* Des contrats-programmes seront signés avec chaque filière. * Outre le département de l'Agriculture, d'autres administrations sont sollicitées. * La priorité sera donnée aux petits exploitants et aux filières sensibles. Une feuille de route pour l'agriculture dans deux mois. Le dossier de ce secteur est actuellement géré par la Primature. Lors de la réunion tenue à Rabat la semaine dernière entre le Premier ministre et des représentants de la Comader, Driss Jettou a affirmé l'engagement du gouvernement pour tracer une feuille de route au plus tard avant fin mars 2007. Ahmed Ouyach, Président de la Confédération de l'Agriculture, a souligné que «pour la première fois dans l'histoire il y a du concret dans nos négociations avec les autorités. Il y a des échéanciers bien définis et des objectifs qui sont tracés. Nous sommes convenus avec le Premier ministre pour établir un programme de mise à niveau avant le 31 mars. Ce programme va déboucher sur un contrat-programme avec chaque filière. Toute filière qui aura son dossier disponible va signer une convention dans ce cadre. Ouyach a expliqué que « certaines filières ont déjà signé ou en voie de le faire comme l'aviculture ou la branche sucrière, d'autres seront amenées à présenter leur dossier et leur programme dans les semaines à venir ». Le Président de la Comader a souligné le climat de compréhension et le dialogue responsable qui a régné durant la réunion avec le Premier ministre. « Nous avons été surpris du fait que Driss Jettou connaît parfaitement le dossier. La réunion qui devait se dérouler en une heure a été étendue à plus de deux heures et elle a vu la participation de tous les représentants du secteur agricole en amont et en aval, comme les filiales de l'ONA (Lesieur Cristal, Centrale Laitère et Cosumar) », a-t-il indiqué. Les professionnels ont regretté, lors de cette réunion, « le fait que tous les secteurs aient eu leur contrat-programme sauf l'agriculture. Ils ont averti que la marginalisation du secteur qui a trop duré, ne peut que pousser vers l'extrémisme et l'exclusion. Ils ont surtout insisté sur le fait pour qu'il n'y ait pas de fracture sociale. « La feuille de route doit protéger les petits exploitants », a noté Ouyach. Les représentants de la Comader ont souligné que Jettou a prouvé qu'«il est capable de prendre des décisions courageuses que les gouvernements précédents n'ont pas osé prendre ». Le Premier ministre a donné ses instructions à Mohand Laenser, ministre de tutelle, pour s'activer et établir cette feuille de route en concertation avec les autres départements concernés. « Le développement de l'agriculture et du monde rural n'est pas uniquement du ressort du département de tutelle mais d'autres ministères et administrations sont appelés à y contribuer, comme l'Intérieur, le Commerce extérieur, l'eau, la distribution, le transport... », a affirmé Ouyach. Pour ce qui est des études, les filières et autres associations ont fait appel à des cabinets conseil et des bureaux spécialisés. «C'est comme un Plan Emergence pour l'agriculture. Il est question de tracer des objectifs et de diagnostiquer les points forts et les points faibles du secteur et de tirer des conclusions afin d'établir des recommandations », a indiqué Ouyach. Pour rappel, l'agriculture, qui est le premier employeur du pays, contribue entre 12 et 16% au PIB avec des effets d'entraînement sur l'ensemble de l'économie. La délégation de la Comader a rencontré le Premier ministre dans une conjoncture très difficile où le monde rural et le secteur agricole traversent une période marquée notamment par une aridité de plus de six semaines, ce qui a eu un impact sur l'état végétatif et sur les cultures. La sécheresse a tiré vers le haut les prix de l'aliment de bétail et a fait baisser les prix du cheptel. Plusieurs exploitants ont dû vendre leurs bêtes à perte car ils ne peuvent pas assurer leur alimentation. « C'est dans les moments difficiles qu'il faut entamer les réformes. Le Maroc a perdu beaucoup de temps pour réformer son agriculture. Tout retard ne peut qu'aggraver la situation. Le Premier ministre a assuré les professionnels du secteur de l'engagement du gouvernement pour venir en aide au monde rural et aux exploitants dans ces temps pénibles. Il a souligné les mesures prises par l'Etat pour faire face aux effets néfastes de la sécheresse comme la suppression des droits de douane sur l'importation des intrants de l'aliment de bétail. L'un des points importants abordés par cette réunion avait trait à la réforme du secteur pour qu'il puisse faire face aux défis du futur, notamment les aléas climatiques et les contraintes de la libéralisation. La requalification de l'élément humain est primordiale. L'organisation et la restructuration du secteur sous forme d'associations et de coopératives est aussi un atout important. Jettou a souligné que « l'existence d'un interlocuteur unique et fiable comme la Comader permettra de faire des avancées et ce à plusieurs niveaux ». Pour sa part, Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, a indiqué que « parmi les approches préconisées pour l'essor de l'agriculture figure le système du regroupement des exploitants sous forme d'associations ou de coopératives ». « Ce système a prouvé son efficacité au Maroc et dans le monde », a-t-il expliqué. «Toutefois, au niveau local, ces entités n'ont pas encore gagné en maturité et sont toujours sous la pression des contraintes », et d'ajouter que «l'agriculture marocaine est appelée à relever le défi de la compétitivité. La modernisation du secteur et son intégration dans le commerce international s'imposent de toute urgence». A l'instar des autres secteurs d'activité, l'agriculture sera dotée d'un plan de développement en privilégiant une série de filières, mais avec une priorité pour les branches sensibles ou représentant un intérêt stratégique pour le Maroc.