* La mondialisation, l'urbanisme et le développement humain vont de pair. Au terme de la réunion du bureau exécutif de l'Union internationale des architectes et de l'assemblée générale de l'Union maghrébine des architectes, toutes deux tenues au Maroc, un colloque international autour du thème : «Mondialisation, urbanisme et développement humain» s'est tenu à Casablanca. Initiée par l'Ordre National des Architectes du Maroc (ONAM), cette rencontre professionnelle a réuni plus de 500 participants du monde entier autour de ce thème d'actualité, surtout au Maroc où de grands projets d'équipement et économiques viennent rebooster le développement économique et, par là, le développement social et humain. Prenant la parole lors de l'inauguration du colloque, Omar Farkhani, président de l'ONAM, a présenté les grands projets constituant les pièces maîtresses dans la stratégie de développement humain voulu par le Maroc, notamment le port Tanger-Med, l'aménagement de la vallée du Bouregreg, l'aménagement touristique de Casablanca et le projet Tamesna destiné à loger 250.000 habitants. Des projets qui se situent au cur même de la problématique traitée par le colloque. Les architectes se sentent d'autant plus concernés par ces projets que ceux-ci ont pour objectif de structurer l'espace des villes et des territoires. Ils sont porteurs d'une valeur ajoutée architecturale et urbanistique indéniable. «Nous attendons à terme les retombées sociales. Pour ce qui concerne l'architecture et le design urbain proprement dits, les projets ne sont qu'à leur début. Les architectes y ont déjà apporté leur contribution, mais le plus gros reste à faire. C'est pour cela que l'INAM a commencé un travail de coopération avec les grands opérateurs de ces projets afin de réfléchir ensemble sur les modalités d'implication des architectes les plus efficaces possibles», ajoute Omar Farkhani. Sur un autre plan, la dimension de développement humain dans l'urbanisme vient d'être dictée par la mondialisation elle-même, à en croire le raisonnement de Gaetan Siew, président de l'UIA. Pour ce dernier, il ne faut pas croire que la mondialisation est un complot politique. Elle n'est qu'un contexte qui évolue dans le temps. D'ailleurs, à ce jour, toujours selon Siew, la mondialisation a été fortement visible à trois reprises. D'abord au milieu du 17ème siècle par la circulation des marchands et de leurs idées ; et une deuxième fois quand une partie de l'Europe renoue avec l'urgence du mouvement des idée. Aujourd'hui, la 3ème manifestation de la mondialisation s'est illustrée par plus de 500 millions de personnes qui peuvent être considérées comme des nomades du travail ou de la politique. Et c'est là justement où mondialisation, urbanisme et développement humain se croisent. Le développement veut qu'un milliard de personnes voyagent chaque année, que ce soit par plaisir ou par obligation, qu'environ 10 millions de personnes s'exilent chaque année, soit plus d'un milliard en 50 ans qui vivront ailleurs que dans leur pays natal. D'un autre côté, parmi eux se trouvent «les nomades de misère» comme les qualifie Gaeton Siew et qui représenteront l'essentiel de l'humanité. L'urbanisme devra donc suivre les besoins de ces populations. Le nombre de nomades vivant au-dessous du seuil de pauvreté était de 2,5 milliards en 2003 et il doublera en 2040. De même que continuera à s'urbaniser un grand nombre de paysans, surtout au Sud plus qu'au Nord, où l'exode se poursuit à très forte tendance. Le président de l'UIA constate que la mise en place d'infrastructures urbaines est loin de suivre la croissance de leurs habitants. Les urbanistes ont vraiment du pain sur la planche.