La Protection civile sort de son mutisme et décide de communiquer sur son intervention dans le drame de l'effondrement de trois immeubles à Bourgogne. Les moyens techniques et humains utilisés dépassaient les besoins. Seulement 1.000 sapeurs-pompiers affectés au Grand Casablanca pour 5 millions d'habitants. L'effondrement de trois immeubles à Bourgogne a fait couler beaucoup de sang, mais également beaucoup d'encre. En effet, cette tragédie qui a décimé pas moins de 23 morts dont 13 femmes et des dizaines de blessés, a fait la une de quasiment tous les médias nationaux. Les nouvelles tombaient au fur et à mesure et l'espoir de sortir des survivants des décombres s'amenuisait au fil des heures. C'est dans une atmosphère chargée de tristesse, de chagrin, de choc et d'indignation totale que les accusations ont commencé à fuser. Passée l'émotion du moment, l'heure est à la désignation des coupables. Mais qui sont en fait les responsables ? Si certains ont pointé du doigt les propriétaires des immeubles, notamment le ministère de l'Habitat et de la Politique de la ville, la collectivité locale ou encore les élus locaux (voir www.financenews.press.ma), d'autres en revanche ont accusé la Protection civile. Manque de moyens humains et techniques, incompétences des ressources humaines ou encore incapacité à affronter ce type de drame sont là quelques accusations qui se sont abattues sur ceux censés nous apporter secours en cas d'accident, d'incendie ou de catastrophe naturelle. «Pour seulement trois immeubles, les opérations de sauvetage ont duré plus de cinq jours, que dire face à un tremblement de terre ; nous risquons tous de périr sous les décombres», c'est ce type de phrases qui s'est répandu ces derniers jours dans la rue et sur les réseaux sociaux. C'est surtout l'histoire des personnes qui sont restées sous les décombres plusieurs heures, voire des jours et qui sont mortes d'asphyxie et de soif qui a traumatisé les Marocains. Mais la question qui s'impose et qui mérite une réponse : y a-t-il eu négligence de la part des sapeurs-pompiers ? Ont-ils fait correctement leur travail ? D'après un haut responsable de la Protection civile, il est impératif, avant de porter des jugements et de s'acharner sur cette institution, de comprendre la difficulté technique des opérations de fouille et de sauvetage. Indigné par les déclarations et les accusations des uns et des autres sur l'intervention des pompiers, le Commandement régional de la Protection civile du Grand Casablanca a organisé une conférence de presse pour mettre la lumière sur le déroulement des opérations de sauvetage. Son Commandant Abdelali Ghadoual a souligné, lors de ce point de presse, que plusieurs informations ayant circulé ces derniers jours étaient fausses. En effet, l'absence de communication officielle sur l'intervention de la Protection civile a nourri les rumeurs, laissant ainsi le champ libre aux ragots et autres commérages. Amal Maârouf, figure emblématique du drame Cette sortie médiatique de la Protection civile vient en réponse à l'acharnement qu'a subi ce corps de métier sur son intervention et qui a porté préjudice à ceux qui ont risqué leur vie. «Nous n'avons pas jugé utile de communiquer sur notre intervention car, d'une part, nous estimons que notre devoir est de sauver des vies sans attendre de reconnaissance et, d'autre part, nous craignons que cela puisse être mal interprété. Malheureusement, nous récoltons les fruits de cette absence de communication», se lamente un responsable de la Protection civile. Il faut dire que c'est surtout l'histoire émouvante de la jeune actrice Amal Maarouf qui serait restée vivante pendant trois jours sous les décombres tout en maintenant un contact téléphonique avec ses proches (selon les témoignages) qui a interpellé l'opinion publique. Histoire qui a été démentie de fond en comble par les responsables de la Protection civile, arguant que l'artiste est morte au moment de l'effondrement du bâtiment, puisque son corps a été évacué en état de décomposition. Et c'est d'ailleurs ce qu'a confirmé le rapport du médecin légiste. De son côté, Youssef Chakour, Directeur du pôle aménagement et infrastructure, a rajouté que les derniers appels effectués depuis les deux téléphones de la défunte remontent à une heure avant le drame. Concernant les moyens humains et techniques déployés dans cette opération, le Commandant régional de la Protection civile à Casablanca affirme qu'ils étaient même en sureffectif. Au total, ce sont 304 personnes qui ont été engagées dans les opérations de secours, dont 263 éléments de la Protection civile, 9 officiers supérieurs, 26 sous-officiers et 6 médecins spécialisés dans la médecine des catastrophes. Sans oublier que 400 éléments supplémentaires du Grand Casablanca étaient prêts à intervenir en cas de besoin. Mais pourquoi alors a-t-on fait appel aux unités de Rabat et de Settat ? La capitale économique ne dispose-t-elle pas de ressources humaines suffisantes pour intervenir et «sauver ce qui reste à sauver»? Environ 1.000 pompiers pour 5 millions de Casablancais En réponse à ces questions, Abdelali Ghadoual affirme que ce déplacement entre dans le cadre des mesures préventives, à savoir anticiper les faits. «Mieux vaut être en sureffectif qu'en sous-effectif, d'autant plus que les équipes travaillent en alternance», ajoute-t-il. Cependant, il est impératif de rappeler que le nombre de pompiers affectés au Grand Casablanca, soit environ 1.000 pour 5 millions d'habitants, reste très insuffisant. Pis encore, à l'échelle nationale, on ne compte que 7.000 pompiers pour 33 millions de Marocains. Par ailleurs, et dans l'optique d'éclairer l'opinion publique sur l'intervention des éléments de la Protection civile, Abdelali Ghadoual a affirmé que les moyens techniques et logistiques utilisés dans les opérations ne sont même pas généralisés dans toute l'Europe et dans certains pays développés. Vibraphone, vibrascope, télémètre-laser, caméras de détection infrarouge, camions de pompiers, ambulances ou encore chiens labradors sont autant de moyens de recherche techniques et biologiques déployés dans cette intervention qui a duré environ 4 jours. C'est sur ce dernier point que beaucoup de personnes sont montées au créneau. A ce propos, Abdelali Ghadoual a apporté les explications nécessaires indiquant que ceci est dû aux difficultés techniques rencontrées sur le chantier, particulièrement à cause des immeubles avoisinants qui menaçaient de s'effondrer à tout moment, ce qui aurait alourdi le bilan des décès.