* Le Maroc ne profite pas pleinement de sa proximité géographique. * La logistique commerciale reste une contrainte majeure pour développer l'export. Le dernier mémorandum élaboré par la Banque mondiale sur la croissance au Maroc a traité la question des contraintes aux exportations et leur rôle régressif dans l'essor du pays. Le document a essayé d'analyser la situation et de présenter quelques remarques. En effet, au cours de la dernière décennie, le Maroc a apporté des changements unilatéraux à son régime commercial. En 1996, le pays a finalisé l'application des tarifs douaniers basés sur la transformation des restrictions quantitatives sur les importations en équivalents tarifaires. Depuis lors, les licences à l'importation ont seulement été appliquées aux produits couverts par les accords internationaux ou pour des raisons sanitaires, phytosanitaires ou de moralité. En outre, en 2000, le prélèvement fiscal à l'importation a été incorporé au tarif douanier afin de simplifier la taxation à la frontière, et les barrières tarifaires et non tarifaires ont par la suite été réduites. De même, l'automatisation des procédures douanières, le développement d'entrepôts de dédouanement et la mise en place de procédures de dédouanement in situ ont réduit les retards à la frontière et amélioré la transparence du processus douanier. « En conséquence, rapporte la Banque mondiale, les coûts des transactions commerciales ont baissé, même en présence de défis majeurs au niveau de la logistique commerciale et de l'élimination du biais anti-exportations ». Pour un pays comme le Maroc, dont l'avantage comparatif est lié à sa position géographique, la qualité du transport et de la logistique commerciale constitue un élément central de la compétitivité. Selon le document de la BM, «les exportateurs marocains ne peuvent exploiter avec succès leur proximité du grand marché de l'UE que si les coûts des transactions commerciales sont moindres que ceux des concurrents. L'importance d'une coordination tout au long des chaînes d'approvisionnement est encore renforcée par l'orientation en faveur de la livraison en flux tendus et par les critères de plus en plus exigeants des partenaires commerciaux concernant le temps, la fiabilité et la qualité des livraisons ». Pourtant, les services de logistique sont peu développés au Maroc. En ce qui concerne le commerce international, « les récentes réformes ont été à l'origine de nettes améliorations dans des domaines spécifiques, tels que l'administration douanière et le transport aérien », reconnaît-on auprès de la BM. « Cependant, le manque de coordination entre agents le long de la chaîne logistique, la complexité procédurale et la piètre gestion de l'information continuent de créer des retards d'environ huit jours entre l'entrée et la sortie des marchandises importées dans le port de Casablanca, ce qui est trop long », indique le mémorandum. Par ailleurs, le document de la BM relève que « les redevances portuaires et les coûts de manutention au principal port du Maroc sont très élevés en comparaison d'autres ports méditerranéens. Un enjeu critique dans ce contexte, à la fois pour le commerce de marchandises et le tourisme, est la traversée maritime à destination de l'Espagne par le détroit de Gibraltar, qui est deux fois plus coûteuse qu'une traversée maritime de même distance dans d'autres pays ». La même étude de la BM indique toutefois qu' « un autre facteur de coût important pour les exportateurs a trait à la vulnérabilité du transport aux activités illégales, notamment le trafic de drogue et l'émigration clandestine, en raison de l'insuffisance de sécurité portuaire et de l'absence d'emplacements de stationnement sécurisés aux entrées des ports. Pas moins de 0,5 à 1% des expéditions sont affectés, avec des implications sur les coûts directs, les retards et la réputation des courtiers». Les autorités sont conscientes des obstacles à l'exportation dans le secteur de la logistique. Le gouvernement a compris les enjeux de la réforme portuaire et a dissous l'Office national d'exploitation des ports (ODEP) pour mettre en place une agence de réglementation (ANP) et une société d'exploitation des ports (Sodep) Par ailleurs, d'après la même étude de la BM réalisée en 2004, « la protection du marché intérieur a un coût très élevé, pour les consommateurs et les entreprises, ainsi que les prestataires de services qui acquièrent leurs intrants dans le pays. La protection tarifaire introduit un biais anti-exportations de taille. Si les entreprises produisent pour le marché d'exportation, elles n'obtiennent pas le même soutien au prix du marché que les producteurs pour le marché intérieur». Dès lors, le Maroc ne pouvant influencer les cours mondiaux, les exportateurs n'obtiennent pas les transferts induits par les mesures de politique dont bénéficient les producteurs pour le marché intérieur, ce qui introduit une distorsion dans les décisions des producteurs au détriment de la vente à l'étranger. Plus le marché intérieur est protégé, plus fort devient le biais anti-exportations.