Le projet de réforme de la Bourse de Casablanca semble emporter l'adhésion de tous les intervenants du marché. Conditions allégées, coût adapté, partenariats, communication, prospection : la Bourse ne ménage pas ses efforts pour séduire les PME. Les investisseurs sont également ciblés avec la cotation de fonds dédiés. Le projet de loi n°19-14 relatif à la réforme de la Bourse de Casablanca est, comme nous vous l'annoncions dans un précédent article, entre les mains du Secrétariat général du gouvernement (SGG). Ce projet qui comporte des modifications majeures susceptibles de redonner un nouvel élan à la Bourse des valeurs de Casablanca (BVC), en phase avec ses ambitions africaines, semble faire l'unanimité. Que ce soit au niveau des pouvoirs publics, plus précisément de la Direction du trésor et des finances extérieures (DTFE), véritable coordinateur et architecte du projet, ou au niveau des intervenants du marché, et de la société gestionnaire de la Bourse en particulier, tout le monde s'accorde à dire que ce texte de loi est satisfaisant. C'est ce que nous a confié une source officielle à la BVC : «Ce projet de loi répond aux attentes de la Bourse de Casablanca car, d'une part, il nous donnera plus de latitude pour développer le marché à travers l'introduction de nouveaux produits et marchés. Et d'autre part, nous conférera plus de flexibilité dans l'innovation des produits, grâce à la réduction des délais d'approbation». La même source ajoute que «ce projet a été élaboré en concertation avec les intervenants du marché», ce qui lui confère, à l'évidence, une certaine légitimité. Et qui dit légitimité, dit confiance. L'un des objectifs primordiaux de ce projet de loi est bien entendu la place réservée aux PME. La volonté de leur réserver un compartiment dédié est en effet l'une des dispositions phares du projet de loi. Des interrogations subsistaient néanmoins sur la capacité de ces PME à se soumettre aux exigences en termes d'obligations et de coûts qu'impliquerait pour elles une introduction en Bourse. A ce propos, notre source tient à rappeler que «les conditions et coûts d'admission pour les PME sont déjà réduits, et ce depuis la réforme de 2004». Tout comme la DTFE rappelle qu'au niveau de la Loi de Finances 2013, «des incitations fiscales ont été introduites et qui concernent l'ensemble des entreprises, y compris les PME». Néanmoins, malgré ces incitations il faudra faire plus pour orienter les PME vers le marché de capitaux. D'où l'idée de mettre en place tout un écosystème favorable, et de les accompagner de façon régulière. Ainsi, toujours selon notre source, il s'agit de «créer un environnement favorable à la cotation des PME avec un marché distinct, mais également des opérateurs (en conseil) qui les accompagneront dans leur vie en bourse». Voilà pour le cadre. 182 entreprises démarchées Mais le plus dur reste à faire, à savoir attirer les PME et les convaincre des bienfaits d'une cotation. Pour ce faire, notre source officielle explique que la Bourse est très active dans ce domaine et multiplie les campagnes de prospection: «chaque année, nous mettons en oeuvre un programme de prospection des entreprises cotables à travers le Maroc, qu'elles soient grandes ou petites. Mais comme les PME constituent 95% du tissu économique national, nous avons renforcé ce programme par la réalisation de partenariats avec de nombreux organismes, tels que les CRI et la CGEM». Cette approche de terrain a pour but de «mettre en place des actions communes qui favoriseraient la proximité avec les entreprises marocaines, notamment les PME». A ce titre, la Bourse de Casablanca affirme avoir «démarché 182 entreprises au cours de l'année 2013». Enfin, le volet communication a également une grande importance puisque d'après notre interlocuteur, «la Bourse de Casablanca a développé une communication orientée vers les PME dans des supports spécialisés et sectoriels». Avant d'ajouter : «Nous travaillons également avec nos partenaires pour adapter notre offre aux besoins spécifiques des PME ». Difficile de se prononcer sur l'efficacité de ces mesures pour l'instant. Les premières introductions boursières de PME dans l'année qui suivra l'adoption définitive du projet de loi, apporteront les premiers éléments de réponse et nous renseigneront sur la pertinence de cette stratégie. L'autre sujet de préoccupation des opérateurs de la Bourse de Casablanca concerne la liquidité. Notre source précise que «les Exchange-traded founds (ETF) sont un moyen, parmi d'autres, pour améliorer la liquidité». Ces ETF ne sont donc pas la seule réponse à cette lacune structurelle de la Bourse, loin s'en faut. En effet, selon lui : «le projet de loi sur la Bourse de Casablanca est bien plus large, car il permettra de coter tout type de fonds en fonction des besoins (fonds de projets touristiques, d'infrastructures, etc...). Cela permettra de financer l'économie du pays et de répondre aux attentes des investisseurs».