Toutes les places de la planète, toutes les avenues du monde portent bravement aujourd'hui un seul nom : Palestine, et répètent inlassablement d'une seule voix : Free Gaza. Et pourtant, ce ne sont ni les cris révoltés des coeurs meurtris, ni les larmes ensanglantées des mères courages, ni les slogans salvateurs de liberté scandés à l'unisson par les peuples de la terre entière, ni l'indignation de la communauté internationale face aux massacres récurrents perpétrés sur un peuple isolé depuis plus d'un demi-siècle, ni les normes impératives de droit international : le jus cogens, ni l'espoir porté depuis la conférence de Madrid en 1991, ni les accords de «paix» qui traînent depuis la célèbre poignée de main entre les Présidents palestinien, Yasser Arafat, et Israélien, Yitzhak Rabin, un 13 septembre 1993 à la Maison Blanche sous les applaudissements du Président américain Bill Clinton, ni même les fameuses résolutions du Conseil de sécurité, depuis celle préconisant le droit de retour des Palestiniens en 1948, jusqu'à celle recommandant l'instauration d'un Etat Palestinien en 2002, ni même les risques de poursuite des responsables et de l'armée israélienne pour avoir commis des génocides, des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité depuis l'acquisition de la Palestine du statut «d'Etat observateur non membre» des Nations unies le 29 novembre 2012, n'arrivent à plier un Etat né d'une promesse anglaise il y a un siècle à obéir aux normes du droit international comme il se doit à tout Etat qui se respecte et prétend être même un leader de la démocratie dans une région qui ne jure selon lui que par la dictature. Il est vrai que pour développer un article sur la Palestine et sur les exactions commises depuis bientôt trois semaines à Gaza et qui ne font qu'exacerber ce conflit qui mine le Proche-Orient depuis plus de soixante années, s'avère une tâche très difficile et même impossible, au vu de l'importance du sujet, de la confluence des acteurs, de l'enchevêtrement des enjeux régionaux et internationaux, de la complexité des déterminants à savoir, religieux, idéologiques, économiques, historiques. Il est aussi important de rappeler que ce sont des millions et des millions de pages et de travaux académiques ou non qui ont été consacrés à ce sujet épineux. Pour ce faire, nous nous contenterons de parler succinctement, des moments forts de l'ONU avec les différentes résolutions entreprises par l'AG et le Conseil de sécurité à propos de ce conflit, du rôle des Etats-Unis, allié inconditionnel, inamovible et partial d'Israël, pour étudier à la fin les possibilités et les risques pour la Palestine d'ester en justice l'armée israélienne devant la Cour pénale internationale. Les Résolutions de l'ONU par la voie du Conseil de sécurité ou de l'Assemblée générale à propos de la problématique du Proche-Orient qui nous interpelle sont au nombre de cinq. - La Résolution 191 de l'AG (1948) qui est relative au droit de retour des Palestiniens (presque 1 million) qui avait fui les atrocités de la guerre de 1948. - La Résolution 242 (1967) du CS qui a fait suite à la guerre de 6 jours et dont les principales dispositions versaient dans deux principes pour garantir la paix juste et durable au Moyen-Orient, à savoir le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés du récent conflit (Golan, Sinaï, Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est), la cessation de toute belligérance, le respect et la reconnaissance de la souveraineté de tous les Etats de la région, la garantie de la liberté de la navigation sur les voies d'eau internationales... Par conséquence, les Arabes doivent reconnaître la souveraineté d'Israël dans ses frontières de 1948, les seuls perdants restent les Palestiniens qui n'ont été reconnus que comme des refugiés et non comme un peuple. - La résolution 252 du CS (1968) est relative, quant à elle, à une condamnation de la politique de judaïsation de Jérusalem-Est «toutes les mesures et dispositions législatives et administratives prises par Israël, y compris l'expropriation des terres et des biens immobiliers qui tendent à modifier le statut juridique de Jérusalem, sont non valides et ne peuvent modifier ce statut». - La Résolution 338 du CS (1973) qui fait suite à la guerre d'octobre va préconiser un cessez-le-feu immédiat, la mise en place effective de la Résolution 242 et l'ouverture immédiate des négociations pour aboutir à un règlement juste et global du conflit. Toutefois, ce n'est qu'en 1991 que les négociations vont reprendre à Madrid sous l'Egide des Etats-Unis et de l'URSS qui rendait l'âme et non de l'ONU invitée que tant qu'observateur.i - La Résolution 1317 du CS (2002) adoptée après le 11 septembre 2001 verra les Américains proposer ainsi une résolution qui reconnait un Etat palestinien à côté d'Israël, ladite résolution a été adoptée à l'unanimité avec l'abstention de la Syrie. Les Etats-Unis ont joué depuis le début un rôle majeur dans ce conflit avec un soutien inébranlable et indéfini à Israël, l'influence du lobby juif (AIPAC) étant assez claire sur leurs décisions. Certes, les attitudes des Présidents américains oscillaient légèrement selon la période et l'appartenance démocrate ou républicaine. George Bush père, a oeuvré à la tenue de la conférence de Madrid suite à un engagement presque moral avec les pays arabes qui l'ont soutenu dans la guerre contre l'Irak après l'invasion de ce dernier du Koweït. Bill Clinton tout en restant sur la voie de son précédent, a corroboré les résultats de la conférence de Madrid en les traduisant avec l'accord israélo-palestinien de Washington 1993. George W.Bush fils, accueilli par un 11 septembre six mois après le début de son mandat, est arrivé au pouvoir en même temps que Ariel Sharon. Il n'est pas allé par quatre chemins pour démontrer d'une attitude négative et hostile vis-à-vis de la Palestine un soutien assez limpide pour Israël, qui pour rappel, avait commis un massacre à Jénine entre le 19 mars et le 17 avril 2002 dont l'intitulé n'est pas si lointain de celui en cours à Gaza : «Mur de protection». Barak H. Obama qui a suscité autant d'espoir avec ses origines «musulmanes» et son discours du Caire lors de son premier mandat, s'est résigné à suivre la voie de ses prédécesseurs et se courber devant l'oppresseur. Le nouveau statut d'«Etat observateur non membre» de la Palestine grâce à la résolution A/67/L.28, lui permet de recourir à la CPI pour poursuivre les responsables israéliens sur les crimes de guerre contre les civils et le blocus de Gaza. Seulement, Israël, bien qu'elle n'ait pas ratifié le traité de la CPI, riposterait par une contre plainte, puisque Hamas est «accusé» d'attaquer des civils avec ses missiles et qu'elle n'est que dans sa «bordure protectrice». De nouveaux rebondissements sont certainement à venir, mais pour quel résultat ?