Le Souverain a entamé la deuxième partie de sa tournée africaine en se rendant successivement en Ethiopie et à Madagascar. Un périple royal qui permet non seulement au Maroc de consolider et diversifier ses partenariats, mais également de mieux se positionner sur l'échiquier continental en favorisant notamment un modèle de coopération sud-sud efficace et win-win. Le Maroc poursuit son ancrage en terre africaine. C'est le sens qu'il faut donner à la nouvelle tournée royale qu'effectue le Roi Mohammed VI dans le continent. Une tournée qui, tant s'en faut, symbolise la nouvelle orientation donnée à la coopération entre le Royaume et le reste de l'Afrique subsaharienne, en ce sens qu'elle s'étend maintenant au-delà des «zones de confort» habituelles, c'est-à-dire l'Afrique francophone principalement. Aujourd'hui, le Maroc élargit donc le champ de sa coopération avec les pays de l'Afrique, avec notamment les visites effectuées par le Souverain au Rwanda, en Tanzanie et en Ethiopie, en attendant celles prévues en Zambie et au Nigéria. De quoi dynamiser les relations du Maroc avec ces Etats anglo-saxons, non sans consolider les relations avec certains de ses partenaires historiques comme Madagascar, ou encore le Sénégal, où le Roi a prononcé un discours mémorable le 6 novembre courant, à l'occasion du 41ème anniversaire de la Marche Verte. On s'en doute, le volet politique occupe une place de choix dans les discussions qu'a eues le Roi avec les différents chefs d'Etat lors de ses tournées avec, notamment, en toile de fond, le retour du Maroc au sein de l'Union africaine (UA). D'ailleurs, l'Ethiopie, qui abrite le siège de la commission de l'UA et où le Roi a séjourné du 18 au 19 novembre, clame haut et fort son soutien à la décision du Maroc de regagner son siège au sein de sa famille institutionnelle africaine, et ce dès le prochain Sommet de l'UA prévu en janvier prochain. Le Maroc ne fait que «revenir chez lui et parmi les siens (...) et nous devons le féliciter pour cette décision tant attendue», a notamment déclaré le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Atske-Selassie. Ces visites du Souverain ont aussi une coloration économique très prononcée. En Ethiopie et à Madagascar, plusieurs accords de coopération ont été signés, témoignant de la volonté des différentes parties de consolider leur partenariat et de le hisser à des niveaux autrement plus élevés. Les opérateurs marocains soutiennent la dynamique royale En marge de la visite royale en Ethiopie, il a été procédé à la création d'un Conseil bilatéral d'affaires entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et la Chambre éthiopienne du Commerce et des Associations sectorielles (ECCSA). La création de ce Conseil permettra l'échange d'informations entre la CGEM et l'ECCSA et participera sans nul doute à la promotion du co-investissement à travers le développement d'une banque de projets qui serait partagée entre les communautés d'affaires des deux pays. Une attention particulière est accordée au renforcement des compétences humaines qui doivent accompagner la mise en œuvre de ce projet. Maroc-Ethiopie : Sept conventions et accords bilatéraux public/public signés Ces accords couvrent des domaines aussi divers que les services aériens, la coopération en matière fiscale, la protection des investissements, l'agriculture et les énergies renouvelables. Mémorandum d'entente sur la coopération économique, scientifique, technique et culturelle. Accord relatif aux services aériens. Mémorandum d'entente en matière de promotion du commerce. Convention visant à éviter la double imposition et à prévenir l'évasion fiscale en matière d'impôts sur le revenu. Accord en matière de promotion et de protection réciproque des investissements. Projet d'accord de coopération dans le domaine des énergies renouvelables. Accord de coopération dans le domaine agricole. Cette convention permettra aux deux pays de relever les défis qui se posent en matière agricole, notamment à travers l'intensification de la production agricole et animalière. Cette convention prévoit un échange d'expérience entre le Maroc et l'Ethiopie, notamment l'expertise accumulée par le Royaume dans le cadre du plan Maroc Vert. Les domaines de coopération concerneront les infrastructures hydro-agricoles, la valorisation des produits, la formation et la recherche. Le plein de conventions à Madagascar La visite du Roi à Madagascar s'est soldée par la signature de 22 accords de coopération brassant différents domaines et visant à dynamiser les relations bilatérales. Mémorandum d'entente sur le projet de valorisation et de sauvegarde du canal des Pangalanes. Accord relatif à la coopération dans le domaine agricole. Accord de coopération dans les domaines de l'exploitation minière et l'enrichissement des minerais. Protocole sur l'établissement de consultations politiques. Projet d'accord portant sur les domaines de l'eau et la météorologie. Protocole de coopération dans le domaine de l'Environnement. Mémorandum d'entente en matière de fonction publique et de modernisation de l'administration. Accord sur la coopération dans les domaines de la jeunesse et sports. Convention tendant à éviter la double imposition et à prévenir l'évasion fiscale en matière d'impôts sur le revenu. Accord de coopération dans le domaine des énergies renouvelables. Projet de protocole de coopération en matière de pêches maritimes. Projet d'accord dans le domaine de la formation professionnelle. Projet de mémorandum d'entente dans le domaine du tourisme. Projet d'accord de coopération signé par l'Agence spéciale Tanger Med (TSMA) et l'agence portuaire, maritime et fluviale (APMF). Protocole d'accord signé par Casablanca Finance City Authority et l'Economic development board of Madagascar. Convention cadre de coopération pour la mise en place et le développement de l'assurance agricole à Madagascar, signée par la Mutuelle agricole marocaine d'assurance et l'Assurance et réassurances omnibranches. Projet d'accord signé par la Confédération générale des entreprises du Maroc et le Groupement des entreprises de Madagascar. Production d'engrais : Un méga deal conclu en Ethiopie L'un des évènements majeurs de la visite royale a été la signature de la convention relative à l'établissement de la plateforme intégrée pour la production d'engrais en Ethiopie. Cette plateforme industrielle intégrée est la plus grande d'Afrique, après celle de Jorf Lasfar. Elle représente un investissement total d'environ 2,4 milliards de dollars dans la première phase. Un investissement additionnel de 1,3 milliard de dollars est prévu d'ici à 2025. Située à Dire Dawa, cette installation industrielle ultramoderne est destinée à produire une gamme de produits d'engrais personnalisés et adaptés aux besoins des cultures locales et des sols, assurant ainsi un approvisionnement fiable et abordable en nutriments des plantes pour les agriculteurs éthiopiens. Cette coentreprise permettra à l'Ethiopie d'être autosuffisante en termes de production d'engrais en 2025. En effet, l'Ethiopie importe aujourd'hui tous les engrais qu'elle consomme. L'objectif de ce mégaprojet industriel est de produire 2,5 millions de tonnes/an d'engrais d'ici à 2022 et atteindre une capacité totale de 3,8 millions de tonnes/an d'engrais en 2025. La plateforme se compose de 2 unités d'ammoniac, 1 unité de production d'engrais, 2 unités de production d'urée et une unité de blending et d'emballage. Le projet s'étend jusqu'à Djibouti, où une plateforme de stockage dédiée sera aménagée. Cette plateforme industrielle fait partie du futur plan de développement stratégique du Groupe OCP pour répondre aux besoins locaux en engrais. Ce projet générera 2.475.000 ouvriers/jour lors de la phase de construction et 500 emplois à temps plein durant les opérations. Les banques marocaines placent leurs pions en Ethiopie et à Madagascar Une fois n'est pas coutume, les banques se sont encore mises en orbite à l'occasion de la tournée royale. Ainsi, à Madagascar, un mémorandum d'entente a été signé par le Crédit Agricole du Maroc et l'Union interrégionale des caisses d'épargne et de crédit agricole mutuels, tandis que BMCE Bank Of Africa a signé une convention de partenariat avec le groupe Sipromad d'un montant de 300 millions de dollars. Par ailleurs, le Groupe Attijariwafa bank et BNI Madagascar, première banque malgache, ont scellé un protocole d'accord, avec pour objectif de développer une collaboration mutuellement fructueuse dans les domaines du financement des investissements conjoints, du commerce international, du financement de projets et de l'organisation de missions d'hommes d'affaires, en vue de renforcer les échanges et les investissements entre le Maroc et Madagascar. De même, Attijariwafa bank a signé un accord similaire avec Commercial Bank of Ethiopia. Le Groupe Banque Centrale Populaire n'est pas en reste. Il a aussi procédé à la signature de deux conventions de partenariat avec l'Etat et les opérateurs économiques malgaches. La première convention porte sur la création d'une institution de microfinance à Madagascar, dans l'objectif de faire bénéficier l'Etat malgache de l'expérience du Groupe BCP en matière de bancarisation et d'inclusion financière. Cette institution sera déployée à travers la holding AMIFA, filiale du Groupe BCP. La seconde convention porte sur un partenariat stratégique et d'accompagnement financier du conglomérat malgache Sipromad.