La version définitive de l'étude de la Banque mondiale intitulée «Logistique, transport et compétitivité au Maroc» est prête. Une radioscopie assortie d'un plan d'action. Présentée sous forme de rapport il y a quelques mois, l'étude de la Banque mondiale sur la logistique, le transport et la compétitivité, commandée par le ministère de l'Equipement et du Transport, vient d'être effective dans sa version complète. Les cadres de l'organisation de Bretton Woods en ont fait une présentation au ministère du Transport, lundi 13 mars, et aux opérateurs dont la Fédération nationale du transport, mardi 14 mars 2006. L'idée était d'établir un diagnostic sur la performance logique du Maroc en tant que facteur de compétitivité et d'esquisser des pistes de réforme afin d'améliorer l'efficacité du transport et de la logistique tant interne qu'externe. Cette étude qui passe en revue les différents intervenants dans les échanges extérieurs entre le Maroc et l'étranger révéla que les coûts logistiques au Maroc sont proches de 20% du PIB, un chiffre excessif vu la qualité du service. Le rapport déplore la faible qualité de l'offre de transport routier notamment pour la distribution interne au Maroc, les coûts et délais de passage portuaire et maritime (surtout le transport par navire roulier, 560 euros pour une remorque pleine), les difficultés liées aux procédures du commerce extérieur, la vulnérabilité de la logistique aux activités illégales (drogue) tant dans les ports qu'en amont, et le déficit de la formation. Pour remédier à ces différents problèmes, la BM recommande la mise en place d'un plan d'action articulée autour de plusieurs volets : création de l'observatoire de la logistique (public-privé), programme de modernisation du transport routier de marchandises, déploiement de l'EDI (Echange de données informatisées) dans les ports, facilitation des passages portuaire et du détroit, formation. Le passage du détroit est «le maillon le moins performant de la chaîne d'exportation vers l'Europe», estime l'étude qui juge aussi «prohibitifs» les coûts et délais s'y afférents. La traversée du détroit correspond en coûts à l'équivalent de la moitié de la traversée de l'Espagne. Le projet du plan d'action devrait dans ce cadre, financer une étude sur la tarification de la traversée du détroit, en lançant un dialogue entre l'ODEP, TMSA, les compagnies maritimes et les exportateurs. L'objectif serait de réduire les coûts de 50% et d'éliminer les causes de délais et d'incertitude. En tout cas, toute réduction est conditionnée à la révision de la tarification des navires Ro-Ro, notamment au départ de Tanger. Il s'agit, explique l'étude, de ne pas pénaliser les exportations marocaines en pratiquant des tarifs élevés. La future tarification devrait refléter la vérité des coûts de l'opération. La question, actuellement du ressort de l'ODEP, sera dans quelques années, quand l'activité Ro-Ro sera transférée au port de Tanger Méditerranée, un problème de TMSA. Le rapport qui note que plus de 90% des entreprises de transport ne possèdent que deux camions au maximum, insiste beaucoup sur la modernisation du transport routier : «En effet, aujourd'hui, les opérateurs de logistique et les industriels étrangers peinent à trouver des services de transports fiables au Maroc et doivent souvent investir dans des activités qui ne sont pas au cœur de leur métier». Un des moyens proposés pour le renouvellement d'une partie du parc reste l'instauration de primes à la casse pour, estiment les analystes de la Banque mondiale, réduire une partie de la suroffre de transport qui ne répond pas aux critères de qualité nécessaires. Ces réformes proposées par la BM sont liées à certains paramètres comme la tarification portuaire espagnole, la facturation du port de Tanger-Ville, l'une des premières sources de revenus de l'ODEP. «Une révision de la tarification restera souhaitable dans le cas prévu du transfert de l'activité à Tanger-Méditerranée mais c'est une baisse qui n'a pas été anticipée dans les projections financières de Tanger-Méditerranée», peut-on lire dans l'étude. Notons que la logistique à l'exportation risque d'être radicalement modifiée lorsque l'Espagne interdira la circulation de poids lourds le week-end conformément à la réglementation européenne. Le Maroc est dès maintenant obligé à étudier le développement du trafic roulier depuis Tanger-Méditerranée vers les ports du Nord de la Méditerranée (Barcelone, Sète, Port Vendres, Marseille). Coûts logistiques par secteurs D'après les données disponibles, la logistique semble être un facteur important puisque, selon les branches industrielles, le coût de la logistique représente de l'ordre de la moitié aux deux tiers du coût du travail au Maroc.En outre, le coût logistique total pour le Maroc est donc au minimum de l'ordre de 20% du PIB. Ce ratio est supérieur à tous les pays de l'Union Européenne y compris ceux qui l'ont rejoint en 2004 dont le ratio se situe entre 10 à 16%. Cette performance est proche de celle des pays à faible revenu d'Amérique Centrale (situés entre 20 à 25% du PIB). Des grands pays émergents comme le Mexique, le Brésil et la Chine ont, quant à eux, des coûts logistiques de l'ordre de 15 à 17% du PIB. Pour les secteurs manufacturiers à l'exportation (mécanique, textile, électronique) : la somme des coûts logistiques directs est une part importante de la valeur ajoutée, de l'ordre de 25%, mais peut être beaucoup plus élevée dans des cas particuliers. La structure des coûts logistiques est relativement homogène tant pour les importations que les exportations : 60% pour le poste transport-assurance, 40% pour les autres coûts logistiques directs (stocks, administration…). C'est-à-dire que les coûts logistiques hors transport pèsent pour environ 10% de la valeur ajoutée. Pour les exportations agricoles ou la distribution, l'éclatement n'est pas disponible, mais les frais de transport international représentent 15 à 30% de la valeur des produits agricoles exportés. le coût de la logistique (NDLR : l'étude en fait une démonstration complète) représente de l'ordre de la moitié aux deux tiers du coût du travail au Maroc (selon les branches industrielles).