La Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader) et le département de l'Agriculture ont signé, lundi 16 juillet, une convention pour réformer les filières agricoles. Entretien avec Ahmed Ouayach, Pdt de la Comader. ALM : Concrètement, en quoi consiste cette convention signée avec le ministère de l'Agriculture ? Ahmed Ouayach : C'est une sorte de feuille de route, un partenariat avec le ministère pour ouvrir le chantier de la réforme de chaque filière agricole. Pour chaque filière, nous allons commencer par dresser l'état des lieux, et ensuite mettre en place un plan de réforme pour aboutir à la création d'une organisation interprofessionnelle qui regroupera tous les intervenants de la production à l'industrialisation. Ce sera une intégration verticale totale. Cette «interprofession» élaborera un contrat- programme de mise à niveau auquel sera alloué un budget spécifique. La filière de sucre a déjà accédé à cette étape avec la création de la Finasucre et d'autres chantiers sont actuellement ouverts. Il y a au total 13 filières qui seront concernées. Outre des filières comme les céréales, la viande rouge, l'olivier ou le lait, il existe d'autres chantiers transversaux comme la gestion de l'eau et la reconversion de l'irrigation traditionnelle en irrigation localisée. C'est un programme colossal et d'une grande importance. Comment financer ces programmes et qui en bénéficiera ? Pour le financement, il faut mettre à contribution le Fonds de développement agricole qui intervient déjà dans le domaine car il finance l'achat de matériel agricole. Nous comptons également sur l'aide de l'Etat et des financements à partir du budget général de l'Etat. Le Millenium Challenge Account (MCI), dont nous espérons voir signer l'accord avant la fin de cette année, pourrait également être une source important de financement. Le MCI est doté de près de 750 millions DH et parmi ses champs d'intervention figurent l'arboriculture et l'élevage. Les premiers bénéficiaires, ce sont l'agriculture et le monde rural, en général. Nous voulons réduire les disparités entre le milieux rural et urbain et limiter l'exode rural. Nous voulons tirer vers le haut le mode rural et le faire bénéficier d'outils de développement. Nous espérons réduire l'endettement des agriculteurs et les mettre à l'abri des aléas climatiques. Nous voulons aussi les faire bénéficier de l'AMO et du système de retraite. Avez-vous prévu des délais ? Il n'y a pas de résultats immédiats, c'est un projet qui va jusqu'à 2020. Il s'agit de mettre en place une vision avec une stratégie à long terme. Des commissions permanentes vont être créées au niveau national pour le suivi du développement de l'agriculture. Il y aura des représentations dans chaque région pour une meilleure politique de proximité. Nous envisageons la création de projets de développement de l'agriculture de groupe par l'encouragement de la création de coopératives. Pour le moment, l'étape de la création des filières a déjà démarré. Pour le sucre, cette structure est déjà en place et un programme de développement qui s'étend jusqu'à 2012 a déjà été élaboré. Trois autres chantiers sont en cours. Il s'agit des céréales, une fédération interprofessionnelle devrait être créée avant fin 2007. Le secteur de production des viandes rouges est également en cours de restructuration. Un autre chantier, celui de l'olivier, est ouvert en même temps, car il est question de reconversion d'une grande partie des surfaces de culture de céréales en exploitation de l'olivier. Le reste va suivre, les agrumes notamment; la restructuration de la filière est en sa phase finale. Le secteur de la production et la transformation du lait est un peu plus difficile. Nous sommes en phase d'arriver à un terrain d'entente. Une grande partie de ces chantiers va être bouclée, d'ici la fin de l'année et les autres le seront l'année prochaine.