Abdeslam Seddiki, ministre de l'Emploi et des Affaires sociales, a présenté son plan d'action stratégique pour les années 2014-2016, à l'occasion d'une conférence de presse tenue au siège du ministère à Rabat, dans un contexte marqué par les ten-sions entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Tout d'abord, il faut dissiper les malenten-dus : Il ne s'agit pas d'un plan qui ambi-tionne de créer directement des emplois, ex nihilo. A. Seddiki n'a pas de remèdes miracles, encore moins de baguette magique. Mais plu-tôt un plan qui vise à créer les conditions optimales pour promouvoir l'emploi «produc-tif et décent». Un plan qui se présente comme un «outil de dialogue» pour reprendre l'expression du ministre. Car, et c'est bien là le problème, le dialogue social a du plomb dans l'aile tant il est vrai qu'entre les centrales syndi-cales et le gouvernement, le divorce est consommé depuis longtemps. En cela, l'approche du ministre est conciliante et s'apparente beaucoup plus à une main tendue puisqu'elle laisse une grande place à la négociation et à la concertation. Il faut dire que le département d'A. Seddiki est attendu sur des dossiers chauds qui empoi-sonnent les relations entre les partenaires sociaux et le gou-vernement : l'élargissement de la couverture sociale, la réforme du Code du travail, ou encore le droit de grève. A ce sujet, le ministre a envoyé un signal fort (un de plus) aux syndicats en affirmant «que le droit de grève sera garanti et qu'il n'y aura aucun recul sur les droits syndicaux». Les syndicats seront-ils sensibles à cet appel du pied, eux qui reprochent au gouvernement son absence de concertation et qui ont déjà montré leur capacité à aller au clash sur la question des retraites ? En tout cas, le ministre de l'Emploi, lui, se montre optimiste lorsqu'il déclare «avoir la certitude que la loi sur la grève sera acceptée par les partenaires sociaux», ajoutant «avoir tout fait pour ne pas entrer en confrontation avec eux». Il se montre également opti-miste sur la réforme du marché du travail, l'une des principales orientations stratégiques du gouvernement. Il estime que «rien qu'avec cette réforme le taux de chômage pourrait être réduit d'un point». Quatre orientations stratégiques A. Seddiki a fait part égale-ment de sa volonté d'inscrire ce plan dans la continuité des politiques nationales et des stratégies sectorielles. Il estime que toutes ces stra-tégies doivent converger de façon plus marquée vers l'ob-jectif de l'emploi. Pour cela, il prévoit de renforcer les syner-gies et les mécanismes de coordination dans la mise en oeuvre et le suivi des politiques sectorielles. «La croissance, à elle seule, ne résout pas le chômage» déclare-t-il en substance. Le plan stratégique en question se veut transverse puisqu'il englobe l'ensemble des problématiques touchant à l'emploi. Il se décline en quatre orientations straté-giques : développer l'emploi productif et décent, réduire le chômage, renforcer les droits fondamentaux au travail et le dialogue social, généraliser, étendre et améliorer la couver-ture sociale des travailleurs, et enfin renforcer la performance du ministère par le développe-ment de ses capacités mana-gériales et opérationnelles. Rendez-vous est pris en sep-tembre pour le dévoilement de la stratégie nationale de l'emploi. La rentrée sociale risque d'être tendue.