Les 2èmes Assises nationales de la médecine dentaire organisées récemment ont permis de planter le décor du secteur de la médecine dentaire au Maroc, ainsi que les perspectives d'avenir. Le Maroc compte un médecin dentiste pour 7.100 habitants et un équipement dentaire pour 7.000 citoyens. La présentation de la Stratégie nationale de développement du secteur de la santé buccodentaire pour la période 2015-2025 et l'annonce de la passation du régime d'autorisation administratif vers celui de l'inscription ordinale ont été les faits marquants de ces 2èmes Assises. La situation de la santé buccodentaire au Maroc est plus qu'inquiétante pour ne pas dire alarmante. C'est le constat relevé lors des 2èmes Assises nationales de la médecine dentaire organisées récemment sous le haut patronage de SM le Roi. Ce rendez-vous, tant attendu par les professionnels, a été l'occasion de dresser le bilan des réalisations accomplies par l'Ordre national des médecins dentistes, d'exposer et débattre les contraintes liées au secteur ainsi que les perspectives. L'importance de ce secteur (composante essentielle de la santé publique) a été corroborée par la présence effective du Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, et de deux membres de son gouvernement, à savoir Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur et Abdeslam Seddiki, ministre de l'Emploi et des Affaires sociales. «L'essor du secteur de la médecine dentaire constitue un modèle type dont la réussite peut entériner la voie de croissance de notre pays qui se confirme de plus en plus aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale et qui nécessite la mise à niveau de tous les secteurs», souligne le Chef du gouvernement en guise d'introduction. Avant d'ajouter que les perspectives de développement et de la structuration de ce secteur ne se limiteront pas uniquement à répondre aux besoins des Marocains voire même à ceux du continent africain. Cette présence des membres du gouvernement a été qualifiée par Mohamed Jerrar, président de l'Ordre national des médecins dentistes, de significative eu égard au processus de réforme économique et sociale engagé par le Royaume visant à promouvoir le développement économique, l'équité sociale mais aussi à assurer un doit constitutionnel, celui de l'accès aux soins. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui et encore moins pour les soins buccodentaires. D'après les résultats de l'enquête épidémiologique nationale réalisée par le ministère de la Santé en 2012 en collaboration avec l'OMS, on compte un médecin dentiste pour 7.100 habitants et un équipement dentaire pour 7.000 citoyens. Le nombre des dentistes ne dépasse pas les 4.804 pour une population estimée à 34 millions d'habitants. Pis encore, environ 87% (soit 4.164 dentistes) opèrent dans le secteur privé alors que seuls 460 dentistes pratiquent dans le public. Un état des lieux qui laisse à désirer pour un pays qui se prépare à entrer dans le cercle très fermé des pays émergents. En effet, ces chiffres donnent une idée claire sur la santé bucco-dentaire chez la population marocaine, mais aussi sur les défis majeurs que devra relever le secteur dans les prochaines années. «Parmi ces défis, adopter une législation moderne à la profession. C'est l'un des obstacles majeurs de la profession étant donné que le métier de médecin dentiste, régi par un cadre réglementaire moderne, à savoir la loi 07-05 relative à l'Ordre national des médecins dentistes, est soumis au Dahir n° 1-59-367 de 1960 portant réglementation de l'exercice des professions de médecin, pharmacien, chirurgien-dentiste, herboriste et sage-femme», dénonce Mohamed Jerrar. Les professionnels prônent donc la mise en place urgente d'une législation moderne qui soit adaptée aux spécificités du métier. Réalisations et perspectives Ceci dit, le secteur de la médecine dentaire s'apprête à entamer une étape décisive. Celle couronnée par l'élaboration de la Stratégie nationale de développement du secteur de la santé buccodentaire pour la période 2015-2025 qui s'inscrit dans le cadre d'une vision intégrée de concertation et de collaboration entre les différentes potentialités du secteur. Présentée lors de ces Assises, cette stratégie qui s'articule autour de huit axes, vise à valoriser et promouvoir la santé buccodentaire chez l'ensemble de la population. Les objectifs chiffrés à l'horizon 2025 se résument à : réduire de 30% la prévalence de la carie dentaire chez les enfants de moins de 15 ans, diminuer de 40% le nombre de cas des parodontopathies chez les jeunes de moins de 15 ans, atteindre un ratio de médecins dentistes et équipements de 1 pour 5.000 habitants et améliorer la réponse aux urgences des affections buccodentaires. La profession s'apprête également à franchir un grand pas à partir du 27 novembre, date à laquelle la passation du régime d'autorisation administratif vers celui de l'inscription ordinale sera effective. En d'autres termes, toute inscription à l'exercice dans le secteur privé passera par l'Ordre national des médecins dentistes et non plus au niveau du Secrétariat général du gouvernement comme c'est le cas aujourd'hui. Un exploit pour cet organe qui n'avait auparavant qu'un avis consultatif. Il faut dire que l'Ordre travaille d'arrache-pied pour l'émergence du secteur. Parmi les réalisations accomplies, on cite l'extension du panier des soins buccodentaires par la CNSS (démarrage prévu janvier 2015), l'application des tarifs nationaux de référence dans le cadre de la convention signée avec la CNOPS (alignement prévu pour 2015), l'élargissement de la couverture médicale de base pour les médecins dentistes... Cependant, malgré les avancées enregistrées, la guerre n'est pas pour autant gagnée. En effet, outre les défis cités ci-dessus, les médecins dentistes mènent une bataille sans merci contre l'exercice illégal de cette fonction pratiquée par les charlatans et qui est très répandue dans notre société, notamment dans les souks, les halquas... Un combat qui nécessite la convergence des efforts de tous les acteurs concernés à savoirs pouvoirs publics, médecins dentistes, société civile, mais aussi des citoyens qui sollicitent les charlatans ignorant ainsi tous les risques liés à leurs pratiques pour ne citer que la contamination de graves maladies comme l'hépatite, la tuberculose ou encore le sida...