Le déficit hydrique s'aggrave, impliquant baisse d'activité, hausse du chômage et des cours de l'aliment de bétail. Le gouvernement devrait annoncer des mesures d'urgence pour venir en aide aux exploitants. C'est une année difficile qui se profile. Le déficit hydrique a atteint des niveaux très inquiétants surtout dans les zones bours. Pour les zones irriguées, la situation est moins délicate, mais si l'absence des pluies perdure, la rationalisation de l'eau s'imposera. La sécheresse implique une forte demande en eau, notamment pour les cultures les plus consommatrices, comme les fruits et légumes. Le département de tutelle a annoncé la création d'une commission de veille chargée de faire le suivi de la saison. Dans le meilleur des cas, la saison serait au-dessous de la moyenne, soit moins de 60 millions de quintaux de céréales.Encore faut-il que les précipitations soient au rendez-vous entre janvier et mars. Le gouvernement devrait annoncer un plan d'urgence pour venir en aide aux fellahs les plus vulnérables. Il est prévu de débloquer 1,2 milliard de DH pour l'assurance agricole et distribuer de l'aliment subventionné, notamment de l'orge, pour sauvegarder le cheptel. Un rééchelonnement des dettes des exploitants n'est pas exclu. Sur le terrain, un climat d'inquiétude règne dans le monde rural. Le volume des dernières précipitations ne peut redresser la situation. Les fellahs commencent, d'ores et déjà, à se préparer au pire en réduisant leur cheptel et en stockant l'aliment de bétail. «Il y a trois mois, la botte de paille se négociait à moins de 10 DH, actuellement, elle est proposée à 25 DH. L'orge était à 150 DH le quintal, son prix a doublé et plus la pluie est absente, plus les cours vont augmenter», souligne Hmida Belahcen, marchand de bétail de la région de Benslimane. A contrario, les prix du bétail et de la main-d'oeuvre ont sensiblement baissé. «Il est difficile d'entretenir un troupeau au-delà de certaines tailles. Dans les périodes de sécheresse, la plupart des éleveurs réduisent le nombre de bêtes pour rationnaliser les dépenses. C'est ce qui explique l'offre abondante de bétail sur le marché, et par conséquent, la baisse des prix. Par contre, les bêtes destinées à l'abattage ont vu leur prix augmenter du fait du renchérissement des coûts de production», témoigne un marchand de bétail à Souk Sebt de Tit Mellil. Conséquence immédiate, la baisse d'activité a engendré une augmentation du niveau de chômage dans le monde rural. En effet, les terres emblavées dépassent en moyenne 5 millions d'hectares alors que cette année, elles se sont limitées à 3,4 millions, soit une baisse de 32%. «En pareilles périodes dans les saisons humides, les ouvriers agricoles négociaient la journée de travail entre 80 et 100 DH, voire plus, du fait de la demande en main-d'oeuvre. Dans des saisons similaires, ils se contentent de 60 DH, voire moins. Ils s'orientent vers d'autres activités comme le BTP, le commerce ambulant ou encore cherchent du travail dans les villes», rapporte Said Khayati, militant associatif à Benslimane. La situation actuelle conforte encore une fois la vulnérabilité de l'agriculture nationale et sa dépendance des aléas climatiques. Le secteur est presque entièrement dépendant de la pluviométrie dont la quantité varie selon les régions et les années. La production céréalière, réalisée essentiellement en zones pluviales, est sujette aux fortes fluctuations interannuelles de la pluviométrie. Les superficies irrigables qui pourraient réduire cette dépendance du climat, représentent moins de 9% des superficies cultivées et contribuent à moins de 17% de la production totale. Sécheresse, une fatalité ? La pluie est un évènement aléatoire dont on ne peut prévoir à moyen terme ni les volumes ni les épisodes. Le temps qui s'écoule, entre deux épisodes pluvieux, peut varier de quelques jours à quelques mois. Le temps écoulé durant lequel il n'y a pas eu suffisamment de pluie pour subvenir aux besoins en eau de la culture, est appelé période de sécheresse. Pour pallier ce problème d'imprévisibilité de la pluviométrie, les recherches ont opté pour l'approche qui consiste à fixer une période et calculer la quantité reçue durant cette période. La période en question peut être une semaine, une décade, deux décades, un mois, une phase du cycle, ou tout le cycle. Dans les études hydrauliques ou climatiques, la période considérée peut correspondre à plusieurs années. Si les besoins en eau des cultures au cours du cycle ne sont pas satisfaits, la croissance normale de la culture peut être affectée. Sur une période donnée, plus la pluviométrie est inférieure aux besoins et plus la sécheresse est importante. En clair, la sécheresse est donc une insuffisance de pluviométrie, pendant une période de temps, qui aurait un effet négatif sur la culture.