* Le coût logistique, un facteur pénalisant des échanges. * Nécessaire création de plates-formes et formation d'hommes logistiques. Le Maroc va démarrer sa réforme portuaire à partir du mois de décembre 2006. Il est question de moderniser les ports et d'instaurer une gestion adéquate afin de les mettre à niveau avec les normes internationales. Les ports, principale porte du Royaume sur l'économie mondiale, assurent 98% des échanges extérieurs du pays. Le développement des échanges et la fluidité du commerce ne peuvent se réaliser sans un essor du secteur logistique. «Le Maroc possède un énorme potentiel en matière logistique qui reste cependant peu ou mal exploité. La réforme portuaire a besoin de mesures d'accompagnement pour sa réussite, notamment l'outil logistique». La dernière enquête de la Banque mondiale sur le secteur a établi des critiques sévères et la position du Maroc par rapport à des pays concurrents ou au niveau mondial laisse à désirer. «C'est un facteur pénalisant pour doper les échanges que ce soit au niveau du coût, de la qualité des services ou des délais de livraison ou de traitement des opérations», indique-t-on au près de l'enquête. Le rapport met en évidence «la faible qualité de l'offre de transport routier, notamment pour la distribution interne au Maroc, les coûts et délais de passage portuaire et maritime (surtout le transport par navire roulier, 560 euros (6.000 DH) pour une remorque pleine), les difficultés liées aux procédures du commerce extérieur, la vulnérabilité de la logistique aux activités illégales (drogue) tant dans les ports qu'en amont, et le déficit de la formation. L'un des principaux objectifs de la réforme portuaire est de réduire au moins le coût de passage des ports marocains, surtout celui de Casablanca, de 30%. Ali Berrada, PDG de Logima a affirmé que «depuis la publication de l'enquête de la Banque mondiale, beaucoup de choses ont changé, notamment le lancement de la réforme portuaire et de la réforme maritime. Les infrastructures liées au transport se sont améliorées. Le programme de développement autoroutier, routier, ferroviaire, maritime et aérien avance à grands pas». Il a précisé que «le handicap majeur reste essentiellement le foncier avec l'indisponibilité en nombre suffisant de zones avec des superficies suffisantes dédiées au secteur de la logistique». «Il est question, a-t-il dit, d'aménager des plates-formes bien équipées et spécialisées en la matière». Berrada a indiqué aussi que «le volet fiscal et la formation sont aussi des contraintes de taille pour le développement du secteur. Selon Pierre Caruana, Directeur général de Optimalogistique, «le secteur connaît une amélioration sensible avec les facilités de crédits qui permettent aux entreprises d'investir et de développer leur outil de production. L'essor des infrastructures est aussi un autre volet de soutien». Mais Caruana a déploré la «persistance de l'informel». «Un secteur, a-t-il dit, qui n'est bon que pour ceux qui le pratiquent. Les habitudes au Maroc font que le prix de la logistique est encore plus important que la qualité du service». Pour remédier à la situation, Caruana a appelé à développer les centres logistiques et a invité les grandes entreprises internationales à s'implanter au Maroc». Il a précisé par ailleurs que l'homme logistique doit avoir une formation adéquate en la matière et qu'il ne soit pas un employé commercial ou administratif. Pour rappel, le coût de logistique au Maroc est parmi les plus élevés au monde. Il représente près de 20% du PIB, alors que ce coût ne dépasse pas les 10% ou 15% en Europe. Seuls certains pays de l'Amérique centrale font des taux à plus de 20%. Au Brésil et au Mexique, le coût ne dépasse pas les 15%. Le succès de la transition du Maroc en faveur de logistiques modernes implique d'atteindre deux objectifs : l'amélioration de la logistique extérieure du Maroc, en particulier en relation avec l'Union européenne ; et le développement de la logistique en tant que vecteur de l'activité, non seulement par le biais du développement de nouveaux services mais aussi par le biais de la dissémination de pratiques et attitudes modernes parmi les exportateurs marocains et ceux qui travaillent pour le marché intérieur.