La coupe d'Afrique des nations de football 2015 ne se tiendra pas au Maroc. La «toute puissante» Confédération africaine de football en a décidé ainsi, au terme d'un feuilleton qui aura duré plusieurs semaines. On va devoir se contenter, pendant longtemps, de la Botola, qui ne draine vraiment foule que lors des grands derbys, notamment ceux opposant le WAC au Raja. Mais finalement, la délocalisation forcée de la CAN est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Il faut reconnaître, que sur ce sujet, les avis sont tranchés. Pour autant, la posture du Maroc, qui a demandé le report de la compétition en invoquant comme motif la propagation du virus Ebola, se tient. Elle paraît légitime à plusieurs égards. On ne peut le nier : le risque d'une «importation» du virus existe bel et bien. Et le Maroc a-t-il aujourd'hui les moyens de contenir une épidémie dans un contexte sportif où tous les facteurs favorables à sa propagation sont réunis ? Evidemment non. Surtout quand on voit les moyens humains et matériels déployés en Europe, ne serait-ce que pour surveiller un individu potentiellement porteur du virus. Il semble utile de le rappeler : Ebola, ce sont quand même 5.000 morts et des milliers de personnes infectées. Fallait-il alors prendre le risque d'organiser cette compétition internationale ? L'amour du foot justifie-t-il d'exposer sa population à un tel risque sanitaire? Non. Il faudrait être naïf pour croire que la CAF tient mordicus à l'organisation de la CAN aux dates prévues pour des raisons purement sportives. Ce qui intéresse l'instance dirigée par le grand manitou Issa Hayatou, c'est le pognon: autrement dit, renflouer les comptes bancaires de la CAF. C'est cela sa priorité. «Organisez la CAN, pour le reste, on verra !», semble dire la CAF. Soit. Mais comme l'a affirmé mardi dernier le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzzine, suite à la décision prise par la CAF, «l'intérêt du Maroc et des Marocains prime sur toute autre considération». Mieux vaut prévenir que guérir. La raison a donc prévalu. Mais, l'on s'en doute, cette ligne de conduite aura forcément des conséquences. Cela ira de la suspension de l'équipe nationale et des clubs des compétitions africaines (certains avancent pendant 4 ans) aux sanctions financières. En outre, il faudra attendre encore longtemps avant de voir une CAN s'organiser en terre chérifienne. Certes, mais convenons-en, tout cela ne vaut pas une vie humaine. Voire des vies humaines.