* Trois axes majeurs abordés : un plan «Emergence», une organisation professionnelle et le volet Recherche et Développement. * La mise à niveau du secteur nécessite la définition des priorités. La Confédération marocaine de l'agriculture (Comader) va tenir une rencontre avec les responsables du département de l'Agriculture aujordhui, jeudi 30 novembre à Rabat. Il est question d'exposer la première mouture des propositions de cette corporation qui englobe plusieurs associations ou fédérations professionnelles nouvellement constituées, en vue d'établir un contrat-programme. Trois axes majeurs seront exposés. Il s'agit d'une sorte de plan «Emergence», une étude pour diagnostiquer les besoins du secteur. La question de l'organisation professionnelle et le regroupement des exploitants, selon des associations ou coopératives, sera mise en exergue ; et enfin, le sujet de la recherche et développement sera également évoqué. Le gouvernement aspire à une mise à niveau du secteur. Un objectif qui reste subordonné à plusieurs contraintes. Il est question de tracer une feuille de route dans les années à venir et définir les priorités. A l'instar des autres secteurs d'activité, l'agriculture sera dotée d'un plan de développement avec une série de contrats-programmes avec les filières mais avec une priorité pour les branches sensibles ou représentant un intérêt stratégique pour le Maroc. La mise à niveau du secteur accuse un sérieux retard par rapport aux échéances futures, notamment l'ouverture des frontières et la libéralisation du commerce. La coexistence de deux secteurs évoluant à deux vitesses, l'un moderne et performant tourné vers l'export, et l'autre, artisanal et qui subsiste avec les moyens du bord, nécessite une réflexion en profondeur La Comader, selon son président Ahmed Ouyach, va exposer les priorités. « Il est clair que la céréaliculture, l'élevage, les cultures d'exportation, les mesures de conversion des filières sont, en gros, les grandes lignes qu'on va discuter », a-t-il noté. Mais il a expliqué que « d'autres sujets devraient être abordés et qui seraient un handicap majeur pour l'essor du secteur. Il s'agit en particulier de la question du foncier et du financement ». Le programme de mise à niveau de l'agriculture marocaine a pour objectif de définir l'agriculture de demain. Pour ce faire, il est question de procéder à une caractérisation de la situation actuelle. En fonction du diagnostic et de l'analyse de cette situation, les décideurs pourront se pencher sur les réformes à proposer. Mais encore fallait-il définir les moyens à mettre en uvre. Etant donné la diversité géographique et naturelle du Maroc, le projet de mise à niveau agricole doit tenir compte des potentialités naturelles de chaque région et des spécificités particulières des filières. Il est question de définir les rôles des divers partenaires, Etat et secteur privé. Et enfin, toute mise à niveau demande un échéancier de réformes. Il est évident que la filière céréalière est le sujet le plus problématique et qui suscite le plus d'intérêt aussi bien des professionnels que du gouvernement. Cette branche assure l'emploi à plus de 60% des agriculteurs et occupe plus de 5 millions d'hectares sur les huit millions d'hectares exploités normalement. D'autant plus que la filière reste le baromètre de la campagne agricole. Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, et son prédécesseur à ce poste Ismaïl Alaoui, ont affiché clairement la position du gouvernement : « La céréaliculture vivrière est condamnée à disparaître. C'est une activité qui ne peut être rentable et compétitive qu'au niveau de l'extensif avec des exploitations irriguées, fertiles et ayant une superficie dépassant les 100 ha afin de permettre l'utilisation à outrance de la mécanisation ». « Les prix des céréales sont restés quasi-stables durant les 15 dernières années alors que les intrants et les coûts ont beaucoup progressé. Les marges ne cessent de s'amenuiser et les récoltes de certaines campagnes n'arrivent même pas à couvrir les charges », s'indigne Haj Mahmoudi, président d'une association d'agriculteurs de la région de Benslimane. Les différentes études menées ont préconisé la reconversion des petits exploitants vers d'autres cultures, notamment l'arboriculture. L'Etat offre plusieurs mesures d'encouragement dans ce sens à travers des lignes de crédit avantageuses et des primes et subventions d'investissement ou d'exploitation. Mais le rythme des réalisations demeure très hésitant à cause de la bureaucratie et du manque de sensibilisation. L'oléiculture s'avère une activité alternative et promet des résultats encourageants. Le Maroc a un avantage comparatif très important. La plante est parfaitement adaptée aux climat semi-aride et assure un degré de rentabilité satisfaisant. Ce programme peut faire l'objet d'un contrat de partenariat général entre l'Etat et les professionnels tout comme il peut être fractionné en plusieurs formules de partenariat entre l'Administration et les groupements interprofessionnels. Et c'est dans ce cadre que la Comader s'active à mettre en place les fédérations par filières qui seront les interlocuteurs directs de l'Administration. Pour ce qui est de l'élevage, Benbarek El Fenniri, président de l'Association ovine et caprine (ANOC) et secrétaire général de la Comader, a affirmé que « l'objectif de nos propositions est de mettre à niveau l'élevage des petits ruminants qui est un élevage traditionnel, peu compétitif et vulnérable aux aléas climatiques et la mise en place d'un élevage professionnel plus productif, compétitif, durable et intégré aux marchés national et international. Il vise aussi l'amélioration de la productivité de l'élevage des petits ruminants, en particulier dans les zones de montagne et de parcours, tout en s'intéressant à l'élément humain et à la valorisation des produits de l'élevage ».