A la veille de la COP, l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a autorisé la première émission d'obligation verte sur le marché marocain. L'intégration d'une économie verte passe par l'alignement du secteur financier aux impératifs du développement durable. Cette transition ne peut être assurée que par l'adoption d'un cadre réglementaire approprié. Compte tenu des enjeux climatiques et de leurs impacts sur l'économie mondiale, la finance durable s'érige comme vecteur de richesse à promouvoir, et ce de par sa contribution dans l'employabilité et sa rentabilité socio-économique. Toutefois, le marché financier vert est à son stade embryonnaire en Afrique où ce secteur est toujours en manque d'attractivité. Seulement 3 milliards de dollars par an sont investis dans ce sens sur le continent. C'est suite à ce constat que le Maroc a choisi d'inscrire la finance verte au cœur de son agenda de la négociation et de l'action pour le climat lors de la COP22. Ainsi, le «Green Banking» dépend avant tout d'une politique volontariste impliquant aussi bien les autorités réglementaires et prudentielles que la communauté bancaire. Au Maroc, la mobilisation s'est faite en prélude de la COP22. Le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) a annoncé, en octobre dernier, une mobilisation financière de 1 milliard de dirhams. L'engagement des banques marocaines portera sur la mise à la disposition de la clientèle de lignes de financement liées à l'efficacité énergétique, des lignes prévisionnelles de gestion de l'eau et de la valorisation des matières résiduelles. Les banques se sont également engagées à émettre de façon éminente des obligations environnementales «Green Bonds». Il s'agit de titres de créances émis pour réunir des capitaux affectés exclusivement à des projets qui comportent des avantages précis sur le plan de l'environnement. Techniquement parlant, le Green Bond peut être affecté soit à un problème environnemental particulier ou à une certaine technologie, en l'occurrence les projets d'énergie solaire ou éolienne ou de rénovation et de transport énergétiques. Green Bonds: Masen et BMCE Bank font le premier pas A la veille de la COP, l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a autorisé la première émission d'obligation verte sur le marché marocain. Réalisée par Masen, le 4 novembre 2016, cette opération porte sur un montant de 1.150 millions de dirhams. Les investisseurs souscrivant à l'opération ne sont autres que : Al Barid Bank, Attijariwafa bank, la Caisse marocaine des retraites et la Société centrale de la réassurance. Les fonds levés à travers cette émission sont destinés à contribuer au financement des projets solaires de Noor Laayoune, Noor Boujdour et Noor Ouarzazate IV. Par ailleurs, l'AMCC a visé à la même date la note d'information relative à l'émission par la BMCE Bank d'un emprunt obligataire de type Green Bonds. BMCE Bank envisage l'émission de 5.000 obligations d'une valeur nominale de 100.000 dirhams. Le montant global de l'opération s'élève à 500 milliards de dirhams. Cette émission est réservée aux investisseurs qualifiés de droit marocain, à savoir les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), les compagnies financières, les établissements de crédit, les compagnies d'assurance et de réassurance, la Caisse de dépôt et de gestion et les organismes de pension et de retraite. Rappelons que la BMCE Bank dispose d'un portefeuille de projets éolien, solaire et hydroélectrique. En initiant cette opération, BMCE Bank ambitionne de financer des projets nationaux éco-responsables, de soutenir les initiatives privées et publiques pour la préservation des ressources naturelles ainsi que de renforcer l'engagement du Groupe dans la préservation de l'environnement. L'AMMC édite un guide des obligations vertes C'est au deuxième jour de la COP22 que l'AMMC exposera aux acteurs du marché marocain de capitaux son Guide sur les «Green Bonds». La finalité étant de les informer sur ces nouveaux instruments financiers en présentant leur contexte mondial ainsi que les modalités pratiques de leur implémentation sur le marché Maroc. Ce guide a été édité dans le cadre des engagements de l'Autorité marocaine du marché des capitaux en matière de développement de la finance climatique et conformément aux objectifs du Maroc en matière d'énergies renouvelables. Réalisé avec le soutien d'International Finance Corporation (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale, le guide présente les éléments clés des «Green Bonds» et leurs principales implications. «Il s'adresse aussi bien aux émetteurs qu'aux investisseurs et vise à favoriser le développement de ce nouveau segment sur le marché des capitaux marocain. En effet, ce guide permet de fournir un cadre clair, inspiré des standards internationaux, aux émetteurs et professionnels souhaitant investir ce marché et d'accompagner la réalisation des premières émissions de «Green Bonds» au Maroc», explique l'AMMC à cet effet. Créés en 2007, les «Green Bonds», ou obligations vertes, ont atteint en 2015 un volume de 41 milliards de dollars. Ils se sont imposés comme un outil fondamental de mobilisation des financements en faveur de la lutte contre les changements climatiques.