Driss El Azami El Idrissi, ministre chargé du Budget, dresse le bilan de son récent déplacement à Washington dans le cadre des réunions du printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Ce rendez-vous annuel constituait l'occasion pour lui de mettre en relief, devant la communauté internationale, la nette dynamique de progrès des indicateurs macroéconomiques du Royaume. Le ministre affirme sans ambages que ces institutions soutiennent le pays en fonction des priorités qu'il fixe, évacuant ainsi les soupçons de diktat de celles-ci, largement ancrés dans une frange de l'opinion publique. Enfin, Driss El Azami explique dans quel cadre est concrètement noué le partenariat entre le Maroc et ces deux institutions financières et l'effet de levier qu'il constitue. Finances News Hebdo : Quel bilan pouvez-vous dresser de votre récent déplacement à Washington pour les réunions du printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international en compagnie de Mohamed El Ouafa, ministre chargé des Affaires générales et de la Gouvernance ? Driss El Azami El Idrissi : Pour nous le bilan est très positif, dans la mesure où ces réunions nous ont permis de partager avec la communauté et les institutions financières internationales, les résultats réalisés et les réformes engagées par le Maroc pour renforcer les équilibres macroéconomiques et consolider les bases d'une croissance forte et inclusive. Il s'agit aussi de mettre en avant les différentes stratégies de développement et, en particulier, la nouvelle stratégie d'accélération industrielle, présentée récemment devant Sa Majesté le Roi, pour permettre au Maroc de passer vers un nouveau palier de croissance et d'emploi. Cela nous a permis de partager les résultats concrets réalisés dans ce sens, avec une amélioration de la croissance pour atteindre 4,5% en 2013 contre 2,7% en 2012 et en termes de réduction du déficit budgétaire et du déficit du compte courant de la balance des paiements, ce qui s'est traduit par une amélioration de plus de 2% du PIB entre 2012 et 2013. Ces réformes et les résultats encourageants qui en découlent ont été salués par nos partenaires et par nos pairs, qui soutiennent les efforts consentis par notre pays pour réduire les vulnérabilités internes et externes et pour promouvoir la compétitivité, la croissance et l'emploi dans notre pays. F.N.H. : Que représentent aujourd'hui pour le Maroc ces deux institutions de Bretton-Woods parfois décriées par certains observateurs qui jugent que leur politique économique et financière est imposée aux pays en développement ? D.E.A.E.I : Il est important de souligner que nos relations avec ces institutions sont des relations de coopération et de confiance. Elles s'inscrivent dans le cadre des stratégies et des priorités établies par notre pays, ainsi que des besoins exprimés en termes d'accompagnement des différentes réformes, programmes et projets qui en découlent et qui ont pour but d'améliorer la compétitivité de notre pays et l'accès des citoyens à des services de meilleure qualité. Notre pays est un partenaire respecté qui offre à ses partenaires la visibilité nécessaire dans la mesure où il dispose de fondamentaux solides, de programmes de réformes clairs et de stratégies de développement économique et social concertés et ambitieux dans différents domaines. Cette visibilité et notre capacité avérée de réalisation et de concrétisation de ces stratégies et les résultats tangibles réalisés en la matière facilitent la coopération avec nos partenaires, participent à son efficacité et garantissent ses performances et son impact positif sur les citoyens. F.N.H. : Quelles sont concrètement les relations que le Maroc entretient avec ces deux institutions ? D.E.A.E.I : La concrétisation des relations de coopération avec la Banque mondiale s'effectue dans un cadre de partenariat pluriannuel, qui est l'aboutissement d'une longue démarche de concertation en vue de fixer les axes de notre coopération dans les domaines qui s'alignent sur les politiques et priorités établies par le Maroc. Concrètement, l'importance, la qualité et la diversité des relations de notre coopération avec la Banque mondiale peuvent être appréciées à travers le niveau de moyens mobilisés et sa contribution au financement des grands programmes de réformes initiés par notre pays. Programmes qui concernent le secteur financier, l'appui à la bonne gouvernance, la croissance verte, la compétitivité, l'adéquation formation/emploi ainsi que les projets d'alimentation en eau potable, d'électrification rurale, de routes rurales, de la santé, de l'éducation et des énergies renouvelables. Comme vous pouvez le constater, ce sont des projets qui répondent à des besoins concrets et en parfaite adéquation avec la stratégie de développement de notre pays. En ce qui concerne notre relation avec le FMI et en vertu de l'article IV de ses statuts, et à l'instar de tous les autres pays membres de cette institution, des missions de consultations sont menées pour discuter ensemble de l'évolution de la situation économique et financière, ses perspectives ainsi que les politiques et réformes en cours de mise en oeuvre par notre pays. Ces consultations font l'objet d'un rapport soumis au conseil d'administration du Fonds, qui relate les perspectives d'évolution de l'économie et les recommandations visant à promouvoir la croissance, l'emploi et la maitrise des équilibres macroéconomiques, tout en reflétant les choix stratégiques de notre pays en matière de politiques économiques et sociales. Par ailleurs, et dans le cadre des nouveaux instruments de financement mis en place par le FMI pour faire face aux répercussions de la crise économique et financière mondiale, le Maroc a recouru en 2012 à la Ligne de Précaution et de Liquidité (LPL) destinée aux pays qui disposent de fondamentaux économiques et financiers solides pour faire face, à titre de précaution, à d'éventuels chocs exogènes et pour appuyer les réformes et les politiques économiques et sociales conduites par notre pays. F.N.H. : En quoi le financement de ces institutions de Bretton-Woods constitue-t-il un effet de levier pour le développement du Royaume ? D.E.A.E.I : Comme vous le savez, les financements de la Banque mondiale, en sa qualité de banque de développement, viennent appuyer les programmes de réduction de l'extrême pauvreté et de promotion de la croissance inclusive. Les projets de développement appuyés par la Banque mondiale au Maroc s'inscrivent dans cette logique et ont un impact positif certain à la fois sur les plans économique, social et environnemental. Ils ont également un effet de levier important pour le développement, en soutenant les efforts déployés par notre pays, notamment en ce qui concerne la réalisation d'une croissance inclusive et créatrice d'emplois, l'amélioration de la compétitivité de notre économie, la réduction des disparités sociales et le perfectionnement de sa résilience aux changements climatiques.