* Le nouveau Président français est un fervent défenseur du projet. * Cette union permettra de créer une région sud prospère et de limiter l'immigration. Vers une Union méditerranéenne : le projet qui était considéré comme une utopie dans un passé tout récent refait surface et a de réelles chances de se concrétiser surtout après l'élection de Nicolas Sarkozy. Le nouveau Président de la République française a fait de ce sujet une priorité dans sa stratégie internationale. Il a indiqué dans un discours juste après son élection que «le temps est venu de bâtir ensemble une Union méditerranéenne qui sera un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique». Sarkozy avait déjà parlé d'un marché commun de la Méditerranée, surtout après l'échec du processus de Barcelone. Il avait a expliqué que «ce qui a été fait pour l'union de l'Europe, il y a soixante ans, nous allons le faire aujourd'hui pour l'union de la Méditerranée». «Pourquoi ce que le Japon réussit à faire avec la Chine, l'Europe ne pourrait-elle pas le faire aussi bien avec l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ? », s'est-il interrogé. Mais plusieurs observateurs estiment que «le projet de Sarkozy est basé sur une logique de protection plus que de coopération. Pour Youssef Abouali, professeur universitaire à la Faculté de Settat, «la proposition de Sarkozy n'est réaliste et réalisable que dans une logique de gagnant-gagnant. Dans la mesure où tout développement de la rive sud de la Méditerranée aura un impact positif sur la rive nord et sans que la partie européenne lie ses aides au développement à un programme qui répond uniquement à ses intérêts, surtout politiques. Il ne faut pas refaire les erreurs du passé, surtout le scénario du processus de Barcelone». Sarkozy envisage un projet plus approfondi, plus que des accords d'association mais une véritable intégration. Il a proposé à cet égard des institutions communes et des sommets périodiques à l'instar du G8 et une banque d'investissement méditerranéenne comme la BEI. Pour Jawad Kerdoudi, Président de l'Institut Marocain des Relations Internationales (IMRI), «l'idée d'une Union méditerranéenne repose sur deux éléments de la stratégie du nouveau Président français : la restriction de l'immigration et le refus de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne». Kerdoudi a précisé que «l'objectif est le co-développement des pays du sud de la Méditerranée afin d'éviter le rush de l'immigration vers le nord, et de disposer d'une région voisine stable et prospère». Un espace euro-méditerranéen doit se faire progressivement à l'instar de l'espace européen. Il est question de bien définir la plate-forme de coopération. «Les formules de développement possibles de cette approche sont une aide publique accrue sur le plan bilatéral et à travers l'Union européenne, un encouragement des investissements dans les pays sud- méditerranéens et une coopération dans tous les domaines : économique, culturel et social.. », a expliqué Kerdoudi. Mais pour le nouveau Président français et les adeptes de l'espace euro-méditerranéen, il faut remonter les difficultés, notamment l'acceptation par la Turquie de cette option et la non homogénéité entre les autres pays. Le Président de l'IMRI est aussi du même avis : « l'ensemble sud-méditerranéen n'est pas homogène», a indiqué Kerdoudi. Il a souligné que «des pays comme le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Jordanie, l'Autorité palestinienne, la Turquie sont intéressés par la relation avec l'Union européenne. Ces pays continueront et s'efforceront de développer leur coopération avec l'Union européenne, malgré le conflit israélo-palestinien. D'autres pays comme l'Algérie et la Libye, riches de leurs potentialités en pétrole et gaz, sont moins intéressés». Kerdoudi a souligné par ailleurs que «la nouvelle politique de voisinage lancée par l'UE est une proposition de coopération à la carte : chaque pays peut s'y intégrer à sa mesure».