Pour la première fois depuis plusieurs semestres, Maroc Telecom affiche un chiffre d'affaires en légère progression de 0,7%. Un retour à la croissance des ventes que le management assure pouvoir consolider à partir de cette année. Par ailleurs, la conférence de presse organisée à l'occasion de la présentation des résultats du groupe a été l'occasion de se prononcer, entre autres, sur le deal avec Etisalat concernant la cession de six filiales africaines. C'est une sensible baisse que connaissent les prix des télécoms au Maroc. -49,3% depuis deux ans et -63,5% depuis trois ans (entre juin 2011 et juin 2014). Difficile d'afficher un chiffre d'affaires ne serait-ce que stable sur ce marché dans ces conditions, surtout que les volumes ne compensent pas la baisse des prix. L'opérateur historique subit cette situation depuis plusieurs années et ce semestre ne déroge finalement pas à la règle. Enfin pas complètement... A 10,6 Mds de dirhams, son chiffre d'affaires au Maroc n'a baissé que de 2,4%. Un effritement peu accentué qui a été compensé par la hausse des ventes de plus de 10% à l'international. Au final, le chiffre d'affaires global consolidé s'est apprécié de 0,7%, mettant à l'arrêt une tendance observée depuis trois ans. Malgré la baisse de l'activité au Maroc, Abdeslam Ahizoune explique que «la situation devrait rentrer dans l'ordre à partir du deuxième semestre de 2014, le mois de juin ayant été positif au Maroc». Effritement des marges sous l'effet des amortissements Si le chiffre d'affaires au Maroc n'a, cette fois-ci, que peu impacté l'ensemble, ce n'est pas le cas concernant les marges. Le résultat opérationnel avant amortissement (EBITDA) a baissé de 4,4% pour atteindre 8 Mds de dirhams. Ce qui est principalement dû à la baisse de l'EBITDA au Maroc de 7%, partiellement compensée par la hausse de 4,1% de l'EBITDA à l'international. Ainsi, la marge d'EBITDA baisse naturellement de 2,9 points tout en restant à un des niveaux les plus élevés pour une entreprise cotée. En effet, Maroc Telecom affiche une insolente marge d'EBITDA de 55,2%. Le résultat opérationnel, lorsqu'il prend en considération les amortissements consent une baisse plus aiguë de 8,3%. «Ce recul s'explique par la hausse des charges d'amortissement due à nos importants plans d'investissements», explique le management. Ainsi, la marge d'exploitation baisse de 3,7 points pour atteindre 37,5%. Au final, ces amortissements ont provoqué des réactions en chaine sur l'ensemble du compte de résultat de l'opérateur qui voit son bénéfice net consolidé atteindre 3 Mds de dirhams, en diminution de 12,7% par rapport au premier semestre 2013. A noter que les ventes en Afrique représentaient «à peine» 15% des réalisations du groupe en 2009. Aujourd'hui, ce ratio a grimpé à 29%, soit le tiers des ventes. Avec des parts de marché en constante progression. D'ailleurs, pendant le premier semestre, toutes les filiales ont enregistré des hausses de chiffres d'affaires. Une seule, Maurtiel, a vu ses parts de marché baisser mais le management explique cela par un assainissement du portefeuille. L'Afrique: le mobile tire vers le haut Au final, le chiffre d'affaires de l'ensemble des filiales a enregistré une progression de 10,7% pour s'établir à 4,2 Mds de dirhams. Le parc mobile y est pour beaucoup (il progresse de 19%). Sur la même période, l'EBITDA s'établit à 2 Mds de dirhams, en progression de 4,1%. La marge d'EBITDA atteint 47,7%, en baisse de 3 points pour des raisons réglementaires principalement. En effet, Ahizoune explique que «le chiffre d'affaires réalisé au Burkina Faso a subi une nouvelle taxe de 5%». Enfin, concernant la cession de 6 filiales d'Etisalat à Maroc Telecom, Abdeslam Ahizoune a souhaité rester discret, peut-être pour éviter tout effet d'annonce. «Actuellement, ces dossiers sont en plein closing. Nous attendons encore les autorisations des régulateurs et nous ne pouvons donc pas annoncer une date à partir de laquelle nous allons consolider ces filiales dans nos comptes». Ahizoune n'a pas voulu donner d'anticipations chiffrées sur l'impact de ces filiales sur les comptes de Maroc Telecom. Ce que nous savons jusqu'à présent est que cet accord englobe des filiales d'Etisalat au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Niger, en république Centre-africaine et au Togo. Cet accord inclut également Prestige Telecom qui fournit des prestations IT pour le compte des filiales d'Etisalat dans ces pays. La transaction dont le prix est de 650 millions de dollars, porte sur la reprise de la participation d'Etisalat dans ces opérateurs ainsi que sur le rachat par Maroc Telecom des prêts d'actionnaires. Un deal qui fera monter la contribution des filiales à 40%, selon les premiers calculs des analystes, et en fera l'entreprise de taille la plus internationalisée de la place.