Plan d'aménagement de la pêche La pêche informelle, particulièrement au poulpe a amené les pouvoirs publics à aménager le secteur. Ceci passe par la destruction des barques non réglementaires. La pêche informelle, particulièrement au poulpe a amené les pouvoirs publics à aménager le secteur. Ceci passe par la destruction des barques non réglementaires. Le plan d'aménagement de la pêche du poulpe n'a été qu'une longue succession d'échecs qui frappent le secteur de la pêche depuis les années 70. C'est durant la fin de cette décennie que le ministère de la Pêche a été amputé de ses principales prérogatives. Cet état de fait vient de se matérialiser par le mécontentement des professionnels de la pêche artisanale à Dakhla. Selon ces opérateurs, le plan d'aménagement qui est en train d'être mis en place favorise les professionnels de la pêche hauturière. Mais ce dont on est sûr, c'est que pendant que les bateaux côtiers et hauturiers pêchaient, les barques artisanales étaient immobilisées. Au nombre de 2500, une partie de ces barques seront appelées à intégrer les pêcheries poulpières. Un autre lot, exclu, sera redéployé vers d'autres pêcheries. Les autres unités qui quitteraient la zone seront indemnisées. Pour comprendre l'origine de ce mécontentement, il faut remonter un peu en arrière. Au début des années 70, le Maroc était encore doté d'une flottille de petits bateaux côtiers ne permettant guère l'exploitation des ressources à plus de 6 miles de la côte. Conscient de l'importance de la pêche dans le développement du pays, l'Etat va se doter d'une flotte hauturière. La naissance officielle de cette flotte se fera avec la promulgation du dahir du 23 novembre 1973 (loi de pêche). Cette loi va encourager et inciter les Marocains à investir dans ce secteur économique plein de promesses. Des crédits vont être alloués par les banques commerciales et garantis par la Caisse centrale de garantie. On passera de quelques bateaux de pêche à la fin des années 70 à presque 400 unités vers la fin des années 80. Simultanément, un effort a été fait par l'Etat pour permettre à ces navires de décharger leurs prises dans les ports marocains. C'est une manière de pouvoir contrôler les rentrées de devises. Le port d'Agadir se verra doter d'infrastructures de base (chantiers navals, chambres de stockage, sociétés de manutention, shipchandlers.) et agrandi. Parallèlement à la flotte marocaine, une imposante flotte communautaire, principalement espagnole, pêchait dans les eaux marocaines. En 1988, le Maroc va décréter son premier arrêt biologique faute de moyens de contrôle sur l'effort de pêche européen. Durant les années 90, le nombre de mois d'arrêt biologique par année va augmenter progressivement. De 3 mois au départ, on est passé à 8 mois et demi en 2003. Ce qui signifiait qu'on était dans une situation de surexploitation des ressources halieutiques. Les choses se gâtèrent Les arrêts de pêche vont favoriser l'apparition des barques artisanales pêchant le poulpe. Une espèce dont le repos biologique a permis de contribuer à sa régénération. Les choses se gâtèrent lorsque le phénomène du braconnage fit son apparition durant les arrêts biologiques. "Les unités de congélation de poulpe à Dakhla et Laâyoune vont pousser comme des champignons. On est passé de zéro à Dakhla en 1990 à presque 100 unités de congélation en 2003", avance ce professionnel de la pêche hauturière qui préfère garder l'anonymat. Cette situation s'est accentuée. Elle est même encouragée par les Japonais qui voient dans la pêche artisanale une aubaine. Et pour cause, à qualité égale les pêcheurs artisanaux vendent de loin moins chers leurs captures que les hauturiers. "Durant les années 90, l'Etat va laisser cette anarchie s'installer sans réagir", ajoute-t-il. De plus, pendant cette période, pour des considérations extra-économiques, l'Etat avait procédé à la régularisation (année 98) de la situation de plus de 7000 barques clandestines au profit des populations sahraouies. "Laquelle régularisation a été faite sans études préalables sur l'état du stock et la présence éventuelle de reliquat de stock qui pourrait encore être pêché", souligne un autre marin pêcheur. Ces barques régularisées représentent aujourd'hui 26 % du quota global. La pêche hauturière, quant à elle, arrive en tête avec 63 % et la côtière ferme la marche avec 11 %. "Si l'Etat veut procéder aujourd'hui à un aménagement de la pêche poulpière, c'est que la situation actuelle est devenue ingérable. C'est ce même Etat qui a commis en 1998 une grave erreur. Il veut y remédier aujourd'hui sans avoir le courage de reconnaître son tort", conclut notre professionnel de la pêche hauturière.