De la création de la Somaca en 1960 à l'arrivée des multinationales qui accompagnent l'usine de Renault à Tanger, l'industrie automobile au Maroc change de face. Les équipementiers continuent de miser sur le Maroc avec un engouement sans pareil pour la capitale du Détroit. Avec la stratégie Emergence, le Maroc a focalisé ses efforts de développement industriel sur les filières pour lesquelles le pays possède des avantages compétitifs clairs et exploitables, à travers des programmes de développement dédiés. En effet, pour le secteur automobile, la stratégie du Maroc s'articule autour de trois axes. Concernant l'implantation d'équipementiers de rang 2 et 3, la chaîne de production spécifique à ce secteur s'inscrit dans une logique de globalisation et fait que les équipementiers et constructeurs élargissent leur rayon d'approvisionnement, vers les pays à bas coûts. D'après Tajjedine Bennis, Vice-président de l'Association marocaine pour l'industrie et le commerce de l'automobile (AMICA), «au début, il n'y avait au Maroc que l'activité câblage, petit à petit le secteur s'est organisé. Le constructeur, Renault en l'occurrence, s'est installé au Maroc et les équipementiers l'ont suivi». Par conséquent l'attraction d'un second constructeur majeur pourrait concrétiser le potentiel du Maroc et l'upgrader sur l'échelle mondiale. Dans la même logique, l'implantation de l'assemblage de spécialité (poids lourds, bus, cars, ...) consoliderait davantage les performances du secteur. Cette activité présente également un potentiel compte tenu des atouts du Maroc relativement aux facteurs clés de succès de ce sous-secteur fortement consommateur de main-d'oeuvre pour l'assemblage de petites séries. Valeo, Takata, Snop, Coficab... à Tanger, Saint-Gobain, Feurecia, Fujikura... à Kénitra ou encore Alma Bat, Socafix, Induver... à Casablanca. La liste des équipementiers automobiles est encore longue. Le secteur de la sous-traitance automobile compte à ce jour 150 sites au Maroc totalisant un chiffre d'affaires de 2,6 Mds d'euros et plus de 85.000 emplois créés. Selon les chiffres de l'AMICA, l'activité de câblage électrique se place en tête avec 40 sites de production pour un chiffre d'affaires de 1,5 Md d'euros et 50.000 emplois. Malgré une année 2009 difficile, les exportations du secteur ont progressé de près de 108 % en 4 ans, passant de 1,2 Md d'euros en 2009 à 2,5 Mds en 2012, soit un taux moyen de croissance annuelle de 15%. La dynamique est enclenchée, relayée par l'effet Renault. Avec 220.000 véhicules assemblés en 2013, le Maroc occupe ainsi la 31ème place dans le classement mondial des pays assembleurs de véhicules. Selon les prévisions de l'AMICA, ce chiffre pourrait atteindre 360.000 véhicules en 2017, ce qui hisserait le Maroc à la 19ème place. Des expériences réussies... Dans le cadre de la première édition du salon de la sous-traitance automobile tenue à Tanger du 23 au 25 avril 2014, le fabricant japonais de faisceaux de câbles pour l'automobile, Yazaki, a annoncé la construction d'une troisième usine au Maroc. Elle devrait démarrer avec 800 salariés alors qu'une activité dans un site provisoire a déjà été lancée à Meknès. Le projet nécessitera un investissement global de 20 millions d'euros. Le groupe japonais compte déjà deux sites de production au Maroc, l'un à Tanger et le deuxième à Kénitra, qui emploient chacun plus de 2.500 personnes. Mai 2003 a connu la création de Yazaki Morocco SA avec un capital de 8 millions d'euros et un investissement de 23 millions d'euros. Après 3 ans, le groupe décide d'investir 13 millions d'euros additionnels et fait passer son effectif à 2.500 personnes. Février 2011, le site de Kénitra voit le jour avec un investissement global de 25 millions d'euros et porte l'effectif des deux unités à près de 9.000 personnes. Selon le management du groupe, l'effectif total des trois unités (Tanger, Kénitra et Meknès) dépassera 10.000 personnes. L'expansion au Maroc s'inscrit dans la stratégie de proximité développée par le groupe nippon qui dispose à proximité du marché européen d'une quinzaine de sites de production : Roumanie, Ukraine, Tunisie et Bulgarie. ...et de nouveaux entrants Désormais, l'activité de la sous-traitance monte en gamme et élargit son champ d'action. D'une manière indéniable, les nouveaux entrants sur le marché marocain montent dans la chaîne de valeurs et couvrent des activités telles que l'étanchéité, l'habillage intérieur, la climatisation, les systèmes de sécurité et le vitrage. Dans cette optique, le groupe international Saint-Gobain Sekurit a inauguré le 23 avril dernier sa première usine de vitrage automobile, à Kénitra. Avec cette nouvelle unité de production, Saint-Gobain Sekurit compte accompagner les constructeurs automobiles s'installant dans la zone, notamment Renault à Tanger. Dotée d'un équipement industriel moderne, cette première usine a nécessité un investissement de 14 millions d'euros créant une centaine d'emplois directs. Les équipes ont été formées au sein des usines européennes du groupe puis dans «l'école du verre» implantée dans l'usine de Kénitra. La formation est assurée par les ingénieurs et techniciens du groupe en collaboration avec l'Institut de formation aux métiers de l'industrie de l'automobile (IFMIA) à Kénitra. Outre la sous-traitance automobile, Saint-Gobain est présent au Maroc depuis 1999 à travers l'activité «Abrasifs» à Meknès et Casablanca. En 2013, le groupe a signé un accord de joint-venture avec le producteur marocain de plâtre Moongypse, pour développer conjointement, grâce à Saint-Gobain Place ibérica, des solutions à base de gypse pour le secteur de la construction.