La banque centrale n'impose pas de limites en matière de dates de valeur. Depuis 2006 et la dématérialisation des chèques, la tendance est à la réduction des délais. La suppression totale des dates de valeur est très intéressante pour les détenteurs de comptes sur carnet. En matière de dates de valeur, la banque centrale ne fixe pas de règle. Tout juste impose-t-elle aux établissements de crédit de publier les jours de valeur appliqués au niveau des agences et sur les relevés bancaires (circulaire de BAM n°3/G/10). Elle laisse ainsi le soin à ces établissements de pratiquer les délais qu'ils souhaitent en faisant jouer la concurrence. Ils ont par la même occasion la possibilité de les négocier directement avec le client. A ce jeu, ce sont souvent les grands comptes qui arrivent à bénéficier de conditions avantageuses. Le principe des dates de valeur trouve sa justification dans les délais de traitement des opérations interbancaires dans les systèmes de place. Dans la littérature bancaire, on apprend aussi qu'il serait un moyen pour la banque de rémunérer les activités de guichet et de caisse qui mobilisent beaucoup de ressources. En 2006, la dématérialisation des chèques initiée par Bank Al-Maghrib avait déjà raccourci considérablement les délais de traitement. Avant cette date, les chèques se voyaient appliquer un décalage de 8 jours, parfois 15 et plus pour les chèques hors place. Suite à cette évolution technologique, Attijariwafa bank avait fait sensation en décidant de ramener à J+2 l'ensemble des opérations bancaires, y compris pour les chèques hors place ou les effets de commerce. A l'époque, Khalid Oudghiri, ancien président d'AWB parlait déjà de «révolution culturelle». D'abord récalcitrantes, voire hostiles, les autres banques se sont résolues par la suite à suivre le mouvement. A la veille de l'annonce de CIH Bank de la suppression totale des dates de valeur, l'ensemble des banques de la place pratiquait j+2 pour les chèques, J+1 pour les versements et J-1 pour les retraits. Des délais que les spécialistes pensaient incompressibles avant que la banque dirigée par Ahmed Rahhou ne démontre le contraire : ce sera J pour toutes les opérations, y compris pour les comptes sur carnet. Pour ces comptes épargne, très prisés par les Marocains, la suppression des dates de valeur constitue un réel avantage pour leurs détenteurs, étant donné qu'il rend caduque la règle de la quinzaine pour le calcul des intérêts. En effet, dans le système classique, si un versement est réalisé entre le 1er et le 15 du mois, la date de valeur sera le 16. Et si ce versement est réalisé entre le 16 et la fin de mois, la date de valeur sera le 1er du mois suivant. Pour les retraits réalisés entre le 1er et le 15, la date de valeur sera fixée au dernier jour du mois précédent. Et si le retrait est effectué entre le 16 et la fin de mois, la date de valeur sera le 15. En décidant de comptabiliser les intérêts des comptes sur carnet le jour du dépôt, CIH Bank fait une belle fleur aux petits épargnants. Reste à savoir si la concurrence lui emboîtera le pas .