ? 1. D'abord, l'auteur parle de solitude du sujet masculin et de sa quête d'amitié qui le pousserait à vouloir tout partager. Je crois que cette quête d'amitié et la peur de la solitude anime les - milliards que compte notre terre. Avons-nous 6 milliards d'homosexuel (les) dans notre planète ? Quant à vouloir tout partager, cela ne rime pas avec le partage du lit ou disons à amener notre jeune sujet à avoir des relations sexuels avec ses amis... Si la quête d'amitié passait par le sexe...je ne vous dit pas le b... que serait la terre ! 2. Concernant un passé violent (viols) des jeunes adolescents, cela peut effectivement provoquer des troubles sexuels (et non tremblements sexuels comme le dit notre cher auteur). Ceci étant, ces troubles et déviances quand elles se manifestent, elles prennent plus souvent la forme de la victime qui devient bourreau et viole à son tour des enfants innocents, et non pas la « création » d'un ressenti homosexuel comme notre auteur veut nous faire croire. 3. Attaquons-nous au contenu érotique des télévisions : Selon l'auteur la vision des scènes érotiques pousse la jeunesse à vouloir appliquer ce qui est vu à la télé dans la vie de tous les jours. L'auteur a vu juste, c'est entre autres une des causes pointées des doigts pour expliquer la violence sexuelle chez les jeunes de nos jours. Par contre, comment l'auteur explique-t-il le passage du film érotique ou pornographique hétérosexuel en actes homosexuels (si je puis qualifier cela « d'actes ») ? Le raisonnement ne tient pas la route. A moins que nous ne prenions en considération le point qu'il développe en demi-teinte plus loin ; à savoir la difficulté de relations sexuelles avec les filles au Maroc. Or, si cet argument est vrai, nous devrions avoir un pourcentage d'homosexuels énorme au Maroc, à tel point que la natalité aurait été une des plus basses du monde. Sans oublier que le pays, malheureusement, ne manque pas de « ressources sexuelles » ces pauvres femmes et jeunes filles qui se prostituent dans la majorité des villes et mêmes des campagnes marocaines. Une bonne partie des Marocains ayant eu un rapport sexuel avant le mariage l'ont eu la première fois avec une prostituée ! C'est le plus vieux métier du monde... pas besoin de le rappeler ! 4. Toujours le point 4 : Notre ami s'est concentrée sur les sujets homosexuels masculins... qu'en est-il de la gente féminine dites communément « lesbiennes » ? Elles aussi auraient été refoulées par les garçons ? Dans un pays comme le Maroc, une fille qui veut séduire un garçon, n'aura aucun mal à passer « à l'acte » avec l'élu... Notre ami rédacteur s'étant basé sur le fait que les garçons ayant eu de fâcheux antécédents avec les filles, comment se fait-il donc que nous ayons des lesbiennes au Maroc (désolé de vous l'apprendre) ? Ont-elles « rencontré des difficultés en relations antécédentes avec » des garçons en ce qui les concerne ? 5. Je cite notre auteur : « L'individu est entouré par une amitié délinquante, malfaisante, qui est déjà de la communauté des GAYS. Et à force de les fréquenter chaque jour, le jeune est infecté par ce virus d'homosexualité à titre d'essai en première étape, avant d'arriver à la phase d'Habitude. » Cher ami, si l'homosexualité était une maladie virale comme vous le sous-entendez, le virus aurait été isolé depuis belle lurette, et peut-être disposerions-nous de vaccins anti-homosexualité ? Trêve de plaisanterie, en quoi la délinquance, ou des êtres malfaisant peuvent-ils créer et propager l'homosexualité ? Vous semblez mélanger deux aspects : la sexualité et la délinquance, et à ce que je sache, aucune étude ne démontre la corrélation des deux... 6. Que les problèmes familiaux et sociaux soient à l'origine de l'orientation homosexuelle, je ne puis prouver le contraire, mais il semble également que nombreux sont les sujets homosexuels qui ont vécu une vie antérieure paisible baignée d'amour et de stabilité. Ce facteur seul ne peut expliquer l'orientation sexuelle à part entière, sinon ce serait facile d'isoler les sujets homosexuels : On fait un tour des foyers, tous ceux qui ont des problèmes sociaux et familiaux ne pourraient engendrer que des gays et des lesbiennes ! Les pensées simplissimes peuvent tuer ! Quant à la prostitution, je rejoins l'auteur concernant le fait que des ados ou adultes bien hétéros peuvent s'adonner à la prostitution homosexuelle pour manger et faire manger leurs familles à leurs faims, cela existe de partout. Mais que fait-on des sujets homosexuels qui ne se prostituent pas et qui constituent une bonne majorité d'homosexuels ? 7. Je cite l'auteur « L'individu est de nature bisexuelle, ce qui implique qu'il ne différencie pas entre les deux sexes lorsqu'il s'agit d'une satisfaction des besoins sexuels. » Etes-vous donc bisexuels ? Le monde entier serait bisexuel ? C'est nouveau dis donc tout cela ? A moins que vous ne désiriez dire que ces individus seraient bisexuels, auquel cas on ne peut leur appliquer le « qualificatif d'homosexuels ». Les bisexuels font partie d'un autre débat... Au vu de ce que j'ai avancé plus haut, je vous invite à une autre lecture de l'homosexualité non pas de l'angle de « l'échantillon » de notre ami Ahmed mais à partir de données probantes et reconnues... De nos jours, et je rappelle que nous visons au 21ème siècle, plusieurs études sociologiques ont fait le constat que l'homosexualité existe et a toujours existé dans toutes les sociétés humaines. D'ailleurs, le pourcentage de personnes homosexuelles est à peu près le même dans toutes les sociétés et à travers toutes les époques. Selon les statistiques actuelles, l'homosexualité exclusive touche environ 5 à 8 % de la population à laquelle il faut ajouter les personnes ayant des orientations bisexuelles ou homosexuelles occasionnelles. Bref, le comportement homosexuel est universel et a toujours existé. D'ailleurs, la focalisation sur la sexualité ne doit pas faire oublier qu'un nombre non négligeable d'individus n'établissent pas de rapports sexuels avec une tierce personne, et qu'il existe des homos et des bis vivant une chasteté absolue ou ne pratiquant que la masturbation en ce qui concerne leurs fantasmes homosexuels... En 1991, une équipe médicale dirigée par le docteur Le Vay, neurologue à l'Institut Salk aux Etats-Unis a publié une étude anatomique sur l'hypothalamus (une partie du cerveau) de 41 personnes décédées de diverses affections parmi lesquels 16 étaient homosexuels. L'étude révéla qu'une minuscule structure appelée INH3, connue pour être active dans le comportement sexuel des mammifères, était deux fois moins volumineuse dans les cerveaux des personnes homosexuelles étudiées. En 1993, l'équipe médicale dirigée par Dean Hamer, tentait de démontrer le caractère génétique de l'homosexualité, suggérant une particularité sur le bras long du chromosome X, transmise uniquement par la mère, et qui serait plus fréquente chez les personnes homosexuelles. Ces diverses études optent pour une hypothèse constitutionnelle de l'homosexualité, cherchant à en démontrer le caractère inné. Qu'elles s'orientent vers des explications anatomique, génétique ou hormonale, elles essaient d'affirmer que l'on naît avec une orientation hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle, indépendante de notre éducation et de notre environnement Passons à l'homosexualité et la psychanalyse ; selon la version freudienne, les sexualités sont plus ou moins liées à deux pôles psychiques bien connus de nos chers psychiatres : le pôle narcissique, défini par la dose d'amour que le sujet doit capitaliser (ou disons garder) pour lui-même. Le deuxième pôle est celui oedipien qui concerne le don d'amour à autrui. Concernant une sexualité qui évolue de manière privilégiée sur le mode oedipien, elle aboutit à une constitution bisexuelle de l'individu. La composante hétérosexuelle est normalement consciente, vécue et source de satisfaction. La composante homosexuelle, elle, est en partie refoulée et en partie sublimée. Elle devient source des liens sociaux et amicaux. Ainsi, un déséquilibre de ces deux composantes homo et hétéro peut faire que l'homosexualité latente devienne manifeste dans le comportement, mais elle est toujours vécue avec culpabilité. Ailleurs, la sexualité du sujet peut avoir pour vocation, outre la satisfaction, de soutenir le fantasme d'unité narcissique de celui-ci qui va servir la sexualité de l'individu et le conduit à se satisfaire de manière quasi exclusive avec un autre qui tient toujours du double. Dans le cas de l'homosexualité liée à un déséquilibre dans le fonctionnement oedipien, la psychanalyse redistribue généralement les cartes du désir vers l'hétérosexualité et l'atténuation de la culpabilité. Dans le cas de l'homosexualité liée à des blessures affectives concernant l'image du sujet, la psychanalyse travaille l'écart du Sujet avec ses idéaux, les idéaux de la société et l'idéal de complétude amoureuse qu'il recherche ; entreprise au bout de laquelle il rencontre souvent l'effondrement dépressif. La psychanalyse, dans ce cas, ne remanie le choix sexuel du sujet homosexuel que dans des cas extrêmement rares. Dans le cas des homosexuels (les), la cure psychanalytique n'a que très rarement pu changer l'irréversible choix sexuel non conforme à l'orientation hétérosexuelle majoritaire. Du point de vue médical, homo- et bisexualités ne sont pas des maladies, mais des variantes comportementales, au même titre que l'hétérosexualité. L'OMS a retiré l'homosexualité de la « case » maladies mentales ou déviances sexuelles et y reconnaît l'expression d'un sexualité, certes différentes, mais totalement NORMALE ! Je finirais par la phrase de Melman : "Il est vrai que l'homosexuel n'a pas choisi son destin, et que les mêmes forces qui ailleurs conduisent à l'hétérosexualité se sont trouvées révéler ici au sujet, à sa profonde surprise parfois et sans qu'il y puisse mais, qu'il était d'un autre bord".