* L'ONE a pu satisfaire les besoins en électricité malgré une progression moyenne de la demande de 245 mégawatts par an. * Les nouveaux projets programmés en 2007 devraient assurer de nouvelles capacités de production, ce qui garantit un équilibre offre-demande. * Interconnecté à des marchés libéralisés, le Maroc, qui n'est pas conforme aux directives de la Commission de Bruxelles, se voit imposer une libéralisation du marché. À l'heure où l'Office National de l'Electricité tient son Conseil, l'équilibre offre-demande est plus que jamais d'actualité. La demande du réseau en pointe est passée de 2.780 mégawatts à 3.760 mégawatts, soit une évolution de 980 mégawatts sur la période étalée de 2002 à 2006, correspondant à une augmentation moyenne de 245 mégawatts par an, selon les chiffres de la Fédération de l'Energie. Or, durant la même période, l'Office National de l'Electricité a mis en service une nouvelle caatinga de 866 mégawatts (Tahhadart assurant 385 mégawatts, Affourer 460 mégawatts et Dakhla 21 mégawatts). Le déficit de capacité n'est que de 124 mégawatts malgré une forte progression de la demande. Et ce déficit a été largement compensé par l'augmentation de la capacité d'interconnexion avec l'Espagne qui est passée de 300 mégawatts en 2002 à 800 mégawatts en 2006. Cette augmentation ne signifie pas que le Maroc est plus dépendant de l'interconnexion avec l'Espagne qu'il ne l'était en 2002. Pour l'année 2006 et selon les chiffres de l'Office National de l'Electricité, la demande a été satisfaite à hauteur de 60 % par la production d'origine charbon, 12 % d'origine fioul, 11,5 % à partir du gaz naturel, 8 % à partir des énergies renouvelables et 9,5 % par les importations. Avec une progression de 10,8 % due en bonne partie aux nouveaux clients ruraux, le portefeuille clients de l'ONE a atteint près de 3.287.000 abonnés à fin 2006. Par ailleurs, de nouvelles unités de production devraient entrer en service en 2007 et 2008 totalisant une puissance de 790 mégawatts, notamment le complexe hydroélectrique de Tanafit avec 40 mégawatts, le parc éolien d'Essaouira avec 60 mégawatts, le parc éolien de Tanger avec 140 mégawatts, Aïn Bni Mathar avec 250 mégawatts et les turbines à gaz de Mohammedia avec 300 mégawatts. «Il devient donc urgent que ces programmes soient lancés, surtout ceux de Mohammedia et de Bni Mathar pour assurer la sécurité d'alimentation du pays», explique Moulay Abdellah Alaoui, Président de la Fédération de l'Energie. Modernisation et libéralisation : deux points essentiels «Par ailleurs, un plan d'équipement en turbines à gaz au fioul convertible en cycle combiné est nécessaire et peut être réalisé rapidement. Dans tous les pays du monde, les turbines à gaz sont considérées comme un moyen de production de pointe et de secours, et font partie de la marge de réserve», poursuit-il. «En ce qui concerne le réseau de transport, celui-ci est solide et garantit l'alimentation de l'ensemble du territoire sans aucune restriction», estime My Abdallah Alaoui. «Nous sommes interconnectés au Nord avec l'Europe, à travers l'Espagne, et à l'Est avec l'Algérie. Or, ces deux marchés sont aujourd'hui libéralisés et le Maroc ne peut pas intégrer un marché régional et tirer profit de sa position de carrefour énergétique s'il maintient son marché en l'état actuel. Nous ne sommes pas conformes aux directives de la Commission de Bruxelles», souligne My Abdallah Alaoui. La libéralisation ne signifie pas pour autant un désengagement de l'Etat, mais lui confie ainsi qu'au gouvernement plus de responsabilité sur le secteur qu'ils n'ont aujourd'hui. Au lieu d'un Etat opérateur, l'Etat deviendra régulateur et planificateur et gardera la maîtrise de toutes les options pour garantir la sécurité d'approvisionnement du pays, y compris celle de lancer un appel d'offres comme celui de Cap Ghir avec garantie d'achat. Cette procédure d'appel d'offres est prévue par les directives de Bruxelles. La libéralisation cantonnera l'ONE dans un rôle de gestionnaire et d'opérateur de transport. «Il est important de mentionner que le secteur est très capitalistique et que les cycles d'investissements sont lents. Ce n'est pas parce qu'une loi sera votée que les investisseurs privés vont commencer à produire», explique My Abdallah Alaoui. En effet, ils leur faudra du temps pour analyser le marché, examiner les opportunités, étudier les sites avant d'investir. Pendant tout ce temps-là, les programmes d'investissement pour assurer la continuité du service public devront se poursuivre. « Mais sans un cadre institutionnel qui donnera de la visibilité et garantira des règles de jeu transparentes pour tous, notre marché n'intéressera pas les investisseurs privés», martèle My Abdallah Alaoui. En conséquence, il ne faut pas opposer le projet de libéralisation aux besoins d'investissement pour garantir la sécurité d'approvisionnement du pays ; il faut faire les deux.