Abdelkader Amara vient de dévoiler la feuille de route de l'introduction du gaz naturel liquéfié (GNL) au Maroc. Pour un investissement de 4,6 Mds de dollars, trois infrastructures gazières vont être réalisées dans le cadre du projet, à savoir une jetée maritime au port de Jorf Lasfar, le terminal de regazéification et le gazoduc de transport à haute pression. La mise en service de ces installations est prévue pour le premier semestre 2021. La feuille de route de l'introduction du gaz naturel liquéfié (GNL) au Maroc a enfin vu le jour. C'est lors d'un point-presse, tenu le mardi 16 décembre, qu'Abdelkader Amara, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, a dévoilé les détails de ce projet stratégique pour l'avenir éner-gétique du pays. Il faut dire que le ministre s'est penché depuis quelque temps sur ce dossier qui figurait parmi ses priorités. Et pour cause, le GNL est une composante essentielle de la concrétisation du défi que le Maroc s'est fixé dans le cadre de la stratégie nationale énergétique, à savoir diversi-fier son bouquet énergétique. Abdelkader Amara précise que ce projet offre plus d'alternatives aux industriels notamment après la dernière décision gouverne-mentale relative à la suppres-sion des subventions sur le fioul industriel et le gasoil. Considéré comme l'énergie de l'avenir, le GNL est un combustible plus économique que le fuel soit 40% moins cher, plus souple à mettre en oeuvre et plus respec-tueux de l'environnement. Avec l'introduction du GNL, le Maroc assurera la sécurisa-tion de son approvisionnement énergétique, la diversification de son bouquet énergétique et la réduction de sa facture éner-gétique. Aujourd'hui, c'est un plan natio-nal de développement et d'utili-sation du gaz naturel sous forme de GNL qui est mis en place par le ministère de l'Energie et des Mines en coordination avec l'ONEE et après concertations avec les principaux opérateurs énergétiques nationaux. Ce plan vient à point nommé pour répondre aux défis énergétiques que le Maroc est amené à rele-ver dans les prochaines années. Parmi ces défis : satisfaire une demande électrique nationale en forte croissance ; réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de l'extérieur et des com-bustibles fossiles à travers la montée en puissance des éner-gies renouvelables, valoriser les produits énergétiques locaux et sécuriser l'approvisionnement de nos centrales électriques (CCGT) qui fonctionnement au gaz naturel. Il est utile de rappeler que la convention de transit du gaz algérien par le gazoduc Maroc Espagne (GME) et du contrat de fourniture de gaz naturel par la Sonatrach (Algérie) vont expirer en novembre 2021 d'où l'impor-tance de la mise en oeuvre de cette feuille de route. Des infrastructures à l'image des ambitions Conformément aux recomman-dations des études réalisées, c'est au niveau de Jorf Lasfar que le terminal GNL va être construit. Trois infrastructures gazières vont être réalisées dans le cadre du projet à savoir une jetée maritime au port, le terminal de regazéification et le gazoduc de transport à haute pression. Il est également prévu pour ache-miner le GNL vers les autres sites, un gazoduc de 400 Km qui va relier le terminal au GME en passant par Mohammedia, Kénitra et Dhar Doum. La mise en service de ces infrastruc-tures gazières et électriques est prévue au courant du premier semestre 2021. Ce projet d'envergure va néces-siter un investissement global de 4,6 Mds de dollars dont 2,4 Mds de dollars pour la réalisa-tion des infrastructures gazières et 2,2 Mds de dollars pour la réalisation de la première phase des infrastructures électriques. Cet investissement sera financé, en grande partie, par des inves-tisseurs privés et des institu-tionnels nationaux et internatio-naux dans le cadre de contrats de concession PPA (Purchase power agreement). A ce propos, Mohamed Fettah, président de la Fédération de l'énergie, nous confie que le secteur attendait cette nouvelle depuis fort longtemps. Et d'ajou-ter que les opérateurs privés sont prêts pour investir massive-ment dans le cadre de ce grand projet national notamment dans les infrastructures de réception (terminal), de stockage et de distribution. La mise en oeuvre du plan sera scindée en trois phases. La pre-mière concerne la construction du terminal GNL. La deuxième phase est le «gaz to power» qui repose sur le stockage et la production des énergies renou-velables grâce à leur transfor-mation en hydrogène ou en méthane de synthèse. Ceci per-mettra de résoudre le problème d'intermittence des énergies renouvelables qui complique la gestion de l'équilibre entre l'offre et la demande. Quant à la troisième partie «gas to industry», elle concerne le développement de l'utilisation du gaz naturel dans l'indus-trie avec l'éventuelle possibilité, selon l'évolution de la matu-rité du secteur du gaz naturel, d'étendre progressivement son utilisation aux consommateurs tertiaires et résidentiels. Le ministre a souligné que l'ap-provisionnement des ménages en gaz ville interviendra après la maturité de la filière gazière et l'optimisation de l'utilisation industrielle. L'enjeu est de taille pour le Maroc qui devra rattraper le retard accumulé dans ce domaine puisque contrairement aux autres sources, les projets de gaz ne se développent en amont que lorsqu'il y a une demande équivalente. Or, actuellement, beaucoup de pro-jets de production de GNL qui ont vendu toutes leur production à l'avance, sont en cours de construction.