En ces jours du mois sacré du Ramadan, où notre foi se nourrit de paix et de charité, le pire qui puisse nous arriver est de rester immobiles face à des enfants esclaves de la cupidité de leurs parents. En effet, il n'y a pas plus triste et plus insoutenable spectacle que celui que nous livrent les mendiants en ce mois sacré, et toute l'année d'ailleurs, en exploitant la chair de leur chair... au vu et au su de tous, sans que personne ne réagisse pour sauver ces petits êtres des griffes de leurs bourreaux. J'ai parlé, crié pour sensibiliser sur ce drame, mais je n'ai récolté que dédain et insultes de tuteurs irresponsables, mais conscients de leurs délits. J'ai revendiqué le droit à une vie digne pour ces petits «bouts de bois» de Dieu, mais, impuissante, j'ai fini par abdiquer, rongée par l'amertume et la colère. Votre Majesté, s'il vous était donné le loisir de sillonner inopinément, voire incognito nos ruelles, vous ne manqueriez certainement pas de tomber sur des mendiants qui mettent en danger la vie de leurs enfants en exploitant leurs handicaps pour soutirer aux passants quelques pièces. Vous constateriez aussi que l'avidité conduit vilement à déshumaniser des parents qui, actuellement, méritent qu'on leur retire leurs enfants. Imaginez Votre Majesté, qu'une fillette dont la place est à l'école, mendie du matin jusqu'à tard la nuit avec une jambe souffrant d'une malformation, sous les directives d'une mère sans coeur, sadique, qui se délecte de ce que peut lui rapporter la souffrance de sa progéniture. Je jurerai même que cette mère n'a aucun intérêt à aller soigner son enfant, car plus handicap il y a, plus, pense-t-elle à tort, les gens auront pitié de sa petite fille. Nous n'osons donc même pas imaginer le traitement réservé à ces enfants loin des yeux des curieux. Votre Majesté, qui sauvera ces bébés exploités par des mendiants en pleine canicule dans les croisements et grands boulevards ? Qui sauvera ces enfants handicapés qui devraient recevoir des soins dignes au lieu de souffrir le martyr avec des parents indignes et prédateurs ? Même quand certains passants, outrés, menacent d'appeler les autorités, ces mendiants agressifs s'en moquent, sinon les narguent. Certes, les unités sociales sillonnent les rues, embarquent les mendiants, mais pour les relâcher juste après et rebelote ! De même, le travail de la Direction générale de la sûreté nationale ne saurait à lui seul résorber ce phénomène, d'autant plus qu'il concerne plusieurs nationalités différentes. En effet, il ne suffit pas d'une approche sécuritaire, mais également sociale pour assurer une prise en charge de ces enfants dans des centres spéciaux et leur assurer un avenir meilleur, loin des méandres de la mendicité. Ceci est donc un appel du coeur à Votre Majesté pour sauver ces enfants des affres de la mendicité, de la misère, de l'exploitation et d'un avenir sombre ... Sauvez-les de ce drame qui tisse sa toile sur leur pauvre existence. Ils ont droit et ont besoin d'un demain meilleur, nous vous en conjurons !