* Cette conférence se veut une occasion de jeter les bases d'un «modèle équilibré d'immigration dans l'intérêt de tous». * Près d'une soixantaine de pays africains et européens, plusieurs représentants d'organisations internationales et régionales ont pris part à cette conférence en vue d'examiner les moyens adéquats à mettre en uvre pour mieux contenir et gérer les flux migratoires. Cest le dimanche 9 Juillet que s'est tenue la Conférence euro-africaine pour une migration concertée entre le Nord et le Sud. La tenue de cette conférence à Rabat n'est pas le fruit du hasard, mais il faut dire que la situation géographique du Maroc l'expose à un flux migratoire très intense de la part des populations subsahariennes, mais aussi en provenance d'autres régions plus éloignées. Ce mouvement, qui a pris ces dernières années des dimensions incontrôlables, pose au Maroc un véritable défi, comme en témoigne la forte concentration des populations subsahariennes dans les zones limitrophes des villes de Sebta et Méllilia. Les assauts successifs organisés récemment par les immigrés clandestins contre les barrières érigées autour de ces villes, illustrent la gravité du phénomène et la situation d'extrême détresse dans laquelle peuvent se trouver des populations campant dans les forêts de la région depuis des années. Les projections des flux de la migration clandestine pour les années à venir s'accordent toutes pour pronostiquer une intensification de ce mouvement, compte tenu de la détérioration continuelle de la situation économique et sociale dans les principales régions émettrices. A l'ouverture de la conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohammed Benaïssa, a déclaré qu'en liant la problématique migratoire à l'impératif de développement, la conférence de Rabat se doit d'apporter une réponse globale, ambitieuse et durable à la question de la gestion du flux migratoire. Il considère que le problème des migrations irrégulières traduit une ligne de faille entre l'Europe et l'Afrique et ne peut se limiter à des considérations sécuritaires. Cette conférence se veut ainsi un moment d'agir et de travailler pour la mise en uvre d'initiatives concrètes notamment en matière d'éducation, de recherche scientifique et de développement pour que les pays africains puissent profiter pleinement de ces ressources dont l'Afrique a besoin. Dans le même sillage, le chef de la diplomatie espagnole a souligné l'importance de lutter de façon « coresponsable » contre les filières mafieuses de l'immigration clandestine, qui font de l'Europe une destination incertaine pour les candidats à un rêve européen abordé dans des conditions d'extrême précarité. A ce sujet, il prône l'instauration d'un «modèle d'immigration équilibré dans l'intérêt de tous». En effet, il est désormais clair que pour mettre un terme au clivage Nord-Sud, tout devrait être fait par le Nord et le Sud pour éviter les drames humains qui jalonnent le parcours de la migration illégale et pour organiser, ensemble, les règles et les conditions d'une migration mutuellement profitable, d'une migration concertée. Pour le commissaire aux relations extérieures et politique européenne de voisinage, Benita Ferrero-Waldner, le traitement de la question migratoire passe par une « approche transrégionale » impliquant les pays d'origine, de transit et de destination. Dans un point de presse organisé en marge de la conférence ministérielle, elle a affirmé que « la migration représente un défi commun très important pour les pays d'origine, de transit et de destination, d'où la nécessité d'une «approche transrégionale». D'après Mme Ferrero-Waldner, «cette perspective globale doit prendre en considération la corrélation entre la migration et le développement et englober le contrôle des frontières, la coopération policière et judiciaire et la lutte contre la traite des êtres humains, la réadmission et les perspectives de la migration légale. Elle estime par ailleurs que la question migratoire figure parmi les priorités de la politique extérieure européenne, citant à cet égard les actions que son département compte entreprendre à court terme, telles la mise en place de patrouilles conjointes de contrôle de la côte occidentale de l'Afrique dans le cadre de l'Agence européenne des frontières et la création d'une équipe d'intervention rapide dans les situations de crise. Après avoir corrigé l'expression «immigration» choisie dont il est le promoteur, le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, précise que l'immigration doit être choisie par le pays de destination comme par le pays d'origine. Selon le ministre de l'Intérieur, « la loi relative à l'immigration et à l'intégration, votée par le Parlement français le 30 juin dernier, s'inspire directement de cette logique».