"L' arrimage du Maroc à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) reste l'un des chantiers prioritaires auquel il faudra s'atteler, à l'image de ce qu'a fait l'Egypte avec la Comesa (marché commun de l'Afrique orientale et australe). C'est un grand chantier, mais au regard des relations tissées avec le Nigeria, acteur-clé de la CEDEAO, le Ghana et nos alliés historiques, le Royaume a toutes ses chances». Ce sont les propos tenus dans nos locaux mi-février courant par Abdou Diop, président de la Commission Afrique de la CGEM. Prémonition ? Peut-être. En tout cas, quelques jours plus tard, soit le 24 février, le Maroc exprimait sa volonté d'adhérer à cet ensemble régional en tant que membre à part entière. Pour qui suit l'actualité économique et politique du continent, la démarche marocaine n'a rien de surprenant. Au plus, elle a surpris les observateurs par son timing, d'autant qu'elle intervient quelques semaines seulement après la réintégration du Royaume au sein de l'Union africaine. Mais, au demeurant, un couple Maroc-CEDEAO est l'aboutissement logique d'un compagnonnage dont les racines se prolongent loin dans le temps. Un compagnonnage qui a survécu à l'usure du temps et qui a vu la coopération Maroc – Afrique grandir, se renforcer, s'élargir... pour enclencher une dynamique d'intégration sud-sud irréversible. Le Maroc et les pays de l'Afrique de l'Ouest en particulier, c'est une communauté de destin qui puise ses forces dans les liens historiques d'amitié, de fraternité et de partenariat tissés pendant des décennies. Dès lors, qu'ils franchissent un nouveau palier dans leurs relations est dans l'ordre naturel des choses. D'autant que, et il semble utile de le rappeler de temps à autre, il existe déjà un Accord commercial et d'investissement Maroc-Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dans les tiroirs, et qui n'est pas encore ratifié. Cela traduit l'engagement soutenu du Maroc en Afrique, dont les symboles forts sont les nombreux accords de libre-échange signés avec ses partenaires. La prochaine étape ? «Un ministère de l'Intégration africaine, une instance chargée des Affaires africaines ou encore un Monsieur Afrique aguerri pourrait, dans ce cadre, coordonner l'action du Royaume dans le continent», suggérait Diop. Une autre prémonition ?