Le Forum économique mondial de Davos a été consacré à la «quatrième révolution industrielle». L'essor fulgurant des innovations technologiques risque de bouleverser profondément les modes de production et le facteur travail. Pour le meilleur ou pour le pire. Plus prosaïquement, les turbulences liées à la Chine et la crise des migrants ont également été au centre des débats. "En 46 ans, depuis que le Forum économique mondial (WEF) existe, je ne me souviens pas avoir eu à faire face à autant de problèmes en même temps». La déclaration est de Klaus Schwab, président du World economic forum, organisateur du rassemblement de Davos. Elle résume parfaitement les préoccupations, de ce qu'il est convenu d'appeler les «global leaders», en ce début d'année 2016, que certains observateurs appellent déjà l'année de tous les dangers. Cette année encore, les décideurs mondiaux se sont retrouvés dans la paisible ville suisse de 11.000 âmes, transformée pour l'occasion en épicentre du monde économique. Durant 4 jours (du 20 au 23 janvier), le gotha des décideurs mondiaux se sont réunis pour débattre des enjeux mondiaux du moment. Le thème central de cette 46ème édition était la «quatrième révolution industrielle». Un concept formulé et théorisé par Klaus Schwab, et qui transforme radicalement notre manière de penser l'économie, l'emploi, le monde de l'entreprise et même les rapports humains. L'essor exponentiel des nouvelles technologies de production et l'avènement d'une nouvelle ère fondée sur la «fusion des mondes physiques, numériques et biologiques», selon la formule de Klaus Schwab, sont les signes annonciateurs d'une révolution industrielle aussi importante que celle de la vapeur, de l'électricité et de l'automatisation. Opportunités et menaces Et comme dans toute révolution il y a des opportunités et des menaces, des gagnants et des perdants. L'avènement de la Big Data, de l'intelligence artificielle, de la robotique, des nanotechnologies, ou encore de l'impression 3-D, constitue autant d'opportunités et de potentiels pour les populations mondiales d'augmenter leurs revenus et d'améliorer leur qualité de vie. Pour les entreprises, les innovations technologiques sont la promesse de gains en efficience et en productivité, avec des coûts logistiques et de transactions qui vont considérablement diminuer. Vu sous ce prisme, la révolution industrielle annoncée ouvre de nouvelles perspectives florissantes pour l'économie mondiale, à travers l'exploration de nouveaux marchés, et insuffle un nouveau souffle à la croissance économique mondiale, actuellement pas au mieux de sa forme. Cependant, cette quatrième révolution industrielle n'est pas exempte de menaces. C'est ainsi qu'un rapport du WEF souligne que le marché de l'emploi, déjà mal en point, entre dans une phase de turbulences quasi-inédite dans l'histoire de l'économie. Ce ne sont pas moins de 5 millions d'emplois qui risquent de disparaître dans les cinq prochaines années. Sans parler des nombreuses usines et industries dont l'outil de production est menacé d'obsolescence. L'automatisation qui se substitue progressivement au travail humain, pourrait exacerber l'écart entre le rendement du capital et celui du travail, avec les tensions sociales que cela pourrait engendrer. La Chine ? Même pas peur Au-delà de la réflexion sur les conséquences de la quatrième révolution industrielle, les participants à ce forum étaient préoccupés par d'autres sujets, plus immédiats. Le ralentissement chinois, le drame planétaire des migrants, la chute des cours des matières premières, l'insécurité, la croissance mondiale molle, etc., sont autant de sujets qui préoccupent au plus haut point les «global leaders». Etonnamment, la majorité des participants au forum se montre rassurante sur l'évolution de l'économie chinoise. «Nous ne voyons pas un atterrissage brutal de la Chine. Nous voyons une évolution, une grande transition qui va peut-être secouer, provoquer des turbulences, nous devons nous y habituer», a notamment déclaré Christine Lagarde, Directrice générale du FMI. Quant au magnat de la finance mondiale, le milliardaire Georges Soros, il assure que le pire est derrière nous concernant la Chine, et que l'Empire du milieu a «les ressources pour gérer son atterrissage et dispose de plus de marge de manoeuvre que beaucoup d'autres pays». Mais cet optimisme s'efface quand il s'agit de parler de la crise migratoire, véritable défi lancé à la face du monde. L'afflux de réfugiés, notamment en Europe, met en péril la stabilité du Vieux continent, en l'absence de solutions collectives. La CGEM fait entendre la voix du Maroc Le forum de Davos a été l'occasion pour la délégation marocaine de louer la destination Maroc. Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM, a valorisé deux atouts essentiels du Maroc qui ont contribué à renforcer la confiance des investisseurs : la stabilité politique et sociale, véritable exception dans la région, et le climat des affaires favorable. La patronne des patrons a notamment rappelé que la stabilité politique du Maroc est le fruit de la confiance entre le Roi Mohammed VI et le peuple marocain. Elle se fonde aussi sur la dynamique du processus de construction démocratique et sur l'importance des réformes engagées et les des chantiers stratégiques mis en oeuvre : Port Tanger Med, Plan Maroc Vert, Stratégie sur les énergies renouvelables, Ligne à grande vitesse (LGV), Initiative nationale pour le développement humain (INDH), partenariat Sud-sud et vision africaine, entre autres. M. Bensalah a aussi rappelé que le Maroc a gagné 53 points dans le Doing Business au cours des 5 dernières années, ce qui a permis de doubler les montants des investissements directs étrangers, avec aujourd'hui plus de 35% des investissements réalisés dans la région.