Le marché de la finance verte prend de plus en plus d'ampleur depuis son lancement en 2007. À la question de son utilité, 73% des 1.152 internautes usagers de notre partenaire FLMarkets, estiment que cette finance est une nécessité alors que le reste des sondés la juge plutôt comme un luxe. 73% des 1.152 internautes qui ont répondu au sondage Online de FLM, ont trouvé que la finance verte est une nécessité. De l'autre côté, 27% ont estimé qu'il s'agit davantage d'un luxe. En effet, la finance verte signifie que les produits des Green Bonds ou des financements verts servent au financement de projets à faible émission de carbone et résilients au changement climatique. Plus précisément, les projets éligibles au financement vert incluent en général des projets portant sur l'atténuation et l'adaptation aux effets des changements climatiques dans le domaine de l'énergie renouvelable et l'efficience énergétique, la conservation de la biosphère, le traitement des déchets, le captage des émissions fugitives et des émissions de carbone, le développement urbain et le transport durable à faible émission de carbone ou l'accès et la distribution d'eau. C'est ainsi que depuis son lancement en 2007, ce marché mondial de la finance verte s'est développé grâce à l'implication de nombreux investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension qui doivent désormais rendre compte sur les investissements responsables et écologiques. Ainsi, à l'international, des multinationales se sont impliquées comme Apple, EDF ou GDF Suez. Aussi, selon Moody's, 37,2 milliards de dollars d'obligations vertes ont déjà été émises au premier semestre 2016, soit le double du premier semestre 2015. Aussi, les différents observateurs tablent pour 2016 sur un volume total entre 75 et 100 milliards de dollars contre 42 milliards de dollars en 2015. Cet engouement s'illustre, d'ailleurs, en Afrique, par l'émission en décembre 2015 de 500 millions de dollars de Green Bonds par la BAD, marquant ainsi son retour sur le marché des obligations vertes libellées en dollar après deux émissions réussies en couronne suédoise exécutées en 2014 et une émission de 3 ans effectuée en octobre 2013, d'un montant de 500 millions de dollars. Par ailleurs, pour aider les investisseurs à évaluer les obligations vertes, MSCI/Barclays ont lancé des indices obligataires verts qui notent les émetteurs et vérifient leurs critères de sélection des projets, tout en assurant la transparence sur la gestion des fonds destinés aux projets respectables de l'environnement. Au Maroc, la COP22 constituait une excellente opportunité pour se lancer dans cette branche de la finance et joindre l'utile à l'agréable. Ainsi, Abdellatif Jouahri, le wali de BAM, a indiqué que la Banque centrale a pris ses dispositions pour assurer le financement vert, notamment en apportant aux banques les liquidités nécessaires. Aussi, Jouahri compte insister dans le cadre du comité de Bâle pour que les obligations vertes soient traitées différemment des obligations classiques. De même, la BMCE BOA et la BERD ont réuni la communauté bancaire pour faire la promotion de la finance verte, notamment en Afrique. D'ailleurs, les grandes banques ont déjà enclenché le processus avec BMCE BOA qui a tenu une assemblée générale le 20 octobre, dans l'objectif d'approuver l'émission en une ou plusieurs fois des Green Bonds pour un total de 500 MDH. Aussi, la BCP a convoqué ses actionnaires à une assemblée générale prévue le 14 novembre, devant autoriser le Conseil d'administration à émettre un ou plusieurs Green Bonds. Le montant total de l'émission est de 2 MMDH, à libeller en dirhams ou en devises, avec une maturité de 7 à 10 ans. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Comment expliquer le succès de la finance verte ? Farid Mezouar : Côté investisseur, ce succès s'explique par la tendance mondiale à l'investissement socialement responsable. Cette responsabilité sociale se traduit notamment par des financements d'activités qui respectent l'environnement ou participent à sa protection. Pour les emprunteurs, il s'agit souvent d'un financement moins cher qui permet souvent de générer des économies sur le moyen-long terme. Y a-t-il des freins potentiels au Maroc? Je pense qu'au Maroc, la pression du socialement responsable, n'est pas encore omniprésente au niveau des investisseurs. Ainsi, il faudra probablement inciter au départ l'investisseur final à franchir le pas via des avantages fiscaux et/ou réglementaires, le temps d'assimiler que l'éthique ne signifie pas forcément un manque à gagner ou une gabegie financière. Par ailleurs, du côté des emprunteurs, comme pour la finance participative, la finance verte devra être compétitive en termes de coûts par rapport aux financements classiques.