ssements de crédit vient de délivrer les premiers agréments de banques participatives au Maroc. Ce qui reste à faire est tout aussi important. Chose promise, chose due. Le wali de Bank Al-Maghrib avait promis, il y a deux semaines, lors de la conférence de presse qui suivait le Conseil de la Banque centrale, que les premiers agréments des banques participatives marocaines seraient octroyés pour fin 2016. Abdellatif Jouahri a bien tenu sa parole en annonçant, à travers le Comité des établissements de crédit qu'il préside, la délivrance de 5 agréments le 2 janvier 2017. Il faut dire que la Banque centrale a bien caché son jeu, puisque l'examen définitif des demandes a eu lieu le 29 novembre, deux semaines avant ce fameux Conseil. Quoi qu'il en soit, après étude et analyse de ces dossiers, notamment au plan de l'actionnariat, de la valeur ajoutée au marché marocain, de la gouvernance et des risques, et à la lumière des informations complémentaires demandées aux différents postulants, le Comité a émis un avis favorable sur les demandes formulées, pour la création de banques participatives, par 5 établissements historiques. Il s'agit de CIH Bank, en partenariat avec Qatar International Islamic Bank, BMCE Bank of Africa, conjointement avec le groupe saoudi/bahreini Dalla Al Baraka, la Banque Centrale Populaire, avec le groupe saoudien Guidance (société financière spécialisée dans le financement immobilier), Crédit Agricole du Maroc avec l'Islamic Corporation for the Development of the Private Sector «ICD», filiale de la Banque Islamique de Développement «BID», et Attijariwafa bank, étant précisé que cette banque est toujours en discussion pour un futur partenariat. Le Comité des établissements de crédit a également émis un avis favorable pour autoriser la Banque Marocaine pour le Commerce et l'Industrie, le Crédit du Maroc et la Société Générale à offrir à leur clientèle des produits bancaires participatifs. Dans le cadre de cette activité, le dahir régissant le Conseil supérieur des Oulémas a été modifié et complété pour créer en son sein un Comité Charia pour la finance participative, seule instance habilitée à émettre des fatwas sur la conformité des produits de la finance participative aux préceptes de l'Islam du juste milieu. Du chemin reste à faire Désormais, les régulateurs et les banques participatives doivent plancher sur des sujets importants pour lancer la machine et démarrer la production. Outre les circulaires de fonctionnement, ces banques doivent arrêter leurs stratégies de communication, recruter et mettre à niveau leurs ressources humaines et sensibiliser le consommateur. Autant de chantiers à régler et qui sont tout aussi importants que la problématique du circuit monétaire participatif hermétique à mettre en place, le lancement de l'assurance Takaful et l'émission d'un Sukuk souverain qui sera utilisé comme base pour calculer les primes de risque entre banques participatives. Autant dire que du chemin reste à faire avant de voir se développer une véritable activité de banques participatives au Maroc. Mais regardons le verre à moitié plein : un grand pas a été fait dans ce sens cette semaine. D'ailleurs, il faut garder en tête que le Maroc souhaite adopter un modèle participatif intégré, avec des complémentarités entre l'activité bancaire, celle des assurances et le marché des capitaux. Le revers de cette volonté de créer un réel marché et non une option anecdotique de financement complique les procédures et démultiplie les aléas. Par A. Hlimi Un protectionnisme salutaire Dans sa sélection, le Comité des établissements de crédit a choisi d'écarter toutes les banques étrangères qui demandaient des licences sans être partenaires d'établissements marocains, comme Emirat NDB. Ce protectionnisme est louable, dans la mesure où le Maroc veut développer son propre modèle de banques participatives avant de s'ouvrir sur le reste du monde lorsque ses poulains seront mieux armés.