* La hausse du quota n'a pas empêché les captures illicites. * Une nouvelle approche en termes de mécanismes et de systèmes de suivi s'impose. Malgré la hausse du quota global de pêche du poulpe de 18.000 tonnes à 24.000 tonnes, la fraude continue de sévir dans le secteur. Les captures illicites font rage. 3.000 tonnes de poulpe ont été capturées et commercialisées frauduleusement durant la période de repos biologique, selon des sources officielles. D'autres sources avancent des chiffres encore plus importants. La campagne menée par les autorités il y a quelques semaines a montré que les ressources céphalopodières sont soumises à la forte pression des captures. Ceci montre encore une fois que le repos biologique, en l'absence de mesures de contrôle sévères, reste peu respecté et que le braconnage devient de plus en plus organisé. Pour rappel, les professionnels de la pêche artisanale ont sollicité l'arbitrage du Premier ministre concernant leur quota qu'ils jugent injuste et insuffisant ne dépassant pas les 25% vu le nombre de barques et les emplois concernés. Alors que la pêche hauturière s'accapare les 63% et la pêche côtière 11%. Il est clair que le calvaire du poulpe perdure. 38 agréments de pêche concernant cette espèce ont été suspendus et ce chiffre risque de s'alourdir avec les investigations en cours. Des agréments d'unités frigorifiques sont aussi dans le collimateur, et pour cause, elles stockent d'une façon frauduleuse les produits dans l'attente de les commercialiser en périodes normales. Pour le département des pêches maritimes, « les infractions sont principalement liées au refus d'accès opposé par les responsables des établissements visités, la non-conformité aux normes en vigueur en matière de congélation, la détention de stocks de poulpe d'origine inconnue et la falsification des documents». Les associations de pêche n'ont pas tardé à réagir. Elles ont demandé un renforcement du contrôle des unités de congélation pour les empêcher de recevoir des produits non conformes à la réglementation en vigueur. Pour Rachid Benkirane, président de l'Association de la pêche hauturière (ASPHAM), «le plan poulpier est l'unique solution pour préserver les ressources, mais encore faut-il qu'il soit respecté . Les plans d'aménagement des pêcheries ne sauraient prétendre à l'efficience escomptée sans un contrôle efficace. Les moyens sont ce qu'ils sont, mais l'approche ne doit pas s'opérer en termes de moyens mais en termes de mécanismes et de système de suivi». La législation sur la pêche date de 1973, époque où la ressource était encore abondante et qu'il fallait développer nos capacités de pêche pour pouvoir les exploiter. Aujourd'hui, le problème est inversé, car il faut faire face à la surexploitation. Une législation adéquate s'impose, en privilégiant les aspects aménagement, protection et pêche responsable en vue de garantir à la ressource un cycle de renouvellement normal». Benkirane ajoute : «Il est question de chercher une nouvelle approche de gestion basée sur des plans d'aménagement et de gestion qui prennent en compte à la fois les paramètres biologiques, mais également les paramètres socioéconomqiues dans le cadre d'un développement équilibré et durable». Il a précisé par ailleurs que «certaines interdictions de zones de pêche se sont avérées non seulement inutiles mais nuisibles au processus de reconstitution du stock de poulpe». Il a proposé à cet égard de mettre en jeu les mécanismes au lieu de l'intervention de l'homme comme la traçabilité, les recoupements des statistiques tout au long de la filière, la généralisation des mesures de préservation...