Les professionnels s'activent pour livrer le réseau des libraires détaillants. Le quartier des Habous à Casablanca concentre une bonne partie des fournisseurs nationaux. La concurrence et la diversité de l'offre profitent aux familles qui sont impactées par la succession d'événements budgétivores comme le Ramadan, les vacances d'été et la rentrée scolaire. Les parents d'élèves pointent du doigt le changement systématique des programmes scolaires, ce qui écarte définitivement l'utilisation des anciens livres. La rentrée scolaire devrait démarrer dans un mois et demi. Les préparatifs vont bon train chez les libraires, surtout les grossistes qui approvisionnent tout le réseau national. Une tournée dans le quartier des Habous à Casablanca, surtout au niveau du boulevard Al Kastalani où il y a une concentration de ces marchands, confirme ce constat. Malgré des journées ramadanesques longues et chaudes, les professionnels du secteur s'activent pour cet événement. Ils ont commencé déjà à livrer les détaillants. «Les détaillants s'approvisionnent à partir du mois de juin et la demande augmente au fur et à mesure de l'approche de la rentrée. Près de 60% de notre chiffre d'affaires est réalisé au cours de cette période. Les éditeurs et les imprimeurs, pour leur part, commencent leurs programmes depuis le début de l'année», souligne Hassan Tazi, membre de l'association des libraires du quartier des Habous. Concernant les tendances constatées, les libraires rencontrés sur place expliquent qu'il n'y a pas de fait saillant, mais on retrouve les mêmes aspects relevés ces dernières années. «Malgré la hausse des prix des fournitures, les gens deviennent exigeants en matière de qualité, même pour les élèves du secteur public», souligne Tazi. En effet, les produits européens, turcs et nationaux ont détrôné les produits chinois qui n'ont plus la cote et sont plus écoulés dans le milieu rural et les quartiers périphériques. La concurrence et la diversité de l'offre ont profité aux acquéreurs. Mais force est de constater que la facture des fournitures scolaires n'a cessé d'augmenter au fil des ans. «Il y a un programme commun que toutes les écoles exigent, surtout au niveau de l'arabe, de l'éducation islamique et les maths, mais les écoles privées se démarquent par des programmes de type français. Généralement, ces livres ont des prix élevés qui peuvent parfois dépasser 500 DH», indique un autre libraire au quartier des Habous. Outre les livres, les prix des autres fournitures se sont inscrits à la hausse, notamment les cartables et les sacs à dos qui peuvent atteindre facilement 800 DH ou plus. «Il y a des offres pour toutes les bourses. Mais pour les familles qui ont des enfants en bas âge, c'est une charge difficilement supportable», explique un autre commerçant. Pour minimiser le budget consacré à la rentrée scolaire, plusieurs familles conservent les anciens livres et procèdent à un échange entre voisins ou à la vente au marché aux puces. Cependant, le ministère de l'Education nationale a entamé des changements profonds en terme de livres de l'enseignement primaire. En fait, ces livres varient d'une région à une autre et d'une année à une autre. Cela restreint aujourd'hui la possibilité d'échange ou de vente tout en gonflant le budget de la rentrée. «Depuis toujours, les anciens livres ont servi à d'autres élèves. Ces dernières années, on a remarqué que le département de tutelle change fréquemment les programmes. De ce fait, les anciens livres deviennent inutiles. Il y a quelque chose d'anormal ?! Ce perpétuel changement n'a certainement pour objet que de faire tourner la machine des éditeurs et des libraires qui font du lobbying de façon tacite», souligne Abdelawahed Khattabi, membre de l'Association des parents d'élèves de Casablanca. Et d'ajouter que «la rentrée nécessite la mobilisation de budgets significatifs, notamment au niveau des familles ayant plusieurs enfants en âge de scolarité. La particularité de cette année, c'est que la rentrée scolaire intervient dans un contexte assez difficile. Elle est précédée par le Ramadan et les vacances estivales qui coïncident avec le mois d'août. Les budgets des familles sont mis à rude épreuve». En effet, il y a une forte disparité sur la facture des fournitures scolaires qui peut démarrer à partir de 350 DH pour un élève du primaire de l'école publique pour dépasser facilement 5.000 DH pour certaines écoles privées. Ces fournitures commencent à contenir des objets de nouvelles générations comme les tablettes, les PC ou autres produits tactiles. C'est un marché en perpétuelle transformation, à l'image du secteur de l'enseignement. Les familles veulent investir dans l'éducation de leurs enfants. Elles ne lésinent pas sur les moyens, recherchant l'excellence. Elles sont prêtes à sacrifier d'autres dépenses pour assurer la scolarité de leurs enfants dans de bonnes conditions. Quid de l'informel ? Le secteur des fournitures scolaires n'échappe pas à l'informel. Il y a plusieurs livres ou articles qui sont contrefaits et vendus à des prix en deçà de leur prix conventionnel. Selon plusieurs commerçants interrogés à ce sujet : Il y a un réseau spécialisé basé essentiellement au Liban et à Chypre qui contrefait les livres les plus demandés et dont la valeur est importante comme les dictionnaires, les parchemins pédagogiques et scientifiques. Plusieurs commerçants s'adonnent à cette activité en important ces articles sous des déclarations non conformes. Pour les autres articles, certains produits comme les stylos, les feutres ou les couvertures présentent des défauts de fabrication ou contiennent des matières dangereuses pour la santé. Ces produits sont strictement interdits dans d'autres lieux comme l'Europe ou les Etats-Unis. Des questions se posent avec acuité sur le contrôle de ces articles