La santé et la sécurité au travail représentent un risque toujours négligé aussi bien par les entreprises que les pouvoirs publics. 2,2 millions de travailleurs meurent chaque année à la suite d'un accident du travail ou de maladie professionnelle dans le monde. Sujet sensible chez les dirigeants d'entreprises, la santé et la sécurité au travail représentent un risque qui n'est toujours pas pris en compte dans notre société. Ni le gouvernement, ni les entreprises ne semblent mesurer l'importance de cette variable dont les conséquences sont catastrophiques. Pourtant, la santé, le bien-être, la sécurité des employés et la performance de l'entreprise sont étroitement liés. En effet, la santé au travail des employés prolonge celle de l'entreprise et contribue à sa rentabilité. C'est ce que ne cesse de proclamer Abdelaziz Alaoui, président de la CMIM, qui milite depuis plusieurs années pour sensibiliser les différentes parties prenantes sur l'enjeu de ce facteur dans le développement de l'entreprise, mais également à une échelle plus large du pays. D'où le choix du thème «stratégie et politique de santé au travail : enjeux et durabilité et de performance globale» retenu pour la 6ème édition de la Journée santé au travail organisée par la CMIM, dans l'objectif d'asseoir la culture de la santé et la sécurité au travail au sein des entreprises. Lors de cette rencontre, appelée à connaître une dimension internationale avec la participation pour la 1ère fois d'une délégation du Portugal, les différents intervenants nationaux et internationaux ont mis l'accent sur la nécessité d'intégrer la dimension de la santé des collaborateurs dans la politique de l'entreprise. Il faut dire que ce n'est plus un choix, mais une obligation pour garantir le droit à un travail décent dans le respect des lois. Et les chiffres parlent d'euxmêmes. Selon un rapport publié par le Bureau international du travail ( BIT), 2,2 millions de travailleurs dans le monde meurent chaque année à la suite d'un accident du travail ou de maladie professionnelle, soit 5.000 personnes par jour. Ce fléau se chiffre à 4% du PIB mondial, représentant la part des indemnités et des absences au travail dues aux accidents du travail et aux maladies professionnelles. Faut-il rappeler que ces chiffres ne concernent que le secteur formel qui reste relativement structuré. Au Maroc, la situation n'est pas meilleure. Pis encore, nous ne disposons ni de chiffres réels sur l'évolution des accidents du travail, ni des maladies professionnelles, du fait que le tissu économique est essentiellement constitué d'entreprises qui opèrent dans l'informel. Il faut dire aussi que les pouvoirs publics ne semblent pas préoccupés par ce risque qui reste assez élevé dans notre société. «Face à la situation tragique que connaît le monde du travail, il faut renforcer la prévention, inciter l'Etat à réglementer plus fermement la sécurité et la santé au travail, pousser les entreprises à investir dans le secteur de la santé au travail en vue de leur permettre d'améliorer à la fois leur performance et développer une gestion humaine de leur ressource», préconise A. Alaoui. Il faut dire que notre pays est encore à la traîne en matière de prise de conscience de ce risque comparativement à des pays comme la France ou la Belgique. C'est ce que l'on déduit du modèle de politique sociale de ces deux pays qui accordent à la prévention une importance cruciale. En attendant que les chefs d'entreprises comprennent que la santé au travail est un enjeu de durabilité et de pérennité et que le gouvernement prenne conscience que sans une réelle politique sociale il n'y a point d'émergence, des travailleurs continueront de mourir et des familles vivront dans la précarité.