Le mariage mixte est un phénomène à appréhender avec beaucoup de précautions et de prudence. Si pour le Marocain, il est de plus en plus toléré d'épouser une étrangère; cela l'est moins pour la Marocaine. En plus de convaincre ses parents et sa famille, elle doit également affronter toute une société qui voit d'un mauvais il pareille union. La question du mariage mixte est souvent considérée comme la question-test de l'esprit. La société musulmane acceptera-t-elle de renoncer à ses exigences quand il s'agit pour elle de marier « une » Marocaine à un étranger ? Hormis le fait que le conjoint étranger se convertisse à l'Islam (s'il n'est pas musulman), cela n'atténue en rien les suspicions de la famille de la mariée ni de son entourage. La question est en vérité complexe et ne saurait se réduire à son seul aspect juridique. Le mariage entre conjoints de confessions différentes est d'abord un problème humain et il l'est d'autant plus que les deux contractants se sentent plus liés à leur foi et à leur confession. Le mariage engage également plus que les conjoints eux-mêmes : le problème de l'éducation des enfants ne saurait être conjuré. C'est pourquoi le chemin d'un futur couple mixte est parsemé d'embûches. La loi est en effet loin de faciliter la tâche. A commencer par le critère de nationalité ! Pour un Marocain, épouser une étrangère se révèle aussi facile qu'un mariage avec une Marocaine. Mais quand il s'agit d'une Marocaine, autant s'armer de patience. Même si d'un point de vue administratif et juridique, cette union n'a rien de différent de celle entre Marocain et Marocaine, passer devant l'adoul reste soumis, au préalable, à un passage par une enquête judiciaire. Epouser un étranger non musulman? Autant ne pas y penser. Le mariage d'un non-musulman avec une musulmane est interdit par le code du statut personnel et des successions. Selon l'article 27 de ce code, qui énumère les empiétements temporaires au mariage, ce type de mariage est prohibé, sauf conversion du prétendant à l'Islam. Pas d'autre choix ! La conversion à l'Islam se fait donc devant deux adouls qui dressent ensuite un acte de conversion. Le prétendant devra ensuite se trouver un prénom « musulman ». Et ce n'est qu'après que le couple peut faire la demande de mariage auprès du procureur du Roi. D'un autre côté, ceci nous renvoie à 15 siècles en arrière, avant l'avènement de l'Islam. Quand la femme était dépouillée de ses biens et de son héritage, quand il lui arrivait d'hériter bien sûr, si elle désirait épouser un homme qui n'appartient pas à sa tribu. Il faut dire que la loi n'a pas trop évolué depuis. Il s'agissait à l'époque de préserver le patrimoine matériel dans la tribu. Ainsi, après avoir fait un parcours de combattant pour pouvoir se marier avec l'homme de son choix et après avoir relevé moult défis, la Marocaine se trouve devant l'impasse. Il s'agit de la nationalité qu'elle ne pourra jamais transmettre à ses enfants, qui pourraient visiter le Maroc en tant qu'étrangers; et s'ils veulent y résider, il devront renouveler chaque année leur carte de séjour. En effet, selon le code de la nationalité, la femme ne transmet pas sa marocanité à tout enfant né d'un mariage avec un étranger musulman ou non musulman. Alors que l'article 6 du code de la nationalité consacré à la nationalité par filiation stipule que : « est Marocain l'enfant né d'un père marocain, l'enfant né d'une mère marocaine et d'un père inconnu ». Donnant ainsi un coup dur aux Marocaines qui se trouvent considérées comme n'étant pas citoyennes à part entière, en tout cas pas assez pour avoir le droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants.