Mohamed Fettah, président de la Fédération de l'énergie, tout en saluant l'initiative gouvernementale, appelle à la mise en place d'actions déterminantes pour éviter de cumuler d'autres retards préjudiciables. Finances News Hebdo : Après plusieurs années, le ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement s'apprête à annoncer la feuille de route concernant l'introduction du GNL au Maroc. Quelle est la position de la Fédération sur cette annonce tant attendue par les opérateurs privés ? Mohamed Fettah : La Fédération de l'énergie salue chaleureusement cette bonne nouvelle qu'elle réclame depuis fort longtemps, d'autant plus que les opérateurs privés sont fin prêts pour investir massivement dans le cadre de ce grand projet national : dans les infrastructures de réception (terminal), de stockage et de distribution. Le marché attend aussi la disponibilité du gaz : si la consommation actuelle est de 800 millions de m3, les besoins identifiés s'élèvent à quelque 5 milliards de m3. ( ONEE, SAMIR, OCP, Céramistes...). F. N. H. : Selon certains experts, ce retard risque de pénaliser le Maroc dans la concrétisation des contrats. Partagez-vous cet avis ? M. F. : En fait, le retard enregistré n'a pas permis de tirer profit plus tôt des opportunités et des avantages qu'offre le gaz naturel qui reste un combustible plus économique que le fuel, plus souple à mettre en oeuvre et plus respectueux de l'environnement. F. N. H. : Quels sont les enjeux économiques de l'introduction du GNL au Maroc ? M. F. : Les enjeux de l'introduction du gaz naturel sont multiples : Il permet de diversifier le mix énergétique, facteur de plus de sécurité et de satisfaction des besoins de notre pays. A titre de comparaison, le gaz naturel ne représente que 4% de l'énergie primaire consommée au Maroc alors que pour d'autres pays importateurs d'énergie fossile la part du GNL représente 35% en Turquie, 20% en Espagne et 15% au Chili. Les réserves de gaz naturel sont deux fois plus importantes que celles du pétrole et cette tendance va s'accélérer avec le développement de la mise en exploitation du gaz de schistes notamment aux USA. Le gaz naturel occasionne moins d'émissions gazeuses (CO2, SOx, NOx) et contribue à la réduction de la pollution et du réchauffement climatique. L'introduction du gaz naturel nécessite de gros investissements (plus de 2,5 milliards de dollars) et les délais de réalisation sont de l'ordre de cinq ans, la finalisation des contrats d'achats, la promulgation des délais des cadres institutionnel et réglementaire restent des actions déterminantes pour éviter de cumuler d'autres retards préjudiciables.