Les métiers classiques (textile, agroalimentaire, etc.) avaient plus brillé par leur manque de dynamisme à l'export lors des années précédentes au profit des métiers d'avenir. Au demeurant, cette tendance s'inverse aujourd'hui, car la branche du textile et le secteur de l'agriculture et agroalimentaire affichent une bonne tenue au niveau des ventes à l'étranger. Cette bonne dynamique est imputable à un vent favorable, à la nouvelle diplomatie économique mise en place et aux multiples stratégies nationales qui ont commencé à porter leurs fruits. Depuis quelques années, les nouveaux métiers particulièrement l'automobile, l'aéronautique et l'électronique constituent les têtes de pont des exportations nationales. D'ailleurs, l'automobile occupe désormais le premier poste des ventes à l'étranger avec la branche de construction et celle des pièces détachées. A cette performance s'ajoute une autre et non des moindres, la bonne tenue depuis quelques temps du secteur de l'agriculture et agroalimentaire et de la filière du textile et cuir. Chiffres à l'appui, à fin septembre 2014, les exportations du secteur de l'agriculture et agroalimentaire ont augmenté de 2,6% par rapport à la même période de l'année dernière pour s'élever à 26,5 Mds de DH. Cette évolution est la résultante de la hausse des exportations de l'industrie alimentaire de 2% à 15,6 Mds de DH et du raffermissement de celles de la branche «agriculture, sylviculture, chasse» de 4,9% à 7,9 Mds de DH. Un vent favorable Il est important de noter que ces résultats encourageants interviennent dans un contexte où le Royaume mène une forte offensive accompagnée d'une réelle diplomatie économique pour renforcer les parts de marché du secteur de l'agriculture et agroalimentaire notamment dans certains bastions porteurs pour ne citer que le Vieux continent et le Moyen-Orient. Ce volontarisme amplement assumé est encore conforté par la récente participation marocaine au Grand festival agroalimentaire qui s'est tenu en Russie avec la présence de Mohamed Abbou, ministre délégué au Commerce extérieur. Dans cette même veine, les efforts de promotion de la filière en Afrique portent aujourd'hui leurs fruits. Pour avoir un ordre de grandeur, près de 33 % des exportations marocaines vers l'Afrique subsaharienne qui représentaient 11,7 Mds de DH d'après l'Office des changes en 2013, concernaient l'alimentation, les boissons et le tabac. Pour ce qui est du marché européen se caractérisant par ses exigences sanitaires, phytosanitaires et de quotas, force est de constater que les produits agricoles nationaux arrivent tant bien que mal à se frayer leur place. L'exemple de la tomate marocaine qui fait face à la concurrence espagnole est édifiant. Concernant le secteur du textile et cuir, ses ventes à l'étranger ont augmenté de 1,8% à fin septembre 2014 par rapport à la même période de 2013 pour s'établir à 24,8 Mds de DH. Cette prouesse est à relier à l'accroissement des exportations des vêtements confectionnés de l'ordre 3,8% et de l'augmentation de celles des chaussures à hauteur de 2,1%. Ces expéditions à l'étranger se sont chiffrées à 15,2 Mds de DH pour les vêtements confectionnés et à 2,2Mds de DH s'agissant des chaussures. Au-delà de ces résultats prometteurs, le secteur du textile et cuir a surtout tiré profit d'un vent qui lui est largement favorable contrairement aux années qui ont suivi la crise de 2008. Le continent européen, zone de prédilection des exportations du secteur, se relève progressivement de la morosité économique. A côté de cette conjoncture clémente, subsiste le dessein des professionnels et des pouvoirs publics de restructurer le secteur du textile et de l'habillement. Pour rappel, un plan visant à accélérer la croissance de la filière et de ses acteurs à l'horizon 2025 a été mis en place depuis 2012. Celui-ci devrait augmenter la taille du secteur en lui permettant d'atteindre un PIB oscillant entre 46 et 48 Mds de DH et des exportations sectorielles variant entre 85 et 95 Mds de DH. Cette nouvelle stratégie devra en outre mieux outiller la filière pour lui permettre de faire face à la concurrence chinoise et turque. En cela, la réindustrialisation et la montée en gamme sont des axes prioritaires. Cela étant rappelé, le Plan d'accélération industrielle doté de 20 Mds de DH et fortement incarné par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, a pour feuille de route non seulement de soutenir les nouveaux métiers mais aussi de redorer le blason des métiers classiques en boostant leurs ventes à l'étranger à l'horizon 2020. Ce qui est de bon augure pour les exportations nationales qui devraient progresser de 5,3% en 2015. D'après les récentes prévisions, celles-ci devraient se chiffrer à près de 240 Mds de DH l'année prochaine, et ce malgré la période de vaches maigres que traversent les ventes à l'étranger des produits phosphates et dérivés.