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Assurances maritimes : «Il faut rendre certaines garanties obligatoires»
Publié dans Finances news le 24 - 02 - 2017

Un chiffre qui ne cesse de baisser d'une année à l'autre. Le taux de pénétration de l'assurance chez les petits pêcheurs est quasi nul. Eclairage de Jalal Bencherkoun, Directeur général délégué d'Atlanta.
Finances News Hebdo : Quelles sont les motivations et les objectifs d'Atlanta dans le Salon Halieutis ? Jalal Benchekroun : Le Salon Halieutis est la vitrine du plan stratégique Halieutis lancé le 29 septembre 2009 sous la présidence de SM le Roi Mohammed VI. Il vise le développement du secteur halieutique à l'horizon 2020. L'objectif étant de profiter pleinement des 3.600 km de côtes maritimes dont dispose le Maroc. Atlanta, en tant qu'assureur historique de l'Office national des pêches, croit en ce secteur et a décidé d'accompagner le Salon Halieutis depuis sa première édition. Les résultats atteints à ce jour par le plan stratégique Halieutis sont très encourageants et nous réconfortent dans notre décision. Ils nous permettent également d'espérer plus de développement de notre business dans ce secteur stratégique pour notre pays.
F.N.H. : Quelle est votre évaluation de la branche assurance maritime ?
J. B. : Les primes émises au titre de l'assurance maritime au Maroc sont de l'ordre de 550 MDH, soit 1,8 % du chiffre d'affaires du marché des assurances (chiffres à fin décembre 2015). De plus, ce chiffre ne cesse de baisser d'une année à l'autre (- 3,2% en 2014 et -3% en 2015). Cette situation est aberrante compte tenu, d'une part, des côtes marocaines qui s'étalent sur 3.600 km avec ses deux façades méditerranéenne et atlantique, et d'autre part, du développement des échanges commerciaux entre le Maroc et le reste du monde.
F.N.H. : Cela est-il dû à une question d'offre produit ou à une réglementation qui n'est pas adéquate ?
J. B. : Les raisons de cette situation sont multiples et je peux signaler notamment : 1- Les difficultés rencontrées par la flotte marocaine, notamment commerciale et voyageurs; 2- Certains opérateurs maritimes ne s'assurent pas de la meilleure façon ou préfèrent souscrire des contrats auprès d'assureurs étrangers; 3- Le manque de communication de la part du secteur des assurances sur la branche Maritime. Ceci dit, je pense qu'il y a un fort potentiel pour le développement de la branche assurance Transport et Maritime et nous comptons à Atlanta transformer ce potentiel en opportunité d'affaires avec nos différents partenaires. Pour ce faire, trois facteurs essentiels me semblent nécessaires : 1- Une offre adéquate : nous devons en effet développer de nouveaux produits pour répondre au mieux aux nouveaux besoins des opérateurs; 2- Un effort de vulgarisation et d'information auprès des opérateurs maritimes. Ce qui est en corrélation avec le premier point relatif à l'offre produit. Lorsque nous évoquons l'assurance maritime, nous pensons automatiquement à la flotte, alors que la couverture concerne d'autres éléments comme les marchandises transportées, l'élément humain et la responsabilité civile. 3- Une évolution de la réglementation en matière des assurances maritimes. Il faut rendre certaines garanties obligatoires et contrôler le respect de cette obligation. Il faut également inciter les opérateurs marocains à s'assurer et à assurer leurs importations et exportations auprès des assureurs marocains.
F.N.H. : Le secteur de la pêche renferme plusieurs filières (hauturière, littorale ou artisanale). Comment se présente le taux de pénétration de l'assurance chez les petits pêcheurs ?
J. B. : Effectivement, il faut distinguer entre les trois types de pêche en matière d'offre de produits d'assurances. Si aujourd'hui une offre structurée est disponible pour la pêche hauturière et la pêche côtière, la filière artisanale est plus difficile à assurer, car elle présente une multitude de petites barques avec un personnel pas toujours identifié. Aussi, le taux de pénétration de l'assurance chez les petits pêcheurs est quasi nul. Il a fallu imaginer une stratégie pour proposer des produits d'assurances adéquats. C'est ce que nous avons fait, mais il faut du temps pour voir les résultats. Je crois que 2017 sera l'année des concrétisations.
F.N.H. : Pensez-vous que les offres en assurance maritime sont accessibles et compétitives pour cette population ?
J. B. : Je dirais que les besoins et les offres en termes de produits sont les mêmes pour toutes les catégories de pêche. Toutefois, la distribution et la commercialisation diffèrent. Une barque ou un grand bateau nécessite les mêmes garanties de base (RC, personnel, produits transportés, engin de pêche...). En revanche, il n'est pas possible d'approcher une usine flottante d'un grand armateur et une petite barque de la même manière. La difficulté dans la pêche artisanale, c'est qu'il est difficile d'envisager une commercialisation de produits d'assurances individuellement et ce, pour des raisons de lourdeur de la gestion et de variabilité du niveau des revenus des marins. Il faut penser à de nouvelles pistes pour développer cette assurance, à l'instar de ce qui a été fait pour l'assurance agricole; des formules pratiques, attractives, dont la gestion est viable. La pêche maritime est un secteur cyclique, l'Etat doit intervenir pour apporter un minimum de couverture. Il faut identifier le risque, le tarifer et savoir quel niveau de garantie proposer. Un processus qui nécessite la contribution de tous les intervenants du secteur, notamment le ministère de l'Agriculture et des Pêches maritimes et le ministère des Finances.


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