Lorsque des importations causent ou menacent de causer un préjudice grave à une production nationale établie ou retardent sensiblement la création d'une production nationale, elles peuvent être soumises notamment à un droit antidumping. Lequel est mis en place s'il est constaté que le prix d'importation est inférieur à sa valeur normale (...). C'est ce que dit la loi n°13-89 relative au commerce extérieur dans son article 15. Les entreprises marocaines abusent-elles des termes de cette loi en formulant des requêtes afin d'être «protégées» par le département de tutelle ? C'est ce que pensent certains opérateurs. Ces deux dernières années, l'on a pu constater, en effet, la multiplication des plaintes pour pratiques anticoncurrentielles : le contreplaqué, l'insuline, le PVC, l'acier sont autant de produits importés qui sont ainsi passés sous les fourches caudines du ministère du Commerce extérieur, au motif d'une concurrence déloyale. Mais si ces mesures satisfont évidemment l'industrie plaignante, voire l'entreprise plaignante, d'autant que les droits antidumping appliqués peuvent parfois aller jusqu'à 30%, elles sont toutefois très mal accueillies par les entreprises importatrices. Et la dernière levée de boucliers en date vient de l'Association marocaine des importateurs et distributeurs de papiers et carton (ADPAC), suite à la mise en application du droit antidumping provisoire sur les importations du papier A4 en provenance du Portugal depuis le 25 avril dernier. En cela, le papier A4 «portugais» est soumis, en sus des droits et taxes en vigueur, à un droit antidumping de 10,6% provisoire pour une période de quatre mois. Une mesure jugée «injustifiée» par les principaux distributeurs du papier A4 produit par le Groupe portugais Portucel Soporcel que sont Dicapa, Mapaf, Buropa, Interpap et Interfer. Quand bien même elle revêt un caractère provisoire, ces opérateurs estiment que «la taxation, qui porte préjudice à la relation commerciale entre Portucel Soporcel et ses partenaires marocains, a un impact néfaste direct sur le secteur et les consommateurs» et «réorienterait les importations vers d'autres origines européennes, sans pour autant régler le problème du fabricant local». Il y a néanmoins un fait constant : à chaque fois que la tutelle sévit pour protéger la production nationale, les importateurs lancent des cris d'orfraie. Mais les autorités doivent-elles être de simples spectatrices face à des pratiques concurrentielles déloyales ? Surtout que le couperet tombe au terme d'une longue enquête de plusieurs mois pour constater qu'il y a effectivement dumping !