* La refonte du système de rémunération dans les administrations publiques se fera en deux phases : lajustement technique et la réforme structurelle. * Le nouveau système devra garantir une meilleure équité sans surcoût salarial. La refonte globale du système actuel de rémunération et la conception dun système moderne, cohérent et novateur, constituent une opération complexe qui doit à la fois être orientée par un cadre de référence préétabli tenant compte des impératifs déquité, de transparence et de maîtrise de la masse salariale et nécessitant, de ce fait, le recours aux services de consultants ayant prouvé leurs compétences en la matière. Une chose est sûre, cette refonte est nécessaire pour établir une équité au sein des administrations publiques et pour récompenser le rendement. Dans cette optique, le ministère de la Modernisation des secteurs publics a lancé une étude de conception dun nouveau système de rémunération motivant, équitable, transparent, valorisant le mérite et la performance des agents, et indemnisant leffort réellement fourni pour atteindre les résultats préalablement définis par lAdministration. Cette étude sera effectuée en deux phases. La première qui durera 3 mois sera une sorte dajustement technique sans surcoût pour la masse salariale comme on lassure du côté du ministère de tutelle. Il sagira dabord de la restructuration de la rémunération de manière à rétablir la prééminence du traitement de base en y intégrant la quasi-totalité du régime indemnitaire. «Cette réforme va permettre le passage à une approche plus globale des augmentations salariales, fondée sur le traitement de base et embrassant lensemble des personnels et agents de lEtat», nous explique-t-on. Durant cette première phase il sera également procédé à lélargissement de la grille indiciaire en vue daméliorer la perspective de carrière des cadres et agents au sein de leur échelle et de réduire, de ce fait, la pression sur le système de promotion déchelle ou de grade. Les écarts entre échelons sera lissé et leffet découlant de lélargissement de la grille indiciaire sur le système de promotion déchelle ou de grade sera évalué durant cette première phase qui verra la révision du découpage des zones pour la fixation de critères objectifs servant de base à loctroi de lindemnité de résidence. Une fois cette phase achevée, la deuxième phase de réforme structurelle démarrera pour une durée de 12 mois. Cest durant cette phase quinterviendra le consultant. Il devra se pencher sur la réforme de fond du système de rémunération qui sera fondée non pas sur le grade ou léchelle, mais sur la notion demploi. Cette notion est définie par les qualifications requises en termes de savoir et de savoir-faire, effort et sujétions requises, responsabilité et risques encourus, conditions de travail «Au préalable, le consultant devra produire un éclairage sur les expériences internationales en matière de systèmes de rémunérations ayant pour référence lemploi effectivement exercé et les instruments utilisés pour mesurer sa complexité», ajoute-t-on. Létude lancée par le ministère devra sappuyer sur les conclusions des travaux en cours. Elle doit se référer notamment au référentiel des emplois communs aux départements ministériels et dont le marché est en cours dexécution pour le compte du ministère chargé de la Modernisation des secteurs publics. Létude va également sappuyer sur les référentiels des emplois et des compétences (effectués auprès de 70 % de leffectif total de la fonction publique civile) achevés à la date dattribution du marché y afférent. Ce que proposera le nouveau système Le nouveau système de rémunération devra permettre de garantir aux fonctionnaires le droit à une rémunération basée sur le principe déquité (salaire égal pour emplois comparables au sein de lAdministration). La rémunération doit être fixée en fonction du niveau de qualification, de la nature des responsabilités, de la complexité de lemploi et de leffort réellement fourni par le fonctionnaire, et ce en se basant sur les référentiels des emplois et des compétences. Le nouveau système devra donner une latitude pour proposer une démarche logique pour les révisions ultérieures des salaires sur la base dindicateurs objectifs et ce, dans le cadre de la maîtrise de la masse salariale. «Tout en évitant un coût budgétaire supplémentaire aggravant, de facto, le niveau actuel de la masse salariale, le consultant devra proposer des scénarii portant sur la nouvelle configuration du système de rémunération en produisant des rapports détaillés sur les démarches adoptées et les méthodes utilisées». Létude sera pilotée par un comité de suivi et de coordination présidé par le ministère des Finances et de la Privatisation avec la participation de représentants des administrations publiques. Le système actuel favorise la disparité La rémunération des fonctionnaires civils de lEtat est régie actuellement par des dispositions législatives et réglementaires qui trouvent leur fondement dans le statut général de la Fonction publique (SGFP) et dans divers statuts particuliers. Conformément à larticle 26 du SGFP, «la rémunération comprend le traitement, les prestations familiales et toutes autres indemnités ou primes instituées par les textes législatifs ou réglementaires». Ce système présente plusieurs dysfonctionnements, notamment la prédominance du régime indemnitaire (RI) par rapport au traitement de base dans la structure actuelle de rémunération. Ainsi, le régime indemnitaire représente en moyenne 45 % de la rémunération brute pour les échelles de 1 à 9 ; 60 % pour léchelle 10 ; 73 % pour léchelle 11 ; 76 % pour la hors échelle et 93 % pour le professeur de médecine de grade C. De même que lactuel régime accuse une incohérence de la grille indiciaire dans la mesure où les gains en points dindice diffèrent dun échelon à lautre. Cette incohérence est accentuée par labsence duniformité dans le nombre déchelons retenus pour chaque échelle. De même que létroitesse de la grille indiciaire met la pression sur la promotion de grade ou déchelle. Le ministère de la Modernisation des administrations publiques énumère dautres dysfonctionnements et non des moindres. Lindemnité de résidence repose sur un découpage géographique dépassé et nincite pas à la mobilité géographique des agents. Et la multiplicité des statuts engendre des disparités et des surenchères entre les différents corps de fonctionnaires. Pire, lattribution de la rémunération se fait suite au grade et non pas en fonction de lemploi effectué. À tous ces éléments sajoute le poids excessif de la masse salariale par rapport à la richesse du pays, «en dépit dun effectif global de fonctionnaires raisonnable par rapport à la population totale», souligne-t-on auprès dudit ministère.