* L'approche humaine prend le pas sur l'approche technique dans l'aménagement urbain. * Un développement urbain non maîtrisé risque de créer des dérapages aux dépens de la communauté. Lurbanisation est un phénomène qui touche tous les pays du monde mais à des degrés différents selon les Etats et les populations. La croissance des villes, si elle n'est pas planifiée ou maîtrisée, risque de créer des problèmes colossaux pour la communauté et une défiguration urbanistique. L'urbanité n'est pas la même pour tous les acteurs d'une société, du fait de certains facteurs économiques, sociaux ou culturels. Aujourd'hui, près de 65% de la population mondiale est urbaine. La part va atteindre les 80% en 2050. Près de 300 villes ont plus d'un million d'habitants. 10 villes dépassent déjà les 10 millions d'âmes. Le Maroc est aussi marqué par cette mutation démographique qui tend vers une urbanisation progressive. Le pays n'est pas en reste de cette dynamique planétaire, puisque après être longtemps resté un pays à dominante rurale, il présente aujourd'hui un taux d'urbanisation de près de 53%, dont 30% sont concentrés sur l'axe Casablanca-Kénitra. Dans ce cadre Cobaty International Maroc, en partenariat avec l'Ecole Hassania des Travaux publics, a organisé un colloque qui avait pour thème : «Cohérence urbaine, de l'approche technicité à l'approche humaine». «Cette récente évolution résulte principalement de l'exode rural combiné à l'accroissement naturel des populations, mais également du fait de certains reclassements administratifs qui ont étendu les périmètres urbains, et/ou promu des centres ruraux en zones urbaines», a indiqué Charaf-Eddine Fqih Berrada, Président de Cobaty Maroc. Il a précisé que «le rythme soutenu et ininterrompu de cette croissance urbaine s'est accompagné de profondes mutations socio-économiques et culturelles, mais a également entraîné des changements radicaux dans l'organisation sociale et spatiale des grandes agglomérations». En effet, une grande partie de cette croissance s'est faite au détriment de la ville, au gré d'opportunités foncières, dans les interstices urbains, les espaces de «faibles valeurs» ou en périphérie, à coups de lotissements. Ainsi, pour répondre à l'urgence et au besoin grandissant en logements de la population urbaine, d'immenses zones d'urbanisation ont été créées. Le Maroc a besoin de 3.000 ha par an pour ses besoins d'urbanisation alors que le rythme de réalisation ne dépasse pas les 1.500. L'annonce de 100 nouvelles zones par le département de tutelle est venue combler ce déficit Pour soulager la pression actuellement exercée sur les villes, des projets de villes nouvelles sont initiés. L'évolution de cette dynamique urbaine soulève cependant de nombreuses questions de fond, relatives à l'aménagement du territoire et aux équilibres urbains qui, à l'heure de la mondialisation, constituent assurément un critère d'attractivité et un indicateur de développement. En effet, les villes sont incontestablement les moteurs puissants et incontournables de la croissance économique, mais il n'en demeure pas moins que nous assistons simultanément à un découplage entre développement urbain et développement humain. «Parler de cohérence urbaine nous amène à aborder la ville et l'urbain à travers l'homme, qui doit être à la fois sujet et objet de toutes les préoccupations», a indiqué Sabah Chraïbi, Présidente d'Espod et professeur universitaire. L'intérêt porté à l'aménagement du territoire ne peut se faire au détriment de certains domaines comme la sociologie et l'anthropologie. Il est aussi question de penser aux outils d'aménagement qu'il convient de maîtriser pour garantir une croissance «mesurée» des établissements humains, et/ou pour créer des villes nouvelles. Parmi les sujets débattus lors de ce colloque figuraient «l'identité du lieu», le «patrimoine et l'esprit du lieu», «l'héritage urbain» et «l'identité urbaine, que nous lèguerons à nos enfants». La problématique de l'urbanisme participatif, du développement culturel et du développement durable a été également débattue.