La demande en eau au Maroc atteindra 16,7 milliards de m3 en 2030 contre 13,7 milliards actuellement, ce qui pose un vrai défi en matière de mobilisation et de préservation des ressources hydriques. L'affirmation est officielle et émane de la ministre déléguée chargée de l'Eau, Mme Charafat Afilal. C'était lors d'un séminaire sur "La femme et la recherche scientifique" organisée à la faculté des sciences de Tétouan. Déjà, le Maroc a connu, durant les 35 dernières années, une vingtaine de périodes de sécheresse avec un déficit des précipitations de plus de 40% et un manque dans les eaux de surface évalué à plus de 60%, accompagnés d'une exploitation massive des eaux souterraines. Certes, l'Etat a fourni dans ce domaine de grands afforts, mais les dernières décennies ont été marquées par une faible valorisation des ressources en eau mobilisées, avec des taux d'efficience des réseaux de distribution ne dépassant pas 70% pour l'eau potable et 60% pour les eaux d'irrigation. S'ajoute le problème de la pollution des ressources sachant que 640 millions de m3 d'eau usée sont déversés chaque année dans la nature et seuls 25% de ces quantités sont traitées, sans oublier la pollution due aux pesticides et aux activités industrielles, l'érosion des sols qui dans les bassins hydrauliques et l'envasement des barrages qui cause la perte de 70 millions de m3 par an. Ce tableau, peu réjouissant, se trouve d'ailleurs à l'origine de la mise en place d'une stratégie nationale pour le secteur de l'eau qui vise à renforcer les acquis et résoudre les dysfonctionnements enregistrés, à améliorer la valorisation des ressources, à diminuer la pollution et à accompagner le développement économique selon les règles de la gouvernance. Cette stratégie a besoin d'être dynamisée par la mobilisation des moyens matériels, humains, réglementaires, techniques et pratiques nécessaires en vue de mieux gérer et développer l'offre en eau et s'adapter aux changements climatiques. Selon les éléments d'information fournis par Mme Charafat Afilal, une meilleure gestion de la demande en eau permettra, chaque année, d'économiser 2,4 milliards de m3 d'eau d'irrigation et d'introduire la micro-irrigation (goutte-à-goutte) dans 50 mille ha de terres, en plus d'économiser 120 millions de m3 d'eau potable, via l'amélioration de l'efficacité des réseaux, la promotion des nouvelles technologies, la révision des tarifs de l'eau et l'encouragement du recyclage. La stratégie nationale, vise aussi la mobilisation de 2,5 milliards de m3 par an à travers la réalisation de 59 barrages, dont 28 de grande capacité, pour une enveloppe de 11,5 milliards de DH, et plusieurs petits barrages pour un montant de 1,7 milliards de DH, ainsi que par le projet de transfert des eaux des bassins du nord vers les régions déficitaires, devant permettre l'acheminement de 800 millions de m3 d'eau par an pour un coût de 2,5 milliards de DH. Il s'agit aussi de réaliser des unités de dessalement des eaux d'une capacité de 400 millions de m3 par an, de réutiliser, après traitement, près de 300 millions de m3 d'eau usée et de généraliser la collecte des eaux de pluie. Sur le plan juridique, il s'agit de poursuivre la réforme du cadre légal régissant l'eau, notamment à travers l'adoption du Plan national de l'eau et des plans relatifs aux bassins hydrauliques et la révision de la loi 10-95 dur l'eau. La mise en œuvre de l'ensemble de ces mesures permettra, à terme, d'économiser près de 5 milliards de m3 et de promouvoir des comportements plus responsables dans l'utilisation de l'eau, à travers le changement des habitudes de consommation, et de reconstruire les réserves d'eau souterraine, de généraliser l'accès à l'eau potable et de réduire la pollution. C'est qu'il faut absolument éviter la soif qui n'est pas une simple éventualité mais une réelle menace à repousser par du concrêt.