Un faisceau d'indicateurs laisse penser que l'essor du financement vert est en marche au Maroc. L'émission de green bonds, les projets en la matière, la démarche collaborative entre la Banque centrale et le Groupement professionnel des banques du Maroc et le volume des financements dédiés aux énergies renouvelables sont autant d'éléments encourageants. Il est incontestable que l'organisation de la COP22 a provoqué un sursaut national pour la promotion d'une croissance écologiquement viable et économiquement viva- ble au Maroc. Pour peu qu'on s'intéresse au milieu bancaire et financier, il est aisé de constater que les principaux acteurs (banques, assurances, fonds d'investissement) affichent un réel engouement pour l'essor du green finance. Depuis quelque temps, on assiste à un relatif verdissement des produits bancaires et des lignes de financement. Toutefois, du chemin reste encore à faire pour achever ce chantier, puisqu'en réalité, le financement vert n'est qu'à ses balbutiements au Maroc. Cela dit, l'espoir est de mise, puisque le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et l'Institut d'émission (BAM) planchent actuellement sur la démarche d'harmonisation de place pour la promotion de la finance durable au service d'une économie réelle décarbonée. L'affirmation de cette finance «propre» est tributaire de l'engagement de tous les opérateurs financiers (banques, assurances, fonds d'investissement), mais aussi d'une réelle volonté politique (gouvernement, autorités de régulation), notamment à travers la mise en place de mesures incitatives (subventions, exonérations), de règles prudentielles adaptées et de facilités des conditions de refinancement des banques engagées dans la finance verte. Par ailleurs, le Libre blanc de la Banque Centrale Populaire (BCP) afférent à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables comme leviers de compétitivité des entreprises, met l'accent sur l'opportunité de créer des fonds revolving, de nature à apporter un capital à faible coût aux acteurs financiers. Pour autant, l'essor du green finance se heurte à une kyrielle de dysfonctionnements. Il s'agit, entre autres, du manque d'informations sur les programmes de financement pas toujours adaptés en termes de délai et de forme de remboursement. Montée en régime Dans leur démarche d'harmonisation de place, comme évoqué plus haut, BAM et le GPBM entendent prendre en compte, dans les systèmes d'octroi de crédits des banques, des critères environnementaux. In fine, la Banque centrale devrait intégrer ces critères dans le système de notation des banques. A ce stade, il n'est pas dénué de sens de rappeler certains ordres de grandeur concernant la finance verte. Par exemple, en 2014, près de 40% des projets financés par la banque au cheval avaient trait aux énergies renouvelables. En 2015, sur les 10 Mds de DH dédiés aux projets énergétiques, les parcs éoliens se sont accaparés 4 Mds de DH. BMCE Bank n'est pas en reste puisqu'outre la mise en place de lignes de financement liées à l'efficacité énergétique et les lignes prévisionnelles de gestion de l'eau et de valorisation des matières résiduelles, elle a déjà émis un green bond de 500 millions de DH qui pourrait être porté à 1 milliard de DH à terme. Cela constituera incontestablement la promotion de ressources vertes à l'image de Masen qui a émis récemment le premier green bond marocain chiffré à 1,150 Md de DH. Au final, l'organisation de la COP22 au Maroc a d'une certaine façon permis de syndiquer les forces des principaux acteurs financiers pour la promotion du green finance, qui devrait constituer un nouveau relai de croissance durable. M. Diao Rôle de l'Observatoire du financement de l'efficacité énergétique Le développement et la promotion des ressources vertes nécessitent un ensemble de prérequis et de mesures. La création d'un Observatoire du financement de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables constituerait, au regard du Libre blanc de la BCP, un maillon primordial puisque cela permettrait de dresser un état des lieux des financements actuels dédiés à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables. Cette institution faciliterait de surcroît la compréhension des flux financiers ainsi que le développement des activités envisageables pour les principaux acteurs. En d'autres termes, l'Observatoire aura aussi pour vocation de renseigner sur les expériences locales et étrangères en matière de financement (banques, taux d'intérêt, coût du risque, etc.). Au-delà des vertus de l'Observatoire précité, il est utile de souligner que Morseff, ligne de financement de l'énergie durable destinée aux entreprises privées marocaines, dotée de 80 millions d'euros et développée par la BERD, a permis à la BCP et à BMCE Bank d'offrir un accompagnement structuré au tissu d'entreprises nationales (financement, assistance technique).