Le Maroc sera confronté à une pénurie d'eau à l'horizon 2025. Les scientifiques marocains appellent à la construction d'une autoroute hydrique pour remédier à l'inégalité d'accessibilité de l'eau entre le Nord et le Sud. Le gouvernement attend la conclusion de l'étude de réalisation pour évaluer économiquement et techniquement la fiabilité d'un tel projet. Le taux de remplissage des barrages à fin août de seulement 57,3%, a fait tirer, encore une fois, la sonnette d'alarme sur la situation hydrique au Maroc. Une situation alarmante qui à défaut de mesures urgentes permettant de réduire le déficit à long terme, entraînera le pays vers une pénurie d'eau à l'horizon 2025. Pour 2014 et malgré une moyenne inférieure à celle enregistrée l'année dernière, Charafat Afilal, ministre déléguée chargée de l'Eau, tient à rassurer la population. Elle affirme que les réserves en eau sont en mesure de satisfaire les besoins nationaux en eau potable et d'irrigation. Elle a cependant préconisé certaines mesures d'urgence pour pallier un déficit important en eau, notamment dans les régions les plus touchées à savoir Errachidia, l'Oriental, Ouarzazate, Tensift et la zone côtière entre Rabat et Casablanca. C'est dans cette optique et pour remédier à l'inégalité d'accessibilité à l'eau entre le Nord et le Sud que les scientifiques marocains n'ont eu de cesse d'appeler à la construction d'une autoroute hydrique permettant le transfert de l'eau des régions riches vers celles accusant un déficit hydrique, soit du Nord vers le Sud. Un appel qui, d'après Mohammed-Saïd Karrouk, Professeur de climatologie et président du Comité national IGBP-IHDP (Global change) Université Hassan II, est en train d'évoluer vers une décision politique. En effet, le projet est désormais inscrit dans l'agenda du gouvernement qui a lancé, en début d'année, une étude portant sur la réalisation d'une structure géante de transfert hydraulique. «La concrétisation de ce projet est l'une des questions fondamentales de la gestion de l'eau au Maroc. Cependant, cette décision ne peut pas aboutir isolément ; elle doit être accompagnée du contrôle de la demande, principalement en agriculture, car il ne suffit pas de disposer de la ressource, mais aussi et surtout de savoir l'utiliser. A cela s'ajoutera la situation hydrologique des régions du Nord qu'il faudrait conserver, notamment les ressources souterraines et les écosystèmes hydroenvironnementaux », affirme Mohammed-Saïd Karrouk. Principales contraintes du projet L'expert marocain met l'accent sur l'importance de ce projet du transfert de l'eau puisqu'il permettra au Maroc de répondre un tant soit peu à un besoin croissant en denrées alimentaires à travers le monde, en raison du changement climatique (pays du Golfe et d'Afrique), et des évolutions géostratégiques (Europe, Russie). Les évolutions futures de ces conditions sont à prendre en considération. En effet, l'évolution de la distribution de l'eau au niveau planétaire, régional et national ainsi que celle de la stabilité géopolitique à travers le monde peuvent constituer des contraintes majeures à la concrétisation du projet. «Ces conditions garantiront l'évolution de ce projet qui, en cas de difficulté, le pays se trouvera encore endetté, ce qui pèsera sur son évolution socioéconomique», conclut Mohammed-Saïd Karrouk. Quid d'une autoroute hydrique ? Cependant une question s'impose : la construction de cette autoroute va-t-elle remédier le stress hydrique au Maroc ? Contactée par nos soins, Charafat Afilal nous a affirmé qu'il y a certes un excédent en eau dans les régions du Nord, cependant il faudra d'abord attendre les conclusions de l'étude en cours pour évaluer économiquement et techniquement la fiabilité de ce projet. En effet, il est impératif de bien mesurer tous les aspects du projet qui nécessitera, selon les estimations du ministère chargé de l'Eau, une enveloppe budgétaire d'environ 30 Mds de DH pour transporter plus de 845 millions de m3 d'eau. Un budget fort conséquent que le ministère compte financer par un partenariat avec le secteur privé ainsi que par un soutien international. «Toutefois, la réalisation de ce projet ne pourra résoudre qu'une partie du déficit. L'acheminement de l'eau du Nord ne sera possible que pour renforcer l'alimentation en eau potable de Casablanca et ses régions ainsi que pour l'irrigation de la plaine de Tadla et d'Al Haouz ainsi que de Kalâat Sraghna», tient à préciser la ministre déléguée chargée de l'Eau. Pour les autres régions, d'autres solutions sont prévues notamment dans la région Souss Massa Draa à savoir le dessalement de l'eau de mer, la réutilisation des eaux usées... L.B Brèves Collecte de déchets : Casablanca reçoit de nouveaux engins La ville s'apprête à recevoir de nouveaux engins de collecte de déchets. Selon la presse, les deux gestionnaires délégués, Sita El Beida et Averda, ont en effet réceptionné la totalité du nouveau matériel mentionné dans le nouveau cahier des charges. Au total, les deux délégataires ont investi quelque 440 MDH pour cette première phase de mise à niveau mentionné dans le contrat. 130 engins de collecte et quelque 10.000 conteneurs, bacs et corbeilles ont été achetés. Rappelons que les gestionnaires délégués disposaient d'un délai de 6 mois pour opérer la mise à niveau stipulée dans le cahier des charges. Amara a reçu les responsables de la Banque du Japon Le ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Abdelkader Amara, a récemment reçu les responsables de la Banque du Japon «JBIC», principal contributeur au projet de la centrale thermique de Safi pour la production de l'électricité. La réunion a porté sur la phase finale de financement du projet. Le ministre a assuré les responsables japonais sur l'importance accordée par le gouvernement marocain à ce projet qui permettra à notre pays de répondre à la demande croissante d'électricité. Ledit projet s'inscrit dans le cadre de la feuille de route visant à assurer un approvisionnement optimal du Royaume en énergie électrique. Nouvelle catastrophe écologique Le week-end dernier a été marqué par une triste surprise. Des milliers de poissons morts ont été découverts sur la plage «Sablette» à Mohammedia exactement au niveau de l'embouchure de l'Oued Nfifekh. Aussitôt les agents de la police de l'environnement auraient été dépêchés sur les lieux pour débuter une enquête afin de déterminer les causes de cette tragédie ainsi que les responsables de cette catastrophe écologique, lit-on sur le site www.ecologie.ma. Ils auraient pris des échantillons d'eau et de poissons en vue de les analyser. Aucune trace de pollution n'a été détectée, ce qui n'exclut pas un déversement de matière organique dont la décomposition aurait pollué l'Oued et les poissons.