De cette flamme est parti un rêve ! Un printemps qui promettait mille et un feux de la renaissance, de la démocratie et du droit au bonheur et à la dignité humaine. Seulement, ce corps immolé sur l'autel de la résurrection du monde arabo-musulman, ne fût malheureusement qu'une étincelle qui alluma la foudre dormante et embrasa le semblant d'un rêve porté par les coeurs vaillants des enfants de cette région. Le constat est amer, les peuples de cette région semblent être condamnés à vivre encore dans une anxiété permanente et une frayeur continue face à l'absurde de l'épouvante et un lendemain incertain. Avec l'enlisement de la Syrie depuis plus de trois années, la dislocation totale de l'Irak qui s'engouffre de plus en plus entre ses séparatistes, ses chiites et ses sunnites, l'Egypte qui danse l'équilibriste sur des pas brûlants entre le parquet de la «stabilité» des militaires et le «Rabâa» turbulent des islamistes. Il y a d'une part, Israël qui saisit le terrain libre pour commettre son génocide à Gaza au vu et au su de la communauté internationale en assassinant de sang froid les civils, en l'occurrence des enfants et des femmes palestiniens sans aucune défense, avec le déni total du droit international et des résolutions de l'Assemblée générale ou du Conseil de sécurité des Nations Unies, et sans avoir à payer ni à justifier ses crimes que l'Occident passe sous silence dans le meilleur des cas ou les encourage implicitement ou explicitement en invoquant le droit de se défendre contre le «Hamas» qu'il considère comme une organisation terroriste, étant donné que ce dernier est du mauvais côté et réclame le droit de son peuple à vivre librement. D'autre part, c'est l'horreur à visage humain, car si d'un côté, le président syrien Bachar Al Assad tue les enfants de son peuple et les exécute sans foi ni loi, les groupes salafistes quant à eux, ne sont pas des enfants de choeur. Ils lui ravissent même la vedette dans ce domaine avec leurs spectacles nauséabonds des têtes coupées à l'arraché. En effet, tous les facteurs ont été propices aux différents groupes islamistes pour prendre la région en otage, soit par des élections pour les déclarés «modérés» d'entre eux, soit par le «Djihad» qu'ils proclament de prime abord contre leurs frères pour les extrémistes d'entre eux, dits «terroristes». Dans mon article «La Syrie : poudrière du Proche-Orient» publié il y a une année sur Finances News, une certaine vision prémonitoire de ce qui arrive aujourd'hui se dégageait clairement de l'analyse de l'imbroglio qui secouait ce pays et toute la région : «...la Syrie se trouve aujourd'hui investie par la nébuleuse salafiste d'obédience Jihadiste, Al-Qaïda, qui a pris place dans le pays en se déclarant comme «l'arche» de sauvetage de l'Islam sunnite qui va permettre d'une part, la reconquête de l'Irak et la libération de la Palestine et d'autre part, d'arrêter le chiisme rampant de l'Iran, surtout après le renforcement des liens de l'Etat syrien avec ce dernier. Ce sont ainsi ces combattants venus d'Irak, du Liban, de Jordanie, du Maghreb, d'Europe et d'Asie mineure qui sèment la terreur dans le pays et veulent par la même occasion anéantir les radicaux chiites du Hezbollah qui eux, ont réussi à prendre le contrôle d'une partie de la frontière libano-syrienne. Ces guerriers nourris par le salafisme radical et par la haine de tout ce qui est différent à leur pensée extrémiste, se sont constitués ledroit de «tuer les chiites alaouites considérés comme une branche hérétique de l'islam et expulser les chrétiens vers le Liban»1. Ce groupe constitue d'ailleurs l'ébauche de l'horreur qui va donner naissance à l'Etat Islamique ou DAECH au mois de juillet 2014 en plein Ramadan à l'instigation de leur Chef Abu Bakr Baghdadi, proclamé «Amir Al Muîminin», Calife de la Umma et que tous les musulmans ont le devoir de lui prêter allégeance. Seulement, paraît-il selon la presse locale et même occidentale, ce dernier a bel et bien trempé dans les services secrets de ce qu'il considère avec ses acolytes comme des mécréants. Il est clair aujourd'hui que face aux déséquilibres que connait cette région suite aux différents événements cités auparavant ainsi qu'à la perte de vitesse de l'armée syrienne devant les différents fronts de l'opposition, et en particulier ceux de l'EI qui semaient l'horreur en toute tranquillité sur les fronts syriens et irakiens sous le silence assourdissant et complice du voisinage proche, de la communauté internationale et du monde qui se dit libre et prétend combattre le terrorisme comme en Afghanistan et en Irak. Car, la Turquie n'a pas adopté une position de neutralité vu que ses intérêts dans la région qui se conjuguent bien avec la chute du régime syrien. «Elle a même pris la tête de l'opposition au régime syrien, tout en tolérant le transit d'un certain nombre de combattants arborant le drapeau noir à sa frontière»2. L'Occident via les Nations Unies et la communauté internationale, après tant de mutisme suspect sort de son silence et appelle à combattre l'EI et lutter contre le terrorisme. Sommes-nous devant la voie de la sagesse avec une position claire et tranchée de l'Occident ? Le va-t-en-guerre contre les terroristes s'inscrit-il réellement dans un combat pour contrer ces fous de Dieu qui saccagent tout ce qui se trouve sur leur passage ? Cette position reste très honorable mais tout à fait contradictoire à la précédente où il y avait une alliance avec ces mêmes radicaux islamistes pour faire chuter la dictature syrienne. Je cite Mohammed Fadhel Troudi, spécialiste du droit international : «Le Printemps syrien : enjeux et perspectives : Sommes-nous dans la reproduction du cas afghan d'hier avec l'alliance américano-islamiste pour se débarrasser de l'ennemi commun soviétique ou encore des cas irakien et libyen? En d'autres termes, les Occidentaux sont-ils de nouveau alliés avec les salafistes alors qu'ils sont censés les combattre ? La question s'impose»3. 1- Ali Lahrichi, Syrie poudrière du Proche-Orient, Académia, Finances News septembre 2013 2 et 3 - Ibid