Il est moins coûteux par rapport aux autres sources d'énergie, plus respectueux de l'environnement et son utilisation est plus simple. La technologie du GNL a été utilisée depuis les années 60 et a démontré sa sécurité et sa fiabilité partout dans le monde. Eclairage de Mounir Bouaziz, vice-président du développement de nouvelles opportunités et GNL, Moyen-Orient et Afrique du Nord de Royal Dutch Shell. - Finances News Hebdo : Pourquoi le GNL est-il considéré comme une source d'énergie propre ? - Mounir Bouaziz : Le GNL est du gaz naturel liquéfié sous de basses températures (moins 170 degrés centigrades) qui, lorsqu'il est réchauffé dans les terminaux méthaniers, revient à son état gazeux. Le gaz naturel est le combustible fossile le plus propre. Les centrales à gaz modernes qui produisent de l'électricité émettent moitié moins de CO2 que les centrales à charbon modernes, et 60-70% moins de CO2 que les anciennes centrales à charbon, dont il reste encore des centaines en activité aujourd'hui. Les centrales à gaz ont aussi un rendement énergétique supérieur aux centrales au charbon (55 à 60% contre 34 à 42%). Au Maroc en particulier, les centrales à gaz peuvent fournir une puissance flexible, puisque la puissance de production de gaz peut être plus facilement adaptée que d'autres formes de génération, confirmée par leur capacité à commuter entre énergie solaire et éolienne. Pour l'avenir, nous envisageons des solutions intégrées d'énergie propre impliquant du gaz naturel et des parcs éoliens pour la production électrique, utilisées ensemble au sein de centrales à cycle combiné flexibles, afin de gérer l'intermittence de la production d'énergie des sources éolienne et solaire. Le remplacement du charbon permettra de diminuer rapidement les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Nous devons lutter contre les émissions cumulées, de sorte que chaque tonne de CO2 sauvée aujourd'hui aura un impact positif à long terme. - F.N.H. : Comment se présentent les opportunités concernant les coûts, comparativement avec les autres sources d'énergie ? - M.B. : Le gaz est abordable. Les nouvelles usines à gaz produisent de l'électricité à moindre coût que tout autre nouvelle source d'électricité, qu'il s'agisse du charbon, du nucléaire, de l'éolien ou du solaire. Le gaz est 10% moins cher que le nouveau charbon (par MWh), 20% moins cher que les nouvelles centrales nucléaires, 40% moins cher que l'éolien terrestre et 60% moins cher que l'énergie éolienne offshore. Les nouvelles centrales à gaz sont moins coûteuses à construire que tout autre nouvelle unité de production d'autre source d'électricité : moins de la moitié du coût du charbon par MWh, moins du tiers du coût de l'énergie nucléaire, et environ 15% du coût de l'éolien. Les centrales à gaz sont également beaucoup plus rapides à installer que les centrales au charbon ou les centrales nucléaires. Les centrales modernes à gaz à cycle combiné exigent 24 à 28 mois pour leur construction, contre 52 à 58 mois pour les usines de charbon et 54 à 60 mois pour les centrales nucléaires. Ce délai ne prend pas en compte les processus d'autorisation souvent plus longs pour le nucléaire et le charbon. La possibilité d'augmenter rapidement la capacité de gaz est importante. Encore une fois, chaque tonne de CO2 sauvée aujourd'hui aura un impact positif à long terme. - F.N.H. : Comment peut-on améliorer la sécurité de l'utilisation du GNL, surtout au niveau domestique et industriel? - M.B. : La technologie du GNL a été utilisée depuis les années 60 et a démontré sa sécurité et sa fiabilité partout dans le monde. Lorsqu'il est transformé en gaz naturel, il peut être livré aux entreprises et aux ménages par le biais des réseaux de pipelines. En Afrique du Nord, l'Egypte et la Tunisie par exemple, ont étendu leurs réseaux d'alimentation en gaz aux industries et aux zones résidentielles (pour la cuisson et le chauffage). Bien sûr, cela peut être reproduit au Maroc, mais la première étape est de sécuriser les infrastructures d'importation de GNL et d'approvisionnement en GNL diversifié. - F.N.H. : Est-ce qu'il y a possibilité de lancer au Maroc des véhicules circulant au GNL ? - M.B. : L'Amérique du Nord est en train de franchir des étapes afin de pouvoir utiliser directement le GNL comme carburant pour les poids lourds. Toutefois, pour les véhicules légers circulant au gaz naturel compressé (GNC), il est plus facile d'utiliser la technologie du gaz naturel comme carburant. Cela demande une conversion simple des voitures. L'Egypte a une grande flotte de véhicules GNC qui a permis des gains économiques et environnementaux car le gaz naturel est moins cher que les produits pétroliers raffinés et produit moins d'émissions. Pour le Maroc, la première étape est d'assurer la disponibilité du gaz naturel au niveau des terminaux de réception de GNL, suivie par la création d'un réseau de gazoducs ciblant d'abord les centrales électriques, puis les zones industrielles et résidentielles. C'est alors seulement que le GNC pourrait être présenté, car un réseau relativement large de ravitaillement est nécessaire pour assurer la disponibilité du gaz naturel comprimé. - F.N.H. : Quelles sont les principales contraintes de l'option GNL? - M.B. : Il n'y a pas de contraintes autour de la technologie du GNL. Le GNL / Gaz Naturel est abondant, abordable et écologiquement respectueux. C'est un carburant de premier choix ! L'importation de GNL se développe plus rapidement que tous autres hydrocarbures et de nombreux pays mettent en place le GNL comme un moyen flexible et fiable pour assurer leurs besoins en gaz. Dernièrement, le Koweït et Dubaï ont commencé à importer du GNL. Contrairement aux gazoducs, les approvisionnements peuvent provenir de sources diverses et de différentes régions du monde, améliorant la sécurité d'approvisionnement. - F.N.H. : Est-ce qu'il y a une offre spécifique de Shell dans ce domaine? - M.B. : Shell est impliqué dans environ 40% des opérations mondiales de GNL. Shell est la société pétrolière leader dans ce domaine, que ce soit dans la production ou les terminaux de GNL dans le monde entier. Elle est à l'écoute des intervenants marocains pour explorer les moyens d'établir des partenariats avec le Maroc et offrir des solutions adaptées aux besoins du pays en gaz naturel.