Les pluies bienfaitrices de l'année 2013 ont profité à l'ensemble du territoire national. Parmi les grands réservoirs hydrauliques du Royaume, le Bassin de Sebou s'est taillé la part du lion. A Mars 2013 – déjà – le volume des réserves a dépassé celui de l'année précédente de 750 millions de mètres cubes. De fait, et selon les données recueillies auprès de l'Agence du Bassin du Sebou basée à Fès, le taux de remplissage a enregistré 71%, ce qui correspond à environ 4052 mètres cubes. L'afflux volumineux des précipitations de cette année a provoqué des inondations au niveau de la plupart des oueds du bassin, mais qui restent relativement circonscrites par rapport aux années 2009 et 2010. Les plus fortes pluies ont touché le haut Ouargha et le haut Sebou (Azaba e Dar Hamra), soit 797,8 et 560,2 mm entre septembre 2012 et février 2013. Par voie de conséquence, et parallèlement au remplissage des fleuves et oueds, le niveau des eaux souterraines a sensiblement évolué dans la majorité des couches phréatiques. Soit une augmentation de 2,48 mètres à 5,32 mètres (de fin août 2012 à fin février 2013). Le débit des sources n'est pas en reste puisqu'il a connu une forte poussée à l'instar de Ras-El Ma-Taza (+ 196%) et autre Timdrine – Sefrou (+ 120%). Néanmoins, et aussi «impressionnantes» que soient de telles statistiques, l'apport naturel de cette denrée vitale est à apprécier en fonction des besoins en eau potable – sans cesse galopants – de la population concernée par le plus vaste bassin du pays. De 6,2 millions d'habitants, la population d'autour du Bassin est appelée à croître pour atteindre les 9 millions de citoyens à l'horizon 2013 ! D'où des besoins passant de 286 Mm3 à 440 Mm3 à la même période. Le secteur agricole n'est pas moins sensible aux mêmes tendances. On estime ainsi que les surfaces irriguées du Bassin du Sebou passeront de 355.000 hectares en 2010 à 412.000 ha en 2030. Par voie de conséquence, les consommations d'eau d'irrigation évolueront de 2816 Mm3. De même, l'énergie hydro-électrique devrait augmenter de 400 GWH sur les 20 ans. En somme, des chiffres et des horizons qui ne manquent pas de préoccuper un Bendaoud Bouguenouch – Directeur de l'Agence du Bassin Hydraulique du Sebou – et dont les rythmes cardiaques se confondent avec les rythmes de sources, rivières et barrages du bassin du Sebou... Plan directeur d'aménagement des ressources en eau de 61 MM DHS Il est vrai que les contraintes de gestion ne manquent pas. A commencer par... une raréfaction des ressources en eau de l'ordre de 30% durant les trente dernières années. La pollution de ces ressources est aussi impressionnante que ravageuse. 80 millions de m3 sont rejetés dans les oueds chaque année générant des coûts de 3,5 milliards de DH ! Toute aussi dévastatrice, la surexploitation des nappes phréatiques : 100 millions m3 au niveau de la nappe du Saïss (37 Mm3 pour celle du Gharb). Paradoxe : quand il y a abondance des précipitations, les conséquences des inondations (100 sites exposés) causent leur lot de dégâts. Les barrages ne sont pas moins épargnés à cause des phénomènes d'érosion et d'envasement (20 Mm3/an). Au niveau des utilisateurs, le faible taux de technicité en matière d'irrigation affecte plus de 100.000 hectares en aval des barrages. Non moins affectés, les Ecosystèmes pâtissent lourdement de l'assèchement des sources de la plaine du Saïss ainsi que certains lacs du Moyen-Atlas. Face à l'ensemble de ces aléas à la durabilité évidente, le Plan Directeur d'Aménagement Intégré des Ressources en Eau du Bassin du Sebou - «PADAIRE» - conçoit un plan d'action au scénario plutôt ambitieux. 1– Gestion de l'offre Les actions comprennent la réalisation de 7 grands barrages pour un impact de 552 Mm3 annuels à côté de 100 petits et moyens barrages. De même, il est prévu la collecte d'eaux pluviales (2,4 Mm3) et la réutilisation d'eaux usées (140 m3/an). 2– Gestion de la demande L'économie d'eau d'irrigation devrait rapporter 422 Mm3/an, tout comme celle de l'eau potable, 240.000 hectares reconvertis à ajouter au gain au niveau hydro-agricole, soit 108.000 hectares. 3– Protection des ressources en eau Le «PADAIRE» prévoit la généralisation des «contrats de nappes», la recharge artificielle de ces ressources ainsi que le remplacement des prélèvements d'eaux souterraines par des eaux de surface. 4 – Lutte contre les aléas climatiques Une centaine de sites inondables profiteront des objectifs du PADAIRE. Parallèlement, des moyens potentiels seront mis en œuvre pour la prévision des crues. 5– Mise à niveau de l'Agence du Bassin Hydraulique du Sebou (A.B.H.S) Considérant la mission hautement stratégique de l'A.B.H.S sise en capitale spirituelle du royaume, le PADAIRE prévoit, à juste titre, un relookage technique de haut niveau. Principalement des réseaux de mesure et le renforcement des moyens matériels et humains de l'Agence. 6 – Renforcement du cadre institutionnel et juridique On aurait dû commencer par cet aspect capital du Plan qui légitime, sécurise et encadre toute action visant sa réussite. Détails : - Renforcement des organes de gestion et de concertation - Création d'un «Comité du Bassin» - Clarification des interfaces entre l'Agence et ses partenaires - Encouragement des partenariats et développement de nouveaux mécanismes de financement Si tout va bien, ce sont 552 M m3/an qui seront régularisés (grâce aux 7 nouveaux barrages), 240.000 hectares seront reconvertis et 52 Mm3 économisés chaque année, les contrats de nappes généralisés, la réserve stratégique des eaux souterraines maîtrisée, la protection des populations et des biens sécurisée des inondations, etc, etc,... Bref, une maîtrise d'un eau viable pour consommation domestique et agricole dans une vision stratégique appelant l'engagement à long terme de tous les acteurs concernés. Une implication qui tient compte de changements climatiques à l'échelle planétaire où, jusqu'au présent, le Maroc a été épargné de catastrophes qui ont mis à genoux de grandes puissances du globe entre Tsunamis, cyclones et incendies de forêts dévastateurs !!