Plus de 800 dirigeants d'entreprises ont assisté aux travaux du Forum économique maroco-ivoirien organisé le mercredi 21 janvier à Marrakech. Plusieurs conventions ont été signées entre les opérateurs privés des deux pays. Marrakech a vibré cette semaine au rythme de la coopération maroco-ivoirienne. Ainsi, au lendemain de la signature d'une quinzaine d'accords de coopération devant le Roi Mohammed VI et son hôte, le Président de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, (ces accords engagent les gouvernements des deux pays), c'est le secteur privé qui a pris le relais mercredi en animant un Forum d'une grande teneur économique. Initié par les patronats des deux pays, la rencontre a eu lieu sous le thème «Maroc-Côte d'Ivoire : une dynamique de co-émergence en marche». Moins d'un an après la tenue de sa première édition à Abidjan, l'évènement de Marrakech vient illustrer une volonté commune de faire des partenariats économiques un des moteurs de la co-émergence, en réponse à l'appel historique lancé par le Souverain lors de sa visite à Abidjan en février 2014, auquel tous les participants du Forum ont fait référence. Rappelons à ce titre que la rencontre de février 2014 a connu la signature de 26 accords, dont 23 conventions de partenariat et trois accords dans le cadre d'un partenariat triangulaire au service de l'Afrique, outre la création d'un Conseil d'affaires entre les deux pays. Dans son discours inaugural, le ministre marocain de l'Industrie, du Commerce, de l'investissement et de l'Economie numérique plaide pour une intégration des chaînes de valeur par la mise en place d'écosystèmes régionaux dans différents secteurs à fort potentiel, tels que la transformation et la valorisation des matières premières, des productions agricoles et industrielles. «De même, nous devons développer davantage les finances, la construction, la santé, l'industrie pharmaceutique, la logistique et l'éducation», ajoute Moulay Hafid Elalamy. Mais l'accélération de cette intégration économique, insiste Elalamy, passe par la signature de l'Accord de partenariat économique préférentiel entre le Maroc et l'UEMOA. «Cet accord est le garant d'un développement significatif dans une logique gagnant-gagnant. Le Maroc, reconnaissant le poids de la Côte d'Ivoire, véritable locomotive de l'Afrique de l'Ouest avec près de 40% du PIB de l'UEMOA, est confiant du rôle qu'elle joue au sein de ce marché en plein développement, de 80 millions d'habitants», souligne le ministre de l'Industrie. L'autre priorité exprimée par le gouvernement marocain relève des atouts liés à la position géographique des deux pays qui ont ainsi l'opportunité de s'ériger en un hub régional uni pour attirer davantage d'investisseurs internationaux. Dans le même ordre d'idées, le ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, rappelle aux Ivoiriens que le Maroc, à travers Casablanca Finance City, ambitionne de drainer plus de financements internationaux vers le continent africain. De son côté, le président d'Attijariwafa bank, qui s'est exprimé à Marrakech au nom du GPBM, a tenu à envoyer un message clair et précis aux entrepreneurs ivoiriens : «les portes des banques marocaines vous sont grandes ouvertes». La priorité de la coopération économique maroco-ivoirienne, aux yeux de Boussaid, est à accorder aux secteurs de la sécurité alimentaire (agriculture, engrais), les infrastrctures, la diversification des sources d'énergie, l'industrie et les mines. «Nous pouvons faire évoluer le train des échanges pour doper le commerce entre nos deux pays qui est encore faible, bien qu'il ait progressé de manière exponentielle en cinq ans», souligne pour sa part la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah. Et d'ajouter : «Nous, acteurs du terrain, savons aussi qu'il existe parfois des entraves qu'il nous faut surmonter malgré la volonté affichée». Un environnement socio-politique stable, un cadre macroéconomique maîtrisé, un climat des affaires en amélioration continue (le pays figure depuis deux ans sur la liste des dix pays les plus réformateurs dans le rapport doing business) , une croissance économique soutenue, le leadership et la vision du président Ouattara aspirant à intégrer le club des pays émergents à l'horizon 2020...etc, la Côte d'Ivoire a tout pour séduire les investisseurs et les capitaux marocains. Le Forum économique et les visites croisées des deux Chefs d'Etat laissent augurer d'un avenir meilleur. Les premiers fruits de cette nouvelle dynamique caractérisant la coopération économique sur l'axe Rabat-Abidjan ne tarderont certainement pas à se faire sentir.